Turquie: les opposants refusent de déposer les armes

Les derniers irréductibles qui occupent le parc Gezi d'Istanbul, d'où est parti un mouvement sans précédent de contestation populaire du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé samedi leur refus de partir malgré les concessions du pouvoir.    

Turquie: les opposants refusent de déposer les armes

Le 15 juin 2013 à 13h38

Modifié 15 juin 2013 à 13h38

Les derniers irréductibles qui occupent le parc Gezi d'Istanbul, d'où est parti un mouvement sans précédent de contestation populaire du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé samedi leur refus de partir malgré les concessions du pouvoir.    

Après plus de deux semaines de fronde à Istanbul, Ankara, et dans plusieurs villes de Turquie, le collectif Solidarité Taksim, qui chapeaute les manifestants, a annoncé la poursuite du mouvement de «résistance». «Nous allons poursuivre notre résistance contre toute injustice dans notre pays (...) Ce n'est qu'un début, notre lutte se poursuivra!», indique le collectif dans un communiqué. «Aujourd'hui nous sommes bien plus forts, organisés et optimistes qu'il y a 18 jours», lorsqu'un petit groupe de militants écologistes avait commencé à camper dans le parc pour s'opposer au projet d'aménagement des autorités, souligne Solidarité Taksim après une nuit de débats entre les occupants.

Les manifestants estiment par ailleurs que le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir depuis 2002, «a perdu sa légitimité aux yeux de la presse nationale et internationale (...) par ses efforts pour diviser et provoquer la résistance» sur la place emblématique de Taksim. Le Premier ministre, principale cible des manifestants qui l'accusent d'autoritarisme et de vouloir «islamiser» la Turquie laïque, avait promis de ne pas toucher au parc tant que la justice suivait son cours, un geste d'apaisement qui n'a donc pas suffi. Toute la nuit et encore samedi matin, les protestataires - plusieurs centaines d'irréductibles - qui avaient engagé le bras de fer le 31 mai, ont débattu, divisés en groupes de discussion, à propos des concessions du régime. «Nous ne partirons pas. Pourquoi le ferions-nous au point où nous en sommes?», demandait Mustafa, 43 ans. «Nous avons beaucoup souffert, il n'y a pas de retour en arrière possible», ajoute-t-il en évoquant les manifestants blessés par la police. «Nous restons dans le camp parce que nos demandes n'ont pas été satisfaites par le gouvernement», explique Ata, futur docteur en mathématiques.

La Turquie a connu sa plus grave crise politique

L'AKP organise samedi à Ankara et dimanche à Istanbul deux meetings électoraux avec en ligne de mire les élections municipales de 2014. Mais pour les manifestants, le but du Premier ministre est tout autre. «Il veut montrer son pouvoir pour nous intimider, nous menacer. Mais c'est précisément pourquoi nous sommes là, c'est tout le problème», ajoute Ata en référence aux penchants autocratiques, selon les manifestants, du dirigeant turc au pouvoir depuis 11 ans. «Rien ne sera plus jamais comme avant en Turquie», après ces deux semaines de prise de parole, de liberté, dit Ata. Nuits blanches dans le parc Gezi, affrontements violents réprimés à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, arrestations de centaines de manifestants rapidement relâchés, près de 7.500 blessés à travers le pays, quatre morts: la Turquie a connu sa plus grave crise politique de l'ère Erdogan.

La crise a mis en lumière la cohabitation de deux modèles: une Turquie conservatrice et majoritaire, des pauvres et des campagnes, et une Turquie laïque, urbaine, occidentalisée, qui accuse l'AKP de vouloir islamiser la société. Le chef du gouvernement avait fait des concessions en trompe-l'oeil dans la nuit de jeudi à vendredi en promettant à une délégation de représentants de la société civile, dont deux porte-parole de la contestation, de ne pas toucher au parc tant que la justice n'aurait pas statué. Mais le processus juridique pourrait prendre des mois alors que le gouvernement a fait appel de la décision rendue le 31 mai par un tribunal administratif de suspendre l'aménagement du parc. M. Erdogan a par ailleurs répété qu'il organiserait un référendum municipal sur l'avenir du parc. Délaissant le ton menaçant de l'ultimatum qu'il leur avait adressé auparavant, le Premier ministre a prié le dernier carré de manifestants qui occupent le parc de vider les lieux d'ici vendredi soir. Il n'a pas été entendu. Parallèlement, les policiers antiémeutes ont dispersé dans la nuit de vendredi à samedi à coups de gaz lacrymogènes les manifestants rassemblés à Ankara. Plus de trente protestataires ont été arrêtés, selon la chaîne de télévision turque NTV. Les brutalités policières et l'intransigeance de M. Erdogan face aux protestataires lui ont valu de nombreuses critiques et terni son image à l'étranger, notamment auprès des Etats-Unis et des pays de l'Union européenne.


 

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