Le modèle turc, un exemple à suivre

Le 2 septembre 2014 à 13h19

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

De retour d’Ankara où j’ai passé quelques jours en août 2014, je ne peux m’empêcher d’exprimer mon admiration pour cette ville et pour la Turquie en général. Ankara est en effet une ville moderne peuplée de 5 millions d’habitants.  

Elle est traversée par de grandes avenues d’une propreté impeccable, où la circulation automobile est fluide et maîtrisée, et où ne voit aucun mendiant aux feux rouges.

Au niveau des transports publics, elle est desservie par plusieurs lignes de métro, de tramway et de bus, et reliée à Istanbul par une autoroute et une ligne de chemin de fer à grande vitesse. Elle dispose également d’un aéroport international très moderne, et d’un Université technique du Moyen-Orient dont la langue d’enseignement est l’anglais, forte de 26.000 étudiants, 750 professeurs, 1.400 instructeurs et 1.250 chercheurs.

Ankara a abrité la Grande Assemblé Nationale de Turquie le 23 avril 1920, et est devenue la capitale le 13 octobre 1923 en remplacement d’Istanbul. Cette décision fût prise par Mustapha Kemal Atatürk qui avait proclamé la République de Turquie.

D’ailleurs Ankara abrite le Mausolée d’Atatürk appelé Antikabir dont la construction débuta en 1944 et qui ne fût achevé qu’en 1953. C’est un immense complexe où il y a outre la tombe d’Atatürk, un musée relatant la guerre d’indépendance de la Turquie qui a duré de 1919 à 1922. Le Mausolée reçoit chaque année plus de 3 millions de visiteurs et est le lieu où se déroulent les grandes manifestations politiques du pays.

On ne peut parler d’Ankara sans évoquer la grande figure de Mustapha Kemal Atatürk. Ce dernier qui est né en 1881 à Salonique dans l’ancien empire Ottoman, a sauvé la Turquie de la disparition. En effet, après la première guerre mondiale et l’occupation de l’empire ottoman, le Traité de Sèvres avait projeté la partition de la Turquie. Mustapha Kemal qui était un militaire et un grand patriote, a combattu les occupants étrangers qui étaient arméniens, britanniques, français, grecs et italiens. Il réussit par des victoires successives à mettre hors de la Turquie tous les occupants étrangers.

En rupture avec le pouvoir impérial ottoman, il mit fin au sultanat le 1er novembre 1922 et proclama le République de Turquie le 29 octobre 1923, qui couvre le plateau de l’Anatolie en Asie et un petit territoire en Europe. Voulant moderniser son pays, Atatürk a pris des décisions très courageuses, tels que la laïcité qui fût inscrite dans la Constitution turque, le droit de vote aux femmes, le remplacement dans l’alphabet turc des lettres arabes par des lettres latines, et une véritable révolution sociale appelé révolution kémaliste dont l’objet est l’éclosion d’une classe moyenne forte. Le 24 avril 1934, Mustapha Kemal reçoit le nom de « Atatürk » qui veut dire « Turc père ».

Encore aujourd’hui, la mémoire de Mustapha Kemal est très présente, et sa photo est exposée non seulement dans les édifices publics, mais également dans les boutiques, cafés et restaurants. La langue turque est parlée par tous les Turcs sans aucune intrusion d’une langue étrangère, et des livres turcs en lettres latines remplissent les bibliothèques et les librairies.

L’évolution de la Turquie depuis la proclamation de la République en 1923 a été remarquable. La Turquie, membre de G20 et de l’OCDE, est devenue aujourd’hui une puissance régionale avec un PIB (en PPA) de 1.428 MM de $ la plaçant au 15ème rang des puissances économiques du monde. Son PPA par habitant est de 18.114 $, et la structure de son économie est celle d’un pays développé : 8,5% pour l’agriculture, 28,6% pour l’industrie et 62,9% pour les services. Après avoir connu des taux de croissance  époustouflants de 9,1% en 2010 et 8,5% en 2011, elle a subi les effets de la crise économique mondiale qui a fait baisser son taux de croissance à 2,2% en 2012, avec une reprise à 4% en 2013 et 4,3% en 2014.

Son indice de développement humain (IDH) est honorable (0,727), ainsi que le taux de chômage qui se situe à 8,2% en 2014, alors que son endettement total n’est que 34,5% du PIB (2012). Il est estimé que la Turquie devienne la 5ème économie européenne en 2050.

Le monde arabe après la grave crise qui l’a traversée durant ces trois dernières années (Printemps arabe 2011-2013) est à la croisée des chemins. Il est confronté à trois forces principales :

-l’islam politique radical,

-l’islam modéré,

-et les modernistes.

Son avenir ne peut s’envisager sans l’éradication de l’islam radical, et un compromis entre l’islam modéré et les modernistes. C’est ce compromis qui a été réalisé en Turquie depuis la victoire de parti islamiste AKP (Parti de la Liberté et de la Justice) en 2001, qui a porté au pouvoir Recep Tayyip Erdogan d’abord en tant que Premier pinistre puis Président de la République turque le 28 août 2014. Le monde arabe a tout intérêt à s’inspirer du modèle turc en tenant compte évidement des spécificités de chaque pays.

 

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