Indicateurs macro-économiques 2000-2012: Le modèle marocain a atteint ses limites

Retour sur les principales tendances de l’économie marocaine depuis la fin des années 1990, plein d'enseignements et qui montrent comment le modèle économique actuel a fini par atteindre ses limites. Les réformes sont urgentes.  

Indicateurs macro-économiques 2000-2012: Le modèle marocain a atteint ses limites

Le 7 mai 2013 à 14h36

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Retour sur les principales tendances de l’économie marocaine depuis la fin des années 1990, plein d'enseignements et qui montrent comment le modèle économique actuel a fini par atteindre ses limites. Les réformes sont urgentes.  

La Direction des études et des prévisions financières du ministère des Finances a rendu publique une nouvelle édition du tableau de bord des indicateurs macro-économiques. Selon ce document, le pays a entrepris d’importants efforts de réformes depuis plus de 10 ans. Cela lui a permis de résister relativement bien à la crise internationale qui sévit depuis 2008. Mais le creusement persistant du déficit commercial, causé à la fois par une offre exportable faible et une demande d’importations en hausse, menace l’équilibre économique du pays.

Les comptes nationaux

Depuis 2000, l’économie marocaine croît à un taux très proche de son potentiel de croissance de 5% : 4,6% sur la période 2005-2011 et 4,7% sur la période 2000-2004.

Du côté des ressources, le secteur primaire représente 15,3% du PIB, le secteur secondaire 28,9% et le secteur tertiaire 55,7%. Depuis 2000, la tendance fait apparaître une diminution de la part du secteur primaire dans le PIB au profit des deux autres secteurs. Le secteur qui contribue le plus à la croissance sur la période 2005-2011 est le secteur tertiaire, avec une contribution de 2,5 points, en légère hausse. Le secteur secondaire contribue pour 0,9 points, en léger repli. Enfin, la contribution du secteur primaire accuse un net repli pour s’établir à 0,6 points.

Du côté des emplois, la consommation finale, en léger repli sur la période 2005-2011 par rapport à 2000-2004, représente 76% du PIB, dont 57,9% pour la consommation des ménages. L’investissement brut, en forte hausse, représente 34%, dont 30,5% pour la FBCF, et le déficit commercial, en forte hausse également, représente 10%.

La consommation finale est le principal moteur de croissance avec une contribution en hausse de 3,5 points sur la période 2005-2011. La consommation des ménages, portée notamment par la consolidation du pouvoir d’achat et la maîtrise de l’inflation, contribue à elle seule à hauteur de 2,7 points. La FBCF a une contribution de 2 points et le déficit commercial a un impact négatif de 1,1 point. Le taux d’investissement brut, porté essentiellement par les investissements publics en infrastructure a progressé de 7,1 points, la majeure partie des investissements étant réalisés dans le secteur industriel (41%) et le BTP (50,8%).

Le niveau de l’épargne nationale est en hausse, notamment du fait de l’amélioration de l’épargne de l’Etat et de l’épargne extérieure. Mais, d’une part celle-ci a fortement subi dans les trois dernières années les effets de la crise internationale. D’autre part, malgré cette hausse, le niveau d’épargne nationale est devenu insuffisant au regard de la demande d’investissement.

Les échanges extérieurs

Depuis 2000, le pays a accru son taux d’ouverture vis-à-vis des marchés internationaux. Mais sur la période 2005-2011, le déficit commercial s’est creusé, du fait d’une hausse plus rapide des importations que des exportations qui s’explique en partie par un renchérissement de la facture énergétique.

Le taux de couverture des importations par les exportations est ainsi passé de 62,2% à 48,7%. Plus important, dans certains secteurs, le pays est passé d’une situation d’exportateur net à une situation d’importateur net. C’est notamment le cas pour les produits alimentaires et les produits finis de consommation. Pour ce dernier secteur, cela s’explique en partie par le démantèlement tarifaire.

L’Union européenne, et en particulier la France et l’Espagne, reste le principal partenaire commercial du Maroc – bien que sa part ait diminué dans les importations, au profit de la Chine et des Etats-Unis – comme dans les exportations. Elle reste tout de même le premier client, fournisseur, investisseur et pourvoyeur de flux touristiques et de transferts de MRE.

