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Entre IDE et développement économique au Maroc : les enjeux de la capacité d’absorption

Le 23 septembre 2013 à 13h30

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Les Investissements directs étrangers ne signifient pas forcément développement économique (Krogstrup & Matar, 2005), il faut encore profiter du flux des IDE entrant pour générer des retombées sur la croissance et le développement économique.  

Cette attitude d’un pays, de passer d’un simple abritant des entreprises étrangères à un producteur à part entière, nécessite une capacité d’absorption. Cette dernière est définie comme étant la capacité d’un pays à intégrer et appliquer des connaissances d’origine externe (Cohen et Levinthal, 1990, Schmidt, 2005). La capacité d’absorption implique la transition d’une attitude de récepteur-imitateur à une attitude de créateur-producteur.

Ainsi, en parallèle avec les IDE, un pays -en voie de développement- doit mettre en place une infrastructure au niveau de l’éducation, de la technologie, du secteur financier et du secteur institutionnel. Ces mesures sont susceptibles d’accumuler un capital humain et technologique qui pourra créer des effets d’externalités positives dont profitera l’économie en entier. Dans le présent article nous allons examiner l’Etat des lieux du secteur aéronautique au Maroc. Ce secteur étant considéré comme l’un des principaux leviers de la politique de développement économique.

Historiquement, l’industrie aéronautique marocaine s’est orientée vers la production au début des années 2000, profitant de l’apport d’un savoir-faire technique dans la maintenance aéronautique tant civile que militaire. Des filiales étrangères ou majoritairement étrangères (généralement des groupes français), se sont installées au Maroc (essentiellement dans la région de Casablanca) à la recherche des facteurs clé de succès, tels que, la diversification des sources d’approvisionnement et la réduction des coûts de logistique et de main-d’œuvre. Actuellement le secteur compte plus de 100 opérateurs attirés par les mesures mises en place par le Pacte national pour l’émergence industrielle (PNEI)[1]. Il réalise, par ailleurs, un chiffre d’affaires de plus de 800 millions d’Euros et emploie 10.000 salariés qualifiés (Source : gimas.org).

Cependant, le Maroc est-il devenu producteur aéronautique à parte entière ? Il est difficile de répondre par l’affirmative. En témoigne, la structure capitalistique des firmes en place (seule 20% sont marocaines), le nombre assez important des expatriés étrangers (surtout dans les sociétés en démarrage), une dépendance aux marchés étrangers (presque 70% du chiffre d’affaires à l’export).

Sans doute, le secteur est promis à un bel avenir, mais à quelques conditions :

1)      le défi de la compétence, i.e. la formation, doit être abordé avec patience. Il est vrai que le manque des compétences dans le secteur engendre parfois une accélération indésirable des carrières des collaborateurs ; mais, il faut encore rester réceptif et apprenant. Il est à signaler que les efforts de l’Etat dans ce sens sont excellents, e.g. l’ouverture de l’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA) et l’Institut spécialisé dans les métiers de l'aéronautique et de la logistique aéroportuaire (ISMALA).

2)     l’infrastructure technologique doit être accélérée et perfectionnée. La mise en place, à travers tous le pays, de six plateformes industrielles intégrées (P2I), dont l’une est complètement dédiée à l’aéronautique, reflète l’état d’engagement de l’Etat marocain dans ce sens. Mais la route est encore longue…

3)     S’agissant du chantier financier, l’amélioration des conditions de financement structuré des entreprises est nécessaire. Malgré les réformes importantes entamées par Maroc depuis 1993, les autorités financières marocaines sont appelée au renforcement des dispositifs de contrôle des marchés et diversifier les instruments financiers au service de l’économie (Hammes, 2006).

4)     Finalement, le Maroc doit rattraper son retard concernant l’application des principes de la bonne gouvernance. Sans oublier les signes encourageants dans ce sens (plusieurs instances et programmes en vigueur), le Maroc reste, néanmoins, à la traîne dans plusieurs chantiers tels que le système judicaire, les droits de propriété, les procédures administratives, la corruption, etc.

Tout en ayant du pain sur la planche, et dans l’attente d’achever sa capacité d’absorption, le Maroc continue, toutefois, de séduire quelques altesses aéronautiques mondiales ; Bombardier en est une…

 

Références :

–        Cohen, W et Levinthal, D. (1990), «Absorptive capacity : A New Perspective on Learning and Innovation», Administrative science quarterly, 35, p. 128-152.

–        Hammes (2006), «Prospective Maroc 2030: Le système financier marocain», Rapport du Haut-commissariat au plan.

–        Krogstrup, S. et Matar, L. (2005), «Foreign Direct Investment, Absorptive Capacity and Growth in the Arab World», HEI Working PaperN° 02/2005, from Economics Section, The Graduate Institute of International Studies/ Geneva.

–        Schmidt, T. (2005), «Absorptive Capacity- One SizeFits All? A Firm-Level Analysis of Absorptive Capacityfor Different Kinds of Knowledge», ZEW - Centre for European Economic Research Discussion Paper No. 05-072.

–        Tijani O. (2011), «La Capacité d’Absorption et le Rôle de la Gestion des Ressources Humaines dans l’Appropriation des Connaissances dans les Alliances Stratégiques au Maroc», Thèse de doctorat à l’université de Pau et des Pays de l’Adour.

 

L’auteur :

Omar Tijani est docteur en Sciences de Gestion. Il est enseigne à la Faculté Polydisciplinaire de Larache. Il consacre ses travaux aux GRH, stratégie d’entreprises, apprentissage organisationnel et au secteur aéronautique au Maroc.

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