Les Mauritaniens élisent leur président, pour le changement ou la continuité

(AFP)

Le 29 juin 2024

Les Mauritaniens votent samedi pour choisir entre le changement ou la continuité incarnée par le président sortant Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui a réussi à contenir la propagation jihadiste à la différence de ses voisins sahéliens