Le rejet des politiques d’austérité en Europe

Le 11 décembre 2013 à 10h51

Modifié 10 avril 2021 à 4h08

La baisse des taux de la Banque centrale européenne a conduit à de fortes tensions avec la scission du conseil exécutif et la contestation de nombreux économistes allemands. Comme d'habitude, le débat porte sur ces paresseux que sont les Européens du Sud, qui s'en tirent sans frais.  

Selon un article récemment publié dans le Financial Times, «l'économiste en chef de l’hebdomadaire financier Wirtschaftswoche a qualifié cette décision de «diktat» d'une nouvelle Banca d'Italia, basée à Francfort.»

Pourquoi est-ce que ces Italiens, etc., ne retroussent-ils pas leurs manches comme l’ont fait les Allemands ?
Ce que les économistes allemands ainsi que le grand public, ne semblent toujours pas comprendre c’est combien le succès de l'Allemagne à sortir du marasme des années 1990, dépendait de l’expansion inflationniste en Europe du Sud. Et ils ne réalisent pas non plus, l’ampleur des dégâts provoqués par le refus de l’Allemagne d'autoriser l'inflation dans la zone euro.

Après la création de l’euro, l'Allemagne a pu réaliser d'importants gains de compétitivité sans déflation, parce que l'Espagne et d'autres pays étaient prêts à accepter l'inflation qui était bien au-dessus de 2%. Mais maintenant, la zone euro a un taux d'inflation tendancielle globalinférieur à 1% ; ce qui signifie que l'Espagne ne peut accomplir qu’une dévaluation interne à cause d’une déflation paralysante.
En d’autres termes, les Allemands, ne demandent pas aux Européens du Sud de les imiter, ils exigent d’eux, l’accomplissement d’un exploit que l’Allemagne elle-même n'a jamais eu à gérer et que presque personne n'a jamais réussi à réaliser.


Mario et les Austériens

Je voudrais attirer l’attention sur un point qui me parait évident et qui à mon avis, n’a pas été assez suffisamment pris en considération : la baisse surprise des taux d'intérêt du président de la BCE, Mario Draghi , qui est en fait, un rejet du triomphalisme naissant des austériens de l'Europe.
Ceux qui suivent de près les évènements, ont sans doute remarqué qu'il y a à peine quelques semaines, les austériens européens – le commissaire Olli Rehn en particulier, mais aussi de nombreuses autres personnalités, saluaient les quelques signes de croissance économique du dernier trimestre, justifiant par là leurs politiques des quatre dernières années.

C'est idiot ! C’est comme si je me mettais à me frapper la tête à plusieurs reprises, puis à ralentir le rythme des coups, pour ensuite commencer à me sentir mieux. Est- ce à dire que me frapper la tête était bon pour moi ? C’était pourtant exactement cela.

Mais, la BCE a pris en compte des indicateurs plus pertinents : un chômage toujours à la hausse et une inflation en baisse, en dessous de 1% (Japon, nous y voilà !). Et les responsables des banques semblaient être très inquiets. Dites-vous simplement ceci : La BCE n’aurait jamais sabré les taux, si elle pensait que l'Europe avait franchi le cap.

Le Keynésianisme armé - Édition historique

Dans un article récent, j’ai expliqué comment la situation en Europe - au moins évaluée d’après la production industrielle et probablement en termes de production globale, était pire qu'elle ne l'était pendant la Grande Dépression.

La réponse que j'ai obtenue d’un grand nombre de personnes, c'est que les choses étaient différentes et que c’est parce que l'Europe devait être réarmée…. Euh, qu’est-ce que vous voulez dire au juste ?

Il n'y a rien de spécial dans les dépenses militaires qui fait d’elles, une relance meilleure que les autres types de dépenses ; en fait c’est l'inverse qui est plus juste, parce que dépenser sur des choses plutôt utiles peut stimuler l’économie à court terme, mais aussi en améliorer le potentiel de croissance à long terme.

Quand vous faites correspondre la relance européenne des années 1930 aux dépenses militaires, ce que vous dîtes c’est que, ce dont l'économie avait besoin à l'époque, était une politique budgétaire expansionniste - et il le fallait tellement, que même les dépenses destructrices pouvaient avoir un effet positif.

Cette fois, la bonne nouvelle c’est que nous somme en paix ; la mauvaise nouvelle, c’est que les dirigeants européens, n’ayant pas de raison de développer leurs armées, ont écouté les prophètes de l'austérité et de la réduction des dépenses, alors que ces dernières auraient dû été en hausse.  

Le résultat est une dépression qui va en s’aggravant et qui sera pire que celle des années 1930.

© 2013 The New York Times


 

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