La compétitivité nationale

L’économie marocaine souffre d’une diversification insuffisante de ses exportations sur des marchés fortement concurrentiels et un manque de diversification géographique qui rend les exportations très sensibles à la situation économique des pays partenaires, en l’occurrence l’UE. La part du marché mondial détenue par le Maroc a ainsi stagné depuis 2000, alors que celle de ses principaux concurrents s’est accrue. Sur la période 2005-2011, le taux de change effectif réel s’est déprécié de près de 5 points.

Le secteur monétaire et financier

Ce secteur contribue à la croissance en facilitant les transactions, collectant l’épargne et allouant le capital vers les secteurs productifs.

Sur la période 2005-2011, la croissance de la masse monétaire a été de 10,7%, avec un ralentissement en fin de période, notamment en raison de la dégradation des avoirs extérieurs nets qui sont passés de 10,8 mois d’importations en 2005 à 5,6 en 2011 et 4,4 en 2012. Cette croissance est tirée par la hausse des crédits à l’économie (entreprises et particuliers).

En effet, le montant des crédits accordés par les banques est passé de 271 milliards de dirhams en 2005 à 687 milliards en 2011. Ce sont les crédits immobiliers qui ont en particulier bénéficié de cette hausse, en raison des mesures d’encouragement à l’acquisition de logement et de la baisse des taux d’intérêt. Les crédits à l’équipement et à la consommation sont également en hausse, alors que les comptes débiteurs et les crédits de trésorerie sont en baisse.

Le nombre de sociétés cotées à la bourse des valeurs de Casablanca a augmenté de 48 en 1997 à 77 en 2012 mais reste largement inférieur à celui de l’Egypte (183) ou de la Jordanie (243). La capitalisation boursière s’est améliorée depuis 2000. Mais elle est caractérisée par une forte concentration aussi bien par secteur que par la taille des sociétés cotées, les 10 plus grandes sociétés cotées représentant 70% de la capitalisation totale.

Prix, taux d’intérêt, taux de change

L’évolution du déflateur du PIB révèle une croissance de plus en plus inflationniste. Sur la période 2000-2012, l’inflation a été maîtrisée autour des 1,8%, malgré les pressions exercées par la hausse des prix du pétrole et de produits de base, et ce du fait de la politique de compensation.

L’évolution des prix à la production a été nulle pour la production énergétique, alors qu’ils ont augmenté pour le secteur minier et le secteur industriel.

Tous les taux d’intérêts sont en recul : celui des comptes sur carnet a baissé de 0,8 points entre 2000-2004 et 2005-2011, et celui des comptes sur livret de 1,2%. Le taux d’intérêt de Bank Al Maghrib, après une longue période de stagnation entre 2003 et 2011 a diminué de 0,25 point en 2012. Le taux d’intérêt créditeur a diminué de 0,4 points et le taux interbancaire de 0,3 points, s’établissant en 2005-2011 respectivement à 3,7% et 3,1%.

Sur la période 2000-2012, le dirham s’est déprécié par rapport à l’euro et s’est apprécié par rapport au dollar, cette évolution expliquant sans doute en partie la diversification des fournisseurs d’importations du pays.

Contribution aux débats économiques actuels

Si les performances économiques du pays sont globalement satisfaisantes depuis 2000, les tendances annuelles depuis 2008 font ressortir les limites du modèle de croissance choisi. A savoir :

-          une croissance basée de plus en plus sur le dynamisme de la demande nationale qui d’une part alimente le déficit commercial par accroissement des importations et d’autre part, creuse le déficit budgétaire par la politique de compensation menée en soutien à la demande intérieure ;

-          l’érosion progressive de la compétitivité des entreprises nationales qui rend nécessaires de profondes réformes structurelles pour restaurer cette compétitivité et gagner des marchés à l’international, afin d’être acteur et non pas subir la libéralisation progressive des échanges dans tous les secteurs ;

-          le choix d’un taux de change fixe qui prive le pays d’un instrument de politique monétaire pour faire face aux chocs extérieurs et mine la compétitivité nationale.

Pour que l’ouverture progressive du pays se traduise par un accroissement de sa croissance potentielle et effective, des réformes sont donc nécessaires pour améliorer la compétitivité des entreprises et accroître l’efficacité des finances publiques.

(Pour lire le document intégral, cliquer ici.)


 

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