Enseignement: les messages sans langue de bois du colloque de Casablanca

La première journée du colloque sur l'éducation à la fondation Al Saoud fut riche en interventions de qualité. Cet événement ouvre la voie à une réflexion nécessaire pour dresser un état des lieux du système éducatif du Maroc.  

Enseignement: les messages sans langue de bois du colloque de Casablanca

Le 5 octobre 2013 à 9h06

Modifié 5 octobre 2013 à 9h06

La première journée du colloque sur l'éducation à la fondation Al Saoud fut riche en interventions de qualité. Cet événement ouvre la voie à une réflexion nécessaire pour dresser un état des lieux du système éducatif du Maroc.  

Les intervenants du premier jour sont unanimes sur le fait que l’école publique est en pleine déliquescence. Véritable usine à gaz qui produit chaque année bien plus de chômeurs que de jeunes en phase avec le marché de l’emploi, le «Mammouth marocain» qui engloutit beaucoup d’argent public est pourtant déficient.

Déliquescence, usine à chômeurs

En réactivant le Conseil Supérieur de l’Enseignement, le Roi a par l’entremise de Omar Azziman voulu revaloriser le rôle de l’Education Nationale et ainsi faire face à sa défaillance.

Interrogé sur ce sujet, le président du CSE mesure tout à fait l’ampleur de la tâche qui lui a été confiée. Fidèle à lui-même, M. Azziman se veut optimiste tout en restant honnête sur le délabrement actuel de l’EN: «Le CSE n’a pas de baguette magique mais du temps pour poser un diagnostic et élaborer des propositions concrètes».

Délabrement, immense gâchis, instrumentalisation politicienne

Le Conseil qu’il préside n’a cependant pas vocation à se substituer au ministère de l’Education Nationale seul habilité à prendre les mesures nécessaires pour remédier à cet énorme gâchis.                                                                                                         

Les anciens ministres qui se sont succédés à la tribune ont chacun leur version des faits. Certains déplorent, à juste titre, le manque de cohérence politique entre les ministres en exercice qui se succèdent. D’autres pensent que  le temps pour exécuter  leur programme ministériel est trop court. Chacun y va de sa petite analyse, mais l’impression qui domine est le manque de stabilité dans la politique de l’EN.

Le Roi ne s’y est pas trompé en secouant le landerneau politique dans son discours du 20 août dernier et le gouvernement actuel a été vertement tancé par le Chef de l’Etat.

Le sentiment que les partis politiques ont instrumentalisé ce dossier pour faire de la politique politicienne prédomine. Depuis l’instauration de l’arabisation par l’Istiqlal, le système éducatif marocain produit des étudiants qui ne maitrisent ni l’arabe ni le français. Un pur bonheur pour les recruteurs.

L’enseignant qui est un acteur central de l’échiquier en a aussi pris pour son grade.

On devient enseignant parce qu'on ne peut faire autrement 

Selon un spécialiste marocain de la Banque Mondiale, «au Maroc,  il y a peu de motivation pour devenir enseignant, on le devient pour la sécurité de l’emploi ou parce que l’on n’a pas pu devenir médecin ou avocat». Lapidaire comme analyse mais pas complètement fausse.

Quand on connait les conditions de vie d’un instituteur envoyé à l’autre bout du pays pour enseigner dans des conditions misérables, on se dit que ce n’est pas l’abnégation qui motive ces personnes mais tout simplement le fait qu’elles n’ont pas d’autre choix. Cela se ressent bien évidemment sur la qualité de l’enseignement. La Fondation Mohammed VI des œuvres sociales des enseignants tâche de régler les problèmes logistiques de ces messagers de l’éducation; la tâche est énorme.

L’enseignant n’est pas le seul à porter le fardeau de l’échec scolaire au Maroc. Les contenus des programmes et en particulier les langues d’enseignement font l’objet d’un débat pour entrer de plain pied dans la modernité. 

Pour comprendre le monde qui nous entoure, il faut savoir communiquer et pour cela pas de secret, il faut maîtriser les langues étrangères. Les patrons d’entreprises présents n’ont pas arrêté de dénoncer l’inadéquation des profils des candidats au marché du travail.

Que penser de tels problèmes structurels alors que l’EN absorbe 27% du budget de l’Etat?  

Ces énormes dépenses ne nous empêchent pas d’être à la traine de l’Algérie et de la Tunisie en termes d’analphabétisme pour ne parler que du Maghreb.

Où passe tout cet argent alors que les classes de primaire comptent entre 50 et 60 écoliers par classe, la norme internationale étant de 25 au grand maximum?

L’initiative d’un tel colloque est plus que louable car cela veut dire que la société civile s’organise pour trouver des solutions à la faillite de l’EN mais que penser de l’absence du débat du vrai décisionnaire à savoir le ministre de l’Education Nationale?


 

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