San Bernardino, ville du désert californien devenue zone de guerre

(AFP)

Le 3 décembre 2015

Une fusillade qui a fait au moins 14 morts et 17 blessés a transformé mercredi la ville californienne de San Bernardino, déjà habituée à la violence des gangs, en véritable zone de guerre.

"J'étais à la station d'essence quand j'ai entendu des coups de feu. Plus d'une dizaine" raconte Paul George, surveillant dans un centre pour la jeunesse, Leaders'N Motion.

Ce jeune homme de 28 ans a passé presque toute sa vie à San Bernardino, située à l'entrée du désert californien et connue aux Etats-Unis pour avoir fait faillite en 2012 dans la foulée de la Grande Récession.

Il dit ne pas avoir eu peur en entendant la fusillade au centre Inland de soins pour handicapés, car il est habitué aux coups de feu.

"Il y a des gangs qui se font la guerre ici, le jour, la nuit", souligne-t-il.

Pourtant, malgré cette violence au quotidien, le comté de San Bernardino a connu mercredi sa pire fusillade jamais enregistrée de mémoire de résident.

"Je travaille pour la police depuis 26 ans et je n'ai jamais vu quelque chose comme ça", a affirmé à l'AFP Cindy Bachman, porte-parole de la police, à quelques centaines de mètres des lieux du crime.

Tout a démarré vers 11 heures du matin. Olivia Navarro, 63 ans, a reçu un appel de sa fille Jamile, qui travaillait dans ce vaste bâtiment brun et rouge situé près de la sortie de l'autoroute dans une zone industrielle, où les handicapés, en particulier les enfants, reçoivent des soins.

"Elle m'a dit +il y a des tireurs dans le bâtiment! On va s'enfermer dans une pièce et éteindre la lumière+", a raconté Olivia à l'AFP, les yeux rougis.

Sa fille "avait peur mais était calme", a précisé cette femme aux cheveux châtains coupés au carré, en robe fleurie.

"Je suis immédiatement venue ici", au plus près du bâtiment et des cordons de sécurité. Terrifiée, il lui a fallu plus d'une heure pour recevoir des nouvelles de sa fille, qui a finalement répondu à ses messages textos en disant qu'elle allait bien, et qu'elle avait été emmenée par les autorités dans le golf adjacent.

"Ce soir je vais pouvoir tenir ma fille dans mes bras mais je suis désolée pour les familles des victimes qui ne pourront pas le faire", se désole Olivia Navarro, des sanglots dans la voix.

- Chasse à l'homme -

Près d'elle, deux femmes se tiennent la main et prient à haute voix, tandis que derrière les cordons policiers des rescapés entrent dans un bus, le visage blême, certain rivés sur leur téléphone.

A l'entrée du site, les télévisions américaines diffusent les images de blessés étendus à même la chaussée, leurs vêtements étant découpés sur place pour effectuer les premiers soins. Certaines victimes visiblement choquées sont brancardées, d'autres transportées à mains nues, parfois installées à l'arrière d'un pick-up en attendant une ambulance. Dans la panique, certaines ont perdu leurs chaussures.

Une femme, apparemment atteinte à la jambe, boitille, soutenue par deux policiers qui ont enfilé des gants chirurgicaux.

Cinq heures après le début de la fusillade, des dizaines de voitures de police barraient toujours plusieurs périmètres très vastes: autour du centre Inland, mais aussi des kilomètres plus loin à Loma Linda, où ils tentaient de maîtriser plusieurs suspects.

"Reculez, ils peuvent venir de par là", intimaient à quelques journalistes des agents armés de fusils d'assaut, casques et gilets pare-balles kakis, se dirigeant vers une usine de boulangerie, sous le vrombissement d'hélicoptères survolant la scène.

Le sénateur républicain Jeff Stone, qui observait la scène près du Inland Regional Center, s'interrogeait: "est-ce du terrorisme intérieur? International comme en France?".

Les suspects qui selon la police étaient au moins deux, "semblaient bien organisés", remarque-t-il.

Interrogé sur l'intérêt de réglementer davantage l'accès aux armes face à la multiplication des fusillades meurtrières aux Etats-Unis, il s'est contenté de dire que la Constitution américaine garantit le "droit de porter des armes".

"Si on empêche à tout le monde le droit d'en porter, il n'y aura plus que les criminels qui y pourront se procurer des armes à feu", a-t-il conclu.

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Le 3 décembre 2015

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