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La solution au problème des infrastructures

Le 17 juin 2014 à 15h35

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

De la Corée du Sud à l’Australie, plusieurs pays adoptent une démarche nouvelle dans la programmation de leurs programmes d’infrastructures. Elle permet des économies allant jusqu’à 40% du coût total. 57.000 milliards de dollars d’infrastructures sont nécessaires dans le monde d’ici 2030.  

TORONTO – Selon la déclaration de février 2013 de Madeleine Albright, «les infrastructures, par définition, sont essentielles à la bonne marche des sociétés ». Et pourtant on pourrait dire d’elles qu’elles ont été la grande question économique oubliée du XXIe siècle. En fait, le manque d’investissement dans des infrastructures adéquates empêche bon nombre de pays de pouvoir stimuler suffisamment la croissance économique et l’emploi.

Même si le débat portant sur les tendances des infrastructures aborde souvent le besoin de plus de fonds et de plus de financement créatif, le véritable problème ne réside pas vraiment dans le manque de fonds. En fait, les immobilisations se détériorent plutôt en raison d’une démarche fragmentaire de la planification, du financement, de la prestation et du fonctionnement des infrastructures qui mettent l’accent sur les coûts, la catégorie des actifs et l’emplacement géographique.

Il devient de plus en plus prioritaire pour ceux qui sont en mesure de faire changer les choses, à savoir les dirigeants d’entreprises et les responsables politiques, de mettre au point une nouvelle démarche fondée sur une perspective élargie et systémique. C’est justement ce que vise l’Initiative sur les infrastructures mondiales de McKinsey qui a tenu sa deuxième réunion à Rio de Janeiro le mois dernier, dans le but de promouvoir des solutions pratiques à l’échelle mondiale qui relèvera la productivité et l’efficacité de toutes les facettes des infrastructures.

Sans de telles solutions, un investissement estimé à 57 000 milliards de dollars en infrastructures sera nécessaire de 2013 à 2030, et cela, uniquement pour répondre à la croissance du PNB.

Des infrastructures plus productives pourraient réduire la facture mondiale des infrastructures de 40%, de 1000 milliards annuellement. De telles économies pourraient stimuler la croissance économique d’environ 3%, soit plus de 3000 milliards de dollars d’ici 2030. Ceci faciliterait des investissements plus élevés en infrastructures, et qui correspondraient à une augmentation de 1% du PNB se traduisant par 3,4 millions d’emplois supplémentaires en Inde, 1,5 million aux États-Unis, 1,3 million au Brésil et 700.000 en Indonésie.

L’accroissement de la productivité des infrastructures commence à l’étape de planification. Le monde entier pourrait économiser 200 milliards annuellement en généralisant une des méthodes plus pragmatiques de sélection des projets d’infrastructures dans lesquels investir, notamment l’évaluation systématique des coûts et des bénéfices sur la base de critères précis qui tiennent compte d’objectifs économiques et sociaux élargis.

Certains pays tirent déjà avantage d’une telle méthodologie. Le Centre de gestion des investissements en infrastructures privés et publics de la Corée du Sud est parvenu à réduire les dépenses en infrastructures de 35% ; de nos jours, les responsables politiques ont rejeté 46 % des propositions de projets lors de leur évaluation, alors que le taux était de 3 % auparavant.

Pour sa part, le Royaume-Uni a établi un programme d’évaluation des coûts qui a mis en priorité 40 projets d’envergure, réformé les processus généraux de planification et créé ensuite un sous-comité ministériel pour assurer l’exécution plus rapide des projets, permettant ainsi de réduire les dépenses d’infrastructures de 15 %. Le système d’investissement public national du Chili évalue lui aussi tous les projets publics présentés à l’aide de formulaires, de procédures et d’indices quantitatifs et a même refusé d’investir dans au moins 35% d’entre eux.

Il existe également d’autres économies potentielles, à hauteur de 400 milliards annuellement, qui découlent d’une gestion plus serrée des projets d’infrastructures. Le potentiel est énorme pour accélérer les autorisations et les achats de terrain, structurer les contrats pour qu’ils favorisent l’innovation et pour que les sous-traitants collaborent plus entre eux.

En Australie, la Nouvelle-Galles-du-Sud a réduit de 11% les délais d’autorisation en une seule année. Une autorité de la voirie en Scandinavie a réduit les dépenses générales de 4 % en mettant à niveau des normes de conception, en adoptant des techniques de construction plus économique et en faisant appel à des regroupements de fournisseurs, et ce, dans le monde entier.

Les économies potentielles ne se limitent pas aux nouvelles installations. Les autorités épargneraient donc 400 milliards de dollars uniquement en accroissant l’efficacité et la productivité des infrastructures existantes. Ainsi, des réseaux intelligents pourraient réduire les frais des infrastructures de distribution d’énergie de 2 à 6 milliards de dollars annuellement aux États-Unis, tout en réduisant les pannes de courant qui coûtent cher à l’économie.

De même, des réseaux routiers gérés par des systèmes intelligents peuvent doubler, voire tripler le taux d’utilisation des actifs, à une fraction du coût d’investissement de la capacité physique équivalente. Le système de transport routier intelligent sur l’autoroute M42 a réduit de 25% les temps de déplacement, de 50% les accidents, de 10% la pollution et de 4% la consommation de carburant.

Les péages pour réduire les bouchons de circulation peuvent également réduire le besoin de nouvelles installations, tout en procurant des économies substantielles en carburant. De telles méthodes tarifaires ont permis à la ville de Londres de réduire les bouchons de circulation de 30%.

Aucune de ces solutions n’est particulièrement révolutionnaire. Elles requièrent tout simplement une démarche moins fragmentée du processus de décision publique ainsi que plus de coopération entre les secteurs public et privé.

Il est possible d’atteindre ce but dans des pays riches comme dans des pays dotés de moins de ressources. Le département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication de la Suisse, par exemple, intègre des objectifs nationaux, établi par le conseil fédéral, dans une stratégie unifiée des infrastructures qui tient compte des besoins de chaque secteur. Le ministère des Infrastructures du Rwanda coordonne les activités d’autres ministères et agences publiques s’assurant que les stratégies d’infrastructures s’harmonisent avec des plans d’intégration régionale de la communauté d’Afrique de l’Est tout en effectuant des contrôles de la réalisation et de l’exploitation en aval des infrastructures.

Les autorités publiques doivent se rendre compte que le secteur privé peut offrir beaucoup plus que des possibilités de financement ; il peut également contribuer par son savoir-faire aux étapes de planification, de construction et d’exploitation. Le Chili, les Philippines, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud et Taïwan sont tous en train d’établir les cadres expansion du rôle des intervenants privés dans les projets de planification.

Les infrastructures accroissent la compétitivité des économies, tout en assurant le cadre physique du bien-être des citoyens. L’objectif des responsables politiques devrait être de garantir que les infrastructures réalisent leur plein potentiel, pour que les personnes qui en dépendent puissent réaliser le leur.

Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier

© Project Syndicate 1995–2014

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