Diversification des marchés touristiques: le cas de la Chine

Le 11 mai 2016 à 11h05

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

A la veille du voyage du Roi en Chine et au moment où notre tourisme peine à trouver des clients, il serait opportun de faire le point sur le plus gros marché pourvoyeur de touristes au monde. En 2014, les touristes chinois ont été plus de 100 millions à voyager à l’étranger et ont dépensé 163 milliards de dollars.  

La croissance du tourisme chinois* à l’international est l’une des plus fortes au monde, grâce notamment à sa classe moyenne supérieure, qui dispose d’un niveau d’épargne et de revenus lui permettant de voyager à l’étranger.

Le Maroc a signé avec la République Populaire de Chine, un mémorandum d’entente, le 24 avril 2006, destiné à faciliter le séjour des ressortissants chinois. J’ai eu le privilège de signer ce document au nom de la Fnavm, que je présidais à l’époque.

Aussitôt, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé et plus de 30 agences de voyages y ont répondu spontanément, malgré un cahier des charges contraignant, notamment en matière de sécurité. L’agence de voyages marocaine avait la lourde charge de s’assurer du retour de tous ses clients et s’engageait à les rapatrier à ses frais en cas de manquement à la date de retour prévue.

Un touriste chinois dépense plus qu’un touriste européen

Dix ans plus tard, la liste des agences de voyages accréditées affiche le nombre de 64 domiciliées dans les différentes villes touristiques du royaume, mais en réalité, elles ne sont qu’une poignée à essayer de travailler sur ce marché. La plupart ont abandonné, faute de promotion de la part de l’ONMT, de dessertes aériennes, de facilités d’obtention de visa, de guides parlant chinois et d’accompagnement de la part du gouvernement pour pénétrer ce marché.

Le nombre de touristes chinois qui visitent le Maroc est insignifiant, au regard du potentiel que recèle ce pays. Encore faudrait il qu’on y mette les moyens. On parle de 5.000 touristes chinois, ce qui représente peu, par rapport au 1,7 million qui visitent la France et génèrent 10 millions de nuitées. Sans compter qu’un touriste chinois dépense beaucoup plus qu’un touriste européen.

Aujourd’hui, les touristes chinois désirant venir au Maroc doivent transiter par Dubaï, Istanbul ou Paris, avec des escales plus ou moins longues. En décembre 2014, lors du forum économique Maroc-Chine à Pékin, auquel ont assisté pas moins de 9 ministres et une centaines d’hommes d’affaires marocains, le ministre du Tourisme avait annoncé l’ouverture d’une ligne directe Casablanca-Pékin en 2015. Nous sommes en 2016 et pas à un seul effet d’annonce près.

L’ONMT a annoncé l’ouverture d’une représentation à Pékin en 2009. Cette représentation se réduit aujourd’hui à une seule personne, domiciliée à l’Ambassade du Maroc à Pékin. Sans budget et sans moyens, elle n’a aucune possibilité de développer cet immense marché et se limite à ce jour à faire du relationnel plus qu’autre chose.

Délivrance des visas, un point noir

Actuellement, une dizaine d’agences de voyages chinoises programment la destination Maroc, pour des individuels et des petits groupes, avec beaucoup de contraintes. Outre le fait qu’elles doivent avoir la confirmation totale des prestations via un DMC marocain, elles doivent patienter au minimum 3 semaines pour obtenir le visa et très souvent, elles doivent annuler ou reporter leur voyage, avec les frais que cela engendre.

Pour les groupes, elles ne peuvent déposer que 40 passeports par semaine et par agence et si le groupe est de 100 personnes, elles doivent le déposer en 3 fois, ce qui porte le délai à six semaines pour l’obtention des visas pour l’ensemble des participants, en supposant que les visas du premier dépôt restent valables au moment du départ pour le Maroc. Cela impose parfois une gymnastique et une prise de risque qui finit par dissuader les plus téméraires.

Pour l’anecdote, l’année dernière en septembre, se tenait à Fès le forum des villes touristiques, auquel devait participer une délégation chinoise, qui n’a pas pu venir, faute d’obtention de visas, le système de délivrance ne supportant pas plus de 200 visas par semaine.

La délivrance des visas reste le point noir pour visiter le Maroc et malgré le fait que ce service ait été externalisé dernièrement, il n’en demeure pas moins, qu’obtenir un visa dans des délais normaux continue à relever du rêve. Un rêve qui se transforme en cauchemar pour les agences de voyages marocaines qui continuent à prospecter ce marché.

Puisse la visite royale insuffler une nouvelle dynamique dans les relations Maroc-Chine et nous permettre de pénétrer ce marché, qui est convoité par toutes les destinations touristiques. Les institutionnels du tourisme étant du voyage, nous espérons que les bonnes décisions seront prises et les dysfonctionnements relatifs aux visas aplanis.

*Cet article est publié avec autorisation de l'auteur.

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