Je suis triste

Le 12 janvier 2015 à 11h58

Modifié 10 avril 2021 à 4h26

Je voulais intituler cette chronique autrement et donner libre cours à mon tempérament, plutôt nerveux. Je me suis ravisé devant l’ampleur des manifestations en France et leur contenu. Des millions d’humains ont signifié dans la dignité leur envie de vivre ensemble. Ce sont eux qui imposent le respect, pas les officiels.

Des millions de gens ont crié, dans un silence assourdissant, leur attachement à des valeurs telle que la liberté, la tolérance, la fraternité. Valeurs pour lesquelles je suis prêt à mourir, pour lesquelles je me bats, avec mes moyens, depuis longtemps.

Mais je suis lucide. Je sais très bien que ce mouvement fondateur, n’aura d’effet que s’il réussit à changer les paradigmes, à interdire le champ public aux extrêmes.

La liberté que les manifestants ont voulu célébrer n’est pas celle de stigmatiser une race, une religion, une culture. Cela n’a jamais été le credo de Charlie Hebdo qui est celui de l’irrévérence vis-à-vis de tous les dogmes.

Mais on ne peut plus accepter sur des plateaux de télévision, des gens qui mettent hors la république, 7 millions de français, et en les payant en plus. Eric Zemmour gagnait très bien sa vie en se livrant à cet exercice. L’image de juifs, musulmans, chrétiens athées, réunis pour célébrer le vivre-ensemble est imposante et vaut plus que tous les écrits du monde.

Pourtant je suis triste. L’intelligentsia est déjà dans l’après. Les uns tentent de récupérer l’événement, de le ramener à leur communauté, alors qu’il s’agit d’une attaque contre les valeurs universelles. Les autres préparent déjà leurs arguments sur les prétendues défaillances sécuritaires. Un événement planétaire, humaniste va servir des intérêts électoralistes.

Je suis triste parce que trop d’internautes ont soutenu le terrorisme au nom du prophète de l’Islam, parce que des enfants ont refusé de respecter des minutes de silence dans les écoles françaises, parce qu’un éditorialiste marocain nous annonce la guerre des religions comme une fatalité et nous demande de nous positionner. Ça sera sans moi l’idiot, je ne tuerai personne parce qu’il a des convictions autres que les miennes.

Je suis atterré  par l’attitude de notre ministre des affaires étrangères. Présent à Paris, il a refusé de manifester, parce qu’il y aurait eu des pancartes contre le prophète. Il n’y en avait pas, les manifestants refusaient tous l’amalgame. C’est d’une débilité absolue.

En 2003, suite aux attentats de Casablanca, Salaheddine Mezzouar soutenait un  point de vue plus offensif face à la régression intégriste. Il est allié des islamistes et croit devoir payer son écot, pour quelques strapontins. Sinon il faut croire que toute la chaîne de décision est avariée.

Moi, je suis droit dans mes bottes. La Salafiya Jihadia est une idéologie barbare qu’il faut éradiquer avec la violence la plus extrême. Toute complaisance intellectuelle à son égard est une complicité dans ses crimes. Je persiste et signe. Je m’appelle Jamal Berraoui.   


 

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