Vit-on déjà dans ce monde totalitaire qu’avait imaginé George Orwell ? Où chacun de vos faits et gestes est guetté, analysé, archivé ? La police de la planète, c’est la NSA, l’agence de renseignement américaine spécialisée dans la surveillance électronique et téléphonique. Et l’outil s’appelle XKeyscore, un nom digne des films de science-fiction les plus glauques.

 

C’est en tout cas ce que vient de révéler le journal britannique The Guardian, s'appuyant sur des documents fournis par le célèbre informaticien Edward Snowden. Ce dernier avait, en Juin 2013, fait éclater au grand jour le scandale de la surveillance électronique des agences de renseignement américaines, notamment le CIA et la NSA. On appelle ce programme le DNI pour Digital Network Intelligence.

 

D'après the Guardian, qui a publié le 31 Juillet une longue analyse du nouvel outil, XKeyscore couvre «approximativement tout ce qu’un utilisateur peut faire sur internet». Cela inclut les mails, les recherches sur internet, les sites visités, les commentaires sur Facebook... Une masse d’information vertigineuse.

Toujours selon The Guardian, qui s’appuie notamment sur le document de présentation de l’outil distribué aux agents de la NSA, les données sont stockées dans 700 serveurs répartis sur 150 pays. Dans certains sites, explique le document, la quantité de données reçue par jour est supérieure à 20 téraoctets (1 Téraoctet =  mille milliards d’octets). Ces données sont conservées pendant 24 heures. Les métadonnées étant conservées plus longtemps, soit trente jours.

 

Le document de présentation se vante même du fait, qu’en 2008, 300 terroristes ont été capturés grâce à la technologie XKeyscore. Terroriste ou pas, vous n’échapperez pas à l’oeil de la providence. C’est ainsi qu’Edward Snowden, dans une interview accordée au journal anglais le 10 juin, avait déclaré : «Assis dans mon bureau, je peux surveiller n'importe qui, de vous ou votre comptable, jusqu’au juge fédéral ou même le président des États-Unis si j’ai son mail personnel».

 

Jusque-là, Edward Snowden n’avait révélé que l’outil Prism, qui permet au renseignement américain d’aller piocher directement dans les serveurs des entreprises internet, telles Facebook ou Google, les données concernant un suspect.

 

Mais XKeyscore semble beaucoup plus puissant que son analogue. Les analystes qui travaillent sur l’outil peuvent retrouver n’importe qui sans avoir recours à son adresse mail ou à son profil Facebook, un numéro de téléphone, l’adresse d’un site, un mot-clé, une adresse IP ou même une langue suffisent.

Les analystes arrivent ainsi à intercepter «en temps réel» les activités sur internet d’un individu, affirme The Guardian.

 

Le rôle des analystes est d’isoler les comportements jugés suspects ou anormaux. Mais, avec un outil si puissant entre les mains, en feront-ils toujours bon usage ? «C’est très rare qu’on nous interroge sur nos recherches» déclare Edward Snowden au Guardian.

 

En réponse aux nouvelles révélations du Guardian, le général Keith Alexander, directeur de la NSA, a défendu sa stratégie de surveillance dans une allocution le mercredi 31 Juillet à l’occasion de la conférence des Hackers à Las Vegas.

«Notre job est de défendre notre pays, sauver des vies, supporter nos troupes au combat» a-t-il déclaré. «C’est notre responsabilité de fournir les informations dont ils ont besoin pour survivre et pourchasser l’ennemi».

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