Les milliardaires de l’Amérique ont la peau fine

Le 12 mai 2014 à 11h03

Modifié 10 avril 2021 à 4h18

Peu importe la liberté d'expression et de religion, le droit de vivre à l'abri du besoin et de la peur. Ce que les milliardaires américains exigent comme droit d'aînesse (à prendre dans son sens littéral), c’est quelque chose de beaucoup plus important : le droit d’être exempt de toute critique.  

Faisant de la résistance désespérée dans le Wall Street Journal, en hommes héroïques et opprimés, Tom Perkins et Charles Koch ont été jusqu’à qualifier de nazies toutes les personnes qui ont dit des choses négatives à leur sujet. Pour eux, ces dernières sont leur Staline.

Pour être juste, il faut dire que M. Koch n'a pas dit explicitement que ses critiques sont comme Hitler ou Staline. Voici ce qu'il a récemment écrit dans un éditorial de ce journal : « Au lieu d'encourager le débat libre et ouvert, les collectivistes s'efforcent de discréditer et d’intimider leurs opposants en s’engageant dans le salissage de réputation (la cible quasi quotidienne de leurs attaques). C'est l'approche qu’Arthur Schopenhauer décrivait au 19e siècle, que Saul Alinsky préconisait au 20e et que tant de despotes avaient pratiquée de manière infâme. Ces tactiques sont l'antithèse de ce dont a besoin une société libre et le signe révélateur que les collectivistes ne sont pas en mesure d’apporter les bonnes solutions».

Donc, comme Jonathan Chait du New York magazine l’a fait remarquer, M. Koch faisait référence à d'autres despotes. Peut-être à Francisco Franco ?


Une société où c’est le geignard qui l’emporte

Eh oui, la diffamation est la marque du collectivisme. Vous ne verrez jamais, au grand jamais, le Journal du Wall Street le faire et les conservateurs n’ont absolument jamais lancé d’attaques personnelles aux libéraux. Oh, attendez…

Toutefois, pour eux, la liberté de critique n'est pas un droit universel. Elle est uniquement réservée aux créateurs d'emplois. Il s’agit d’un "droit du seigneur."

Quoi qu'il en soit, ce qu’il y a à retenir de tout cela, c’est la grande susceptibilité de ces gens-là.

Aujourd’hui, nous vivons sans aucun doute en un temps où cette société où c’est le vainqueur qui l’emporte semble également devenir une société où le c’est le geignard qui l’emporte. Elle est vraiment incroyable, cette rapidité des milliardaires à réagir en victimes, dès que l’on tient des propos désagréables sur leur compte.

Ce qui est extraordinaire, c'est que ces choses déplaisantes dites sur eux ne sont, en réalité, pas si méchantes que ça. Quand quelqu'un dit que les frères Koch utilisent leur richesse pour promouvoir un agenda politique qui les rendra encore plus riches, cette personne ne fait qu’une réclamation de fond et n’est pas du tout engagée dans le salissage de réputation. Cela n’a rien à voir, par exemple, avec le fait de suggérer que Hillary Clinton est une meurtrière. Pourtant, les Koch et Perkins agissent comme s’il s’agissait d’un fait ignoble, d’une atteinte à leur liberté.

Les egos fragiles des milliardaires !


L'autre chose remarquable, c’est l'escalade instantanée des plaintes pour préjudice moral et l’entrée en jeu rapide de la loi de Godwin. Vous voyez, les libéraux critiquent les frères Koch, juste comme l’ont fait Hitler et Staline, qui ont tué leurs adversaires.

Mais attendez, il y a plus. Qu'est-ce que j'ai entendu des défenseurs de Koch !, qui disent que des gens comme moi n'ont pas qualité pour ridiculiser les milliardaires... Vous voyez, il m’arrive parfois de tenir des propos sarcastiques sur des arguments que je juge mauvais et même de mettre en doute les motivations des personnes qui les avancent. Et ça c'est comme comparer ces personnes à Hitler.

Le truc, c'est que je ne pense pas que ces réactions pleurnichardes soient une tactique utilisée à des fins stratégiques. Je pense qu'elles sont réelles. Les milliardaires se sentent vraiment vulnérables, en dépit de leur richesse et de pouvoir, ou peut-être même à cause de cela. Et les apparatchiks au service des 0,01% sont si fragiles, culturellement et intellectuellement, que leurs réactions frôlent le ridicule.

Tout cela est vraiment triste, mais effrayant aussi, parce que, quand des personnes avec des egos fragiles détiennent le pouvoir, il y a de fortes chances que de mauvaises choses arrivent.

© 2014 Le New York Times

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