Salmonelle au Maroc, une situation inquiétante mais pas alarmante

La Salmonella Kentucky continue son implantation au Maroc. Selon une étude récemment publiée, la bactérie est présente dans tous les aliments. Faut-il s’alarmer ?  

Salmonelle au Maroc, une situation inquiétante mais pas alarmante

Le 5 juin 2013 à 12h02

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

La Salmonella Kentucky continue son implantation au Maroc. Selon une étude récemment publiée, la bactérie est présente dans tous les aliments. Faut-il s’alarmer ?  

Menée conjointement par des chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris et de l’Institut Pasteur du Maroc, l’étude a été publiée le 28 mai 2013 sur le site du journal américain The Lancet Infectious Diseases. Les chercheurs attirent une nouvelle fois l’attention sur la propagation rapide à l’échelon mondial, et à l’échelle nationale, de Salmonella Kentucky (S. Kentucky), une bactérie résistante à plusieurs classes d’antibiotiques.

«En tant que chercheurs, il est très important pour nous de savoir comment cette bactérie a pu autant se développer depuis sa première apparition au Maroc en 2002. Entre 2002 et 2012, la souche a touché tout l’écosystème marocain. Nous l’avons repéré au niveau de tous les aliments, non seulement la volaille, la dinde et les œufs, mais également la viande bovine les fruits de mer et les eaux (y compris les eaux usées). Nous avons tiré la sonnette d’alarme car, le plus inquiétant, est que cette bactérie a un pouvoir énorme de propagation», déclare à Médias 24 Brahim Bouchrif, chef du service microbiologie des aliments (DSAE) à l’Institut Pasteur du Maroc à Casablanca.

Il faut s’inquiéter, mais pas s’alarmer

En effet, ce qui inquiète les chercheurs est que cette bactérie, généralement une bactérie normale, a pu développer aussi rapidement une résistance aux antibiotiques quinolones et chromosomiques. «Ce qui doit nous faire peur c’est la grande capacité de résistance que la Salmonella Kentucky a développé. On se trouve aujourd’hui face à une souche qui a acquis de nouvelles formes de résistances dirigées contre l’ensemble des classes d’antibiotiques utilisées pour traiter les salmonelloses sévères, notamment les fluoroquinolones, les céphalosporines de troisième génération et les carbapénèmes ».

Dans un langage plus accessible, cette souche a muté génétiquement et a développé un mécanisme de résistance très impressionnant.

Est ce mortel ?

Non, la bactérie n’est pas mortelle, nous rassure Dr Bouchrif, par ailleurs, elle engendre des maladies gastro-entérites. Comment y faire face ? C’est tout simplement une question d’hygiène : la prévention reste le meilleur moyen pour limiter la contamination à cette bactérie. Le Dr Bouchrif  nous conseille «de bien nettoyer tous les aliments avant de les consommer, tout en sachant que la Salmonella Kentucky est facilement détruite à haute température pendant une trentaine de minutes».

Le message d’alarme envoyé par l’institut de recherche, n’est pas une conséquence de la dimension mortelle de la souche en question, mais plutôt de celle de son degré de résistance acquis et par la transformation génétique en l’espace de 10 ans. «La sélection des mutants se fait par l’utilisation abusive des antibiotiques dans l’aviculture et tous les autres types d’élevage», précise notre source.

En effet, En raison du caractère préoccupant des résultats de l’étude, les auteurs émettent deux principaux rappels : l’utilisation non réglementée et à outrance des antibiotiques dans les élevages de pays en développement présentent un risque pour la santé humaine, car elle favorise la dissémination des gènes de résistances chez des bactéries pouvant contaminer l’homme via des aliments. Ils soulignent aussi l’importance d’une surveillance sur le plan national et international de S.Kentucky, et lancent donc un appel pour inclure cette bactérie dans les programmes nationaux de contrôle des salmonelles dans les filières aviaires.

Contacté par Médias 24, un porte-parole du ministère de la Santé déclare que «nous ne sommes pas au courant de cette étude. Par contre le ministère intervient lorsqu’il y a une suspicion de menace d’épidémie ou d’une alerte sanitaire, chose qui n’existe pas actuellement au Maroc. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas d’indication d’une alerte sanitaire à la Salmonella».  

Les bactéries du genre Salmonellafigurent parmi les plus importantes causes d’infection alimentaires chez l’homme. Transmises par le biais d’une large variété d’aliments contaminés (produits carnés, œufs et produits laitiers), elles sont responsables de gastro-entérites pouvant être très sévères chez les enfants, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées.

La première souche de SalmonellaKentucky multi-résistante aux antibiotiques avait été isolée en décembre 2002. Depuis lors, une surveillance étroite de cette souche bactérienne a permis d’identifier un nombre croissant de ces souches, se chiffrant en centaines chaque année, isolées chez des voyageurs ou migrants au cours d’un voyage en Egypte ou en Afrique de l’Est (2000-2005), puis en Afrique du Nord (Maroc principalement), au Moyen-Orient et en Afrique de l’Ouest (2006-2009).

 

Communiqué de presse de l'Institut Pasteur à Paris

 


 

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