Avec une mise de 8 millions d’euros de l’Etat marocain, 1 directeur général, 8 conseillers en formation et 32 formateurs, l’Institut de formation aux métiers de l’automobile (IFMIA) mitoyen de l’usine Renault Tanger-Med( RTM) a formé plus de 4.500 jeunes depuis la mi-2011.

Ouvert en mars 2011, l’IFMIA constitue la pépinière des ouvriers et techniciens de la plus grande usine Renault d’Afrique depuis cette semaine. «C’est une usine en plus petit, dimensionnée pour les besoins en compétences du constructeur. En termes de savoir-faire,  nous avons commencé là où Renault était en 2010», signale Moulay Youssef Sbai, directeur de l’Institut, à Médias 24.

10 métiers, un taux de réussite flatteur

Avant d’arriver à l’IFMIA, les candidats d’un niveau bac, jusqu’à bac+2 en moyenne passent tout d’abord par le département du recrutement.

Une fois que celui-ci décide du recrutement après notamment des tests en maths et en français, des tests de personnalité et de dextérité, les candidats vont être conseillés et orientés pour choisir une spécialité industrielle : peinture ou tôlerie par exemple, soudure, maintenance, logistique, qualité, montage ou emboutissage.

Une session de formation à l’IFMIA dure 4 semaines durant lesquelles les promotions, entre 200 et 250 jeunes à chaque fois, vont passer une semaine sur la dextérité, une autre sur le métier choisi, une sur les techniques du métier et son perfectionnement et enfin une dernière semaine sur l’acquisition des méthodes de base et des valeurs au travail de l’APW, l’Alliance Production Way.

En général, indique le directeur de l’IFMIA Moulay Youssef Sbai à Médias 24, «les candidats qui entrent, réussissent. Sur près de 5.000 candidatures acceptées jusqu’à présent, moins de 35 ont quitté avant de finir leur formation».

Après la formation qui dure 4 semaines à l’IFMIA, le futur salarié de Renault, en fait doté d’un premier contrat CDI dès son acceptation à la formation IFMIA qui est rémunéré, ira suivre un stage en usine, suivi par un parrain.

Une usine en plus petit

L’IFMIA, un bâtiment de 5.600 m2 sur 3 étages dispose d’espaces et de salles pour manipuler un chariot-élévateur, tout comme pour apprendre à câbler, à peindre ou à écouter une leçon sur les consignes de sécurité.

Dans une première salle, on trouve tout d’abord une voiture, une Renault Scénic, pratiquement découpée en 2 qui permet au futur ouvrier et technicien de visualiser les entrailles d’un véhicule : Les mousses des sièges, les fils électriques sous le tableau de bord ou les fusibles du tableau électrique.

Sur les murs des salles, des horloges «spéciales» ont des aiguilles qui tournent pour indiquer si l’opération effectuée par l’ouvrier l’est dans les temps, mieux que dans la norme, ou moins.

L’IFMIA est dans les faits une alliance entre le savoir-faire accumulé par Renault depuis que la firme au losange fabrique des automobiles et un financement public pour encourager un investisseur, acquérir un savoir-faire et créer de l’emploi qualifié.

Une pure opération gagnant-gagnant dont les résultats et les enseignements … gagneraient à être plus largement connus et diffusés en ces temps de souci avec le chômage des jeunes et notre système éducatif..

Car l’IFMIA qui transmet les savoir-faire selon le principe japonais duI do, we do, you do, «Je fais, nous faisons, tu fais», est un concentré d’efficacité soutenu par le SPR local, le Système de production Renault affiné depuis un siècle au gré des nouveaux modèles, des nouvelles usines et des nouvelles méthodes de production et de management industriels.  La devise du lieu est : «Sécurité, qualité et environnement».

A l’IFMIA, on apprend également «les principes d’économie de mouvements» pour visser en 10 secondes ce qui doit l’être en 10, ou déplacer une palette dans les temps. La productivité de l’usine et la compétitivité des automobiles sont à ce prix.   C’est comme ça que l’usine a été choisie par le groupe pour y monter la X52, la Sandéro. C’est là qu’ont été formés tous les ouvriers et techniciens de Renault Tanger-Med –l’usine d’à côté-, mais aussi les techniciens de certains fournisseurs tels que SNOP ou Valéo installés à la Tanger Free Zone.

Fierté

Selon Mohamed Merhaoui, jeune conseiller en formation passé par le lycée public marocain et l’université française, «l’IFMIA a  fourni plus d’un million d’heures de formation depuis son démarrage en mars 2011 dont plus de 320.000 heures entre janvier et septembre 2013!».

Moulay Youssef Sbai et Mohamed Merhaoui ne cachent pas leur fierté du travail accompli. «L’IFMIA forme les ouvriers et techniciens de la X52 » indique le directeur, comprendre la Sandéro pour la 2^ème ligne de l’usine Renault inaugurée cette semaine en présence du ministre Abdelkader Amara et du DG Renault Maroc Jacques Prost.

Enfin, après avoir formé plus de 4.500 jeunes Marocains, l’IFMIA exporte maintenant son savoir-faire : en Roumanie, mais également en France, au Global Training Center de Renault. Une forme de consécration.

L’autre bonne nouvelle de l’histoire du tout jeune IFMIA, est qu’il n’est pas tout seul. Au moment où l’Etat lançait l’institut de Renault Tanger-Med en 2008, il lançait également le même projet à Casablanca à Ain Sebaâ et à Kénitra. Ceux-ci sont opérationnels depuis cette année, en attendant l’ouverture d’un 4^ème institut à la Tanger Free Zone.

Comment entrer à l’IFMIA

Si l’accès à l’IFMIA est ouvert aux jeunes et jeunes femmes âgés de 18 ans et plus avec au minimum un niveau, il faut parfois un niveau bac+2 pour certains postes. Ainsi un futur tôlier aura un bac et une qualification de l’ITA, l’Institut de Technologie Appliquée, soit un bac +2.

L’information sur chaque poste et les compétences requises se trouvent dans les fiches de poste que l’on peut retirer à l’ANAPEC ou chez Manpower et consorts.

Fiches de postes

Pour présenter leur candidature, les futurs candidats doivent obligatoirement passer soit par l’ANAPEC soit les agences de recrutement telles que Manpower, Tectra ou Crit.

L’ANAPEC et ces agences, à leur tour, mettent des annonces dans la presse ou sur un site tel que rekrute.com. Une première sélection est effectuée à ce niveau. Une deuxième aura lieu chez l’employeur, Renault.

Au début du projet de l’IFMIA et de Renault Tanger-Med, des caravanes de recrutement faisaient des escales dans les villes ou participaient aux salons de l’emploi. « Aujourd’hui cela ne se fait plus », nous signale-t-on.

Il n’existe pas de recrutement spontané auprès de l’IFMIA puisque le recrutement se fait d’abord par le service RH de Renault qui recrute les futurs salariés qui vont aller suivre une formation obligatoire et rémunéré.

Enfin, à la question de savoir si l’IFMIA de Tanger ne recrute que des jeunes du Nord par exemple, ou si celui de Casa ne recrute que des bidaouis, «la question ne se pose pas» répond un cadre de l’IFMIA. «Si le candidat est compétent, il peut postuler là où il veut», sachant que Renault dispose de deux sites de production au Maroc, celui de Tanger, et la SOMACA à Ain Sebaâ.