A la recherche d’une nouvelle gouvernance mondiale désespérément…

Le 3 février 2016 à 11h47

Modifié 11 avril 2021 à 2h37

 

"Pour mettre en place un gouvernement mondial, il est nécessaire de retirer des esprits leur individualisme, leur loyauté envers les traditions familiales, leur patriotisme national, et leurs dogmes religieux."[1]

Un chaos régnant et un monde en miette[2].

L’ordre international depuis 1989 et surtout depuis 2001 connaît une instabilité telle que la nécessité de gérer le monde ensemble s’impose plus que jamais; la coexistence entre les peuples et les Etats ne peut se faire que si la question de la paix et du développement est abordée et traitée avec l’intelligence politique et la perspicacité nécessaires. Cela s’impose d’autant plus que "le temps du monde fini commence"[3].

Cela devient d’autant plus urgent que les risques de guerres entre et au sein des Etats se multiplient, et que les conflits ouverts ou latents ne se comptent plus. Au choc supposé des civilisations (Samuel Huntington) entre l’Occident et l’Orient viennent se greffer les conflits entre et au sein des Etats dans le monde arabo-musulman, zone qui sépare l’Hémisphère Nord du Sud, et ce ne sont pas les causes et surtout les prétextes qui manquent.

L’injustice relevée dans la résolution des conflits au niveau international (la politique de deux poids deux mesures dans le dossier du Moyen-Orient, par exemple) ne peut qu’attiser les haines et exacerber les tensions entre le Nord et le Sud, entre l’Occident et l’Orient, donnant ainsi les meilleurs arguments aux mouvements extrémistes, en vue de déstabiliser la situation dans ces pays.

La pauvreté, la précarité, l’exclusion et l’ignorance qui sont le lot quotidien de milliers de citoyens, sont autant de facteurs qui aggravent la situation et qui constituent le terreau de tous les extrémismes. Ils sont pris comme prétextes pour fomenter les actes de révolte et de déstabilisation.[4] La crise économique mondiale qui perdure depuis 2007/08 et la mondialisation rendent la situation encore plus complexe. Le monde est en effet confronté à des défis multiples et énormes.[5]

Il est grand temps de se pencher sur cette situation devenue préoccupante. Comment?

La gouvernance mondiale: projet en chantier[6]

Les institutions classiques (ONU et tout le système financier, monétaire issu des accords de Bretton Woods) ne sont plus adaptées pour faire face aux nouveaux défis. Les différentes formes des instances nouvellement créées qui sont censées réguler les affaires du monde (G7, G8, G20…) sont toutes aussi inefficaces. Une réflexion sur les causes des situations de crise, l'instabilité chronique que vit l’humanité de nos jours et les modalités de sa gouvernance revêtent un caractère éminemment urgent.

L’évolution de la société internationale, la parution des conflits de nature différente par rapport à ceux qui opposaient auparavant des entités étatiques, les enjeux climatiques, le crime international organisé ou encore le terrorisme transcendent les frontières nationales et imposent plus que jamais une gouvernance nouvelle. Notion nouvelle, projet en chantier, la gouvernance mondiale devient un impératif catégorique. Quels sont ses contours? Quels sont les acteurs qui joueraient un rôle de direction et d’influence?

I- La gouvernance mondiale classique défaillante et déclinante

Au lendemain du 2e conflit mondial un système de gouvernance s’est installé; pour préserver la paix et la sécurité dans le monde, l’ONU a été créée. Pour réguler les rapports financiers et monétaires entre les Etats, le Brettons Wood system a été mis en place.

Pendant plus de quatre décennies, ce système global a, cahin-caha, réussi à éviter une 3e guerre mondiale et assurer des rapports économiques et financiers plus ou moins stables. Si on excepte la permanence de conflits dans les Etats du Tiers-Monde -dans le cadre de la guerre froide- et la fin de convertibilité du dollar décidée par le président Nixon en 1971, la situation dans le monde ne posait pas de problèmes insurmontables.

En effet, une certaine paix "casquée" a été plus ou moins imposée dans les pays en conflit de l’hémisphère Sud. Parallèlement la question du développement y restait posée et ce malgré les multiples efforts de la myriade du groupe des 77.

La session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU organisée en 1970 pour l’instauration d’un nouvel ordre économique international n’a pas servi à grand-chose. Pire encore, durant la décennie 70, on a assisté à un processus d’endettement de ces pays et ce depuis le premier choc pétrolier de 1973. Le PAS I et II des années 80 et 90 a montré les limites de toutes les actions en matière de développement conduites par le système onusien et des Etats sous toutes ses formes.

