63% des investisseurs influents s’attendent au maintien du taux directeur en décembre (Attijari)
Attijariwafa bank a sondé 35 investisseurs parmi les plus influents et les plus actifs du marché boursier marocain, à travers sa filiale de recherche. Au-delà de la sphère financière, le maintien ou la révision du taux directeur alimente toujours les débats.
Attijari Global Research a sondé ces investisseurs fin octobre 2019, dans le cadre de l’élaboration de son indice de confiance dans les marchés au titre du 4ème trimestre de l’année.
63% des investisseurs sondés anticipent un maintien du taux directeur de Bank Al-Maghrib au T4-2019 à 2,25%. À l’opposé, 29% prévoient une baisse et 8% estiment ne pas disposer de visibilité concernant l’évolution future de ce taux.
Deux catégories d’investisseurs ont été sondés, à savoir les Institutionnels et les Acteurs de Référence (les personnes ayant suffisamment de recul sur les marchés financiers leur permettant de retranscrire de manière relativement fidèle l’état d’esprit des investisseurs sans pour autant intervenir directement sur le marché).
Les résultats par catégorie sont les suivants :
- 66% des investisseurs Institutionnels n’anticipent pas un changement du taux directeur de contre 27% qui prévoient une baisse ;
- 62% des Acteurs de Référence n’anticipent pas un changement contre 25% qui prévoient une baisse.
Un taux directeur bas exerce une pression sur les rendements obligataires et favorise l’orientation des investisseurs vers les actifs plus risqués comme les Actions qui peuvent offrir des plus-values et des dividendes plus intéressants.
Sa révision à la baisse renforcera cette pression sur les taux obligataires, ce qui permettra au Trésor de se financer moins cher. Pour les investisseurs, les nouvelles obligations rapporteront moins, mais les portefeuilles constitués des anciens titres (plus rémunérateurs) seront mieux valorisés.
Les avis opposés de Lahlimi et de Jouahri
Au-delà de l’impact sur les marchés financiers, le maintien ou la révision du taux directeur alimente les débats au moins quatre fois par an au sein de la communauté économique compte tenu de la conjoncture actuelle marquée par le ralentissement.
Cela fait en effet presque quatre ans que Bank Al-Maghrib n’a pas agi sur le taux directeur, fixé à 2,25%, alors qu’aussi bien l’inflation que la croissance sont très faibles.
Pour beaucoup, BAM, dont la principale mission est de garantir la stabilité des prix, doit encore abaisser son taux directeur pour donner un signal positif et favoriser l’octroi du crédit et donc la relance de l’activité économique.
En juillet dernier, Ahmed Lahlimi, Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au plan, avait dit que « sur l’inflation, il n’y a pas d’espace de débat. Pourquoi ne pas baisser davantage le taux directeur pour relâcher un peu l’inflation et permettre aux producteurs de relancer la machine économique ? J’ai fait un benchmark et il n’y a pas un seul pays comparable qui réalise une inflation inférieure à 2%. Ils sont tous à 7 ou 8%. C’est un scandale.
« Même dans les pays développés, les autorités monétaires accordent des prêts à taux négatifs pour relancer la croissance. La France qui est endettée à 99% de son PIB, recourt au marché pour s’endetter et elle arrive à le faire à -0,1% car les bailleurs de fonds ont confiance en ses institutions.
« Au lieu de lâcher l’inflation, Bank Al-Maghrib maintient inchangé le taux directeur et le gouvernement marocain privatise des entreprises pour réduire son déficit budgétaire.
« Ce qu’il faut faire ne doit être dicté ni par le FMI ni par la Banque Mondiale ni même par Bank Al-Maghrib. C’est le rôle du gouvernement qui est chargé de concevoir et d’appliquer la politique du pays sur la base des grandes orientations fixées par le Roi ».
Deux mois plus tard, Abdellatif Jouahri avait répondu, lors du point de presse trimestriel de septembre dernier :
« Dans le rapport annuel présenté au Roi, j'ai dit que certains appellent à une politique monétaire plus souple. Mais j'ai dit qu'il faut rester vigilant par rapport à la dette publique. Il ne faut pas hypothéquer l'avenir des générations futures par un endettement excessif.
« Nous faisons régulièrement des enquêtes de demande de crédit, et on voit ce qu'il y a, côté offre et demande. Nous savons si une baisse du taux aura un impact ou non.
« Quand nous avons baissé le taux en 2014 à 2,25%, le crédit n'a pas augmenté, malgré toute la politique accommodante de BAM.
« Quand vous baissez un taux, les banques baissent automatiquement les taux créditeurs servis aux épargnants. Mais pour les taux débiteurs (crédits) elles prennent du temps. Finalement, l'épargnant est pénalisé.
« Les détracteurs de la politique de BAM n'ont qu'à présenter leurs modèles. Regardez ce qui s'est passé avec la réforme du régime de change. Tout le monde disait que le dirham allait baisser, ce qui s'est avéré faux.
« Il faut voir toutes les composantes d'une décision. Nos modèles prennent en compte plusieurs paramètres. Ce sont les mêmes que ceux utilisés par les plus grandes banques centrales.
« Le problème est peut-être un problème de visibilité, de confiance. Il faut avoir une vision plus globale ».
Selon plusieurs banquiers, il n’y a pas un problème de coût ou de conditions restrictives du crédit, mais plutôt une faible demande solvable de la part des agents économiques. En même temps, plusieurs de ces agents, entreprises et personnes physiques, se plaignent d’un accès difficile au financement bancaire. Le débat reste donc posé.
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