Les Marocains se mettent au chinois

C’est connu ! Les Marocains sont des fervents des langues étrangères : français, anglais, espagnol, allemand, italien et même turc. Mais, il y a quelques années, ils se sont mis au chinois. C’est la langue à la mode.  

Les Marocains se mettent au chinois

Le 15 juin 2013 à 12h19

Modifié 15 juin 2013 à 12h19

C’est connu ! Les Marocains sont des fervents des langues étrangères : français, anglais, espagnol, allemand, italien et même turc. Mais, il y a quelques années, ils se sont mis au chinois. C’est la langue à la mode.  

Le mandarin est de plus en plus enseigné au Maroc, non seulement dans les écoles privées, mais aussi dans les universités. Le premier institut Confucius au Maroc a démarré début 2009. Fruit d’un partenariat entre l’université Mohammed V Agdal et l’université des Etudes internationales de Pékin, l’institut compte aujourd’hui plus de 200 inscrits entre étudiants, élèves, hommes d’affaires, fonctionnaires et employés.

Avec 10 groupes et trois niveaux, les étudiants suivent des cours à hauteur de 4 heures par semaine. Mais l’enseignement ne se limite pas au cours de langue, il y a des activités qui tournent autour de la culture chinoise, tels que les chants, la poésie, le tai-chi-chuan et des cours d’arts culinaires.

«Nous essayons de nous aligner sur tous ce qui s’organise à l’international par le Hanban (Commission nationale pour la promotion de la langue chinoise), notamment le HSK (diplôme officiel de Pékin qui correspond au Toefl et Selectividad). La participation de nos étudiants est de plus en plus importante. Ils sont classés parmi les premiers à l’échelle mondiale», nous explique Mohammed Salhi, directeur de l’Institut Confucius de Rabat et vice doyen en charge des études supérieures, de la recherche scientifique et de la coopération à la Faculté de lettres et sciences humaines de Rabat.

En plus de la formation dispensée par l’Institut, la Faculté de lettres, en partenariat avec le ministère de l’Enseignement, ont créé cette année une licence d’études chinoises.

«L’accès à la filière n’est pas ouvert à tous. Faute d’encadrants, nous avons démarré avec seulement 20 étudiants. Même chose pour la rentrée prochaine. Car même si nous avons reçu des promesses de recevoir plus de professeurs de Pékin, nous ne pouvons pas inscrire plus d’étudiants du fait que la filière est très dense et très spécialisée et les professeurs ne sont pas nombreux», ajoute-t-il.

Un engouement pour la langue qui fait face à la non-disponibilité des professeurs

En effet, l’enseignement de la langue chinoise se trouve face à la problématique de disponibilité des professeurs. L’université a fait la demande auprès de l’université internationale à Pékin pour recevoir du renfort. En outre, «ses professeurs doivent maîtriser une autre langue, l’arabe classique, le français ou l’anglais pour pouvoir communiquer avec les étudiants marocains». En 2015, le Maroc verra ses premiers licenciés en études chinoises.

En guise de promotion de la langue et d’encouragement des étudiants, chaque année, l’Institut offre des bourses d’études à six étudiants qui peuvent aller de 6 mois à un an ou au delà de 3 ans. Cette dernière est destinée aux lauréats qui s’engagent à revenir au Maroc et enseigner la langue chinoise. «Nous avons actuellement des étudiants qui ont eu leur master et préparent en ce moment leurs doctorats. En revenant, il auront le statut de professeurs de chinois à l’Institut, là où ils étaient formés».  

Les frais : à partir de 200 DH par an

Ils sont de 200 DH par an (y compris les manuels, les CD, les repas, les activités culturelles…) pour les étudiants de l’université Mohammed V Agdal, 300 DH par an pour les étudiants des autres universités (et lycéens) et 1.500 DH par an pour les employés et fonctionnaires.

En 2012, l’université Hassan II, faculté des lettres et sciences humaines Aïn Chock a donné naissance au deuxième institut Confucius au Maroc. L’ambassade chinoise au Maroc compte ouvrir d’autres instituts. La demande a été faite par les universités d’Agadir, de Fès et de Marrakech.

Le chinois… c’est du chinois !

«Est-ce que je parle chinois ?!». Une expression très répandue chez les Marocains est utilisée au moment où l’interlocuteur ne comprend pas le message du locuteur. Le chinois est donc synonyme de langage difficile et inaccessible à autrui.

«C’est la nature du Marocain. Je crois que nous optons tous pour la diversité, deux langues ou même trois ne sont plus suffisantes. Apprendre aujourd’hui le chinoise ou même le japonais est d’une grande importance : le 21e siècle est un siècle asiatique par excellence, et la Chine est en tête du peloton. On dit bien que «quand la Chine se réveillera, la terre tremblera !», argumente M. Salhi.   

Le chinois, c’est pour les affaires et pour l'aventure

«J’étudie cette langue car je suis une passionnée de la culture chinoise. Je m’habille et je mange chinois !», témoigne une étudiante à la faculté à Casablanca. Pour d’autres, c’est le contexte économique qui les a poussés à l’étudier, notamment les hommes d’affaires. Ou encore, par simple curiosité comme nous témoigne ce jeune homme : «J’ai fini mes études il y a plusieurs années. Je prends des cours de chinois parce que cela attise ma curiosité, j’ai envie de découvrir cette culture impressionnante».  

Par ailleurs, l’intérêt est aussi réciproque. En 2012 et 2013, l’université Mohammed V Agdal a reçu une vingtaine d’universités de Pékin et de Shanghai pour faire de la publicité auprès des étudiants marocains et les pousser à poursuivre leurs études en Chine. Ces universités sont prêtes à offrir des bourses d’études intéressantes rien que pour faire rayonner la langue et la culture chinoises à travers le monde !

Perspectives professionnelles

Pour les étudiants de la filière (licence), ils ont la possibilité d’enseigner le chinois aussi bien à l’université que dans le privé notamment. Il y a également le tourisme. «L’Office national marocain du tourisme est en train de développer une stratégie nationale pour faire connaître le produit marocain en Chine. Dernièrement, l’Office a ramené une quinzaine d’agences de voyages chinoises qui ont visité le Maroc», nous informe M. Salhi.

Il faut jouter à cela les entreprises chinoises existantes ou sur le point de s’installer au Maroc, qui ont besoin d’interprètes parlant chinois. M Salhi, nous confirme qu’ils ont déjà reçu quelques demandes.

Si l’engouement des Marocains pour la langue chinoise est récent, l’exotisme asiatique nous a bien séduit depuis plusieurs années. Pour preuve : les cours donnés dans plusieurs universités marocaines de japonais (depuis plus de 20 ans !), de coréen (15 ans déjà !) et même d'indonésien.


 

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