Les outils parallèles    

Pour parer aux insuffisances et aux carences de ce système global institutionnel, des structures parallèles informelles ont été créées; le G 7 -devenu G8 en 1997 avec l’intégration de la Russie et redevenu G7 avec l’exclusion de cette dernière en 2014- et le G 20, deux forums de discussion et d’échange, en coordination avec le système classique formel, ont essayé de gérer, autant que possible, le monde, notamment en matière économique, sans grand succès.

La fin des trente glorieuses, la crise financière de la fin de la décennie 90 et celle des subprimes en 2007-08 ont donné le coup de grâce à un système agonisant. Sur le plan de la géopolitique internationale, la chute du mur de Berlin en 1989, les attentats de 2001 et leurs prolongements respectifs ont montré, si besoin est, la nécessité d'une gouvernance mondiale concertée. 

En outre, des enjeux et des défis nouveaux et complexes, l'évolution rapide de la société internationale aidant, ont rendu la nécessité d'une gestion globale et commune des affaires du monde plus qu'impérative. 

II-A la recherche d'une nouvelle gouvernance mondiale désespérément. 

1) Enjeux et défis posés à la communauté internationale

Dans un ordre international "mondialisé", marqué par la faillite des Etats, le dépassement du cadre national et la montée des sentiments régionaux[7], ethniques[8] et irrédentistes[9], des défis majeurs et des enjeux cruciaux vont, dans une large mesure, structurer les rapports mondiaux et déterminer l’avenir de l’humanité.

Le premier constat que tout un chacun peut faire, c’est que les problèmes mondiaux, tels que la dette publique colossale, le crime organisé, la question écologique, le terrorisme, la prolifération nucléaire et des guerres de nature nouvelle, dont les cyberguerres, transcendent les frontières nationales et pèsent lourdement sur le devenir de l’humanité.

Ceci est d’autant plus grave que les gardiens de l’ancien ordre, notamment les puissances occidentales, connaissent un affaiblissement certain. En effet, une nouvelle configuration de puissance est en gestation; l’Occident, et à sa tête les Etats-Unis[10], perd en puissance et en influence en faveur de l’Asie et des puissances montantes[11].

2) Pour une nouvelle gouvernance mondiale

Face à une société internationale en pleine mutation et à des enjeux qui bousculent tous les acteurs classiques, la configuration future de la gouvernance mondiale -les acteurs, les contours, les normes et les valeurs qui la soutendent- est pour le moment la grande inconnue. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le cadre de l’Etat en tant qu’acteur structurant les rapports mondiaux n’est plus pertinent…

Que les problèmes mondiaux deviennent de plus en plus compliqués et complexes et nécessitent des solutions globales... Que les limites de la planète supposent une prise de conscience mondiale de l’unicité de l’Humain et de son destin. Et que par conséquent, une gestion des affaires du monde d’une manière concertée est une nécessité impérative.

Ce qu’on ne sait pas, par contre, c’est la configuration de la gouvernance mondiale de demain; la réflexion devrait nécessairement porter sur cette question cruciale pour l’avenir de la société internationale et donc de l’humanité.

 


[1] George Brock Chisholm, Ancien directeur de l'Organisation Mondiale de la Santé. Source.

[2] Serge Sur, "Un monde en miette. Les relations internationales à l’aube du XXIème siècle", La documentation française, 2010, 246 pages.

[3] Propos de Paul Valery, tiré de l’avant -Propos de son livre "Regards sur le monde actuel", cité par Ph. Moreau Defarges, "La mondialisation", 2006, QSJ, p.3.

[4] Abdelmoughit Benmessaoud "Paix, dialogue et tolérance,… Le cas du Maghreb et du Moyen-Orient", Collection Confluences, 2e édition 2914, 137 pages.

[5] Tous les ouvrages de géopolitique, à quelques nuances près évoquent les mêmes enjeux et défis posés à l’humanité. Voir bibliographie jointe à cette note.

[6] Interview de Bertrand Badié, "La gouvernance mondiale au défi des grands enjeux: terrorisme, prolifération", Le Monde, 14 février 2007.

[7] Même dans les pays démocratiques, on y observe la même tendance; les exemples les plus significatifs sont ceux du Nord de l’Italie, de l’Ecosse et de la Flandre.

[8] C’est le cas du continent africain, certaines contrées de l’Asie et de l’Amérique latine.

[9] Pascal Boniface parle de "prolifération étatique" au moment où l’Etat nation se délite. In "Danger! Prolifération étatique", Le Monde Diplomatique, janvier 1999.

[10] Emanuel Emmanuel Todd, "Après l’empire, Essai sur la décomposition du système américain", Paris, Gallimard, 2002, 233 p.

[11] Pascale Boniface, la géopolitique, 40 fichés thématiques et documentées pour comprendre l’actualité, Edition Eyrolles, 199 pages. Voir tout particulièrement les pages 121-132 et 137-139.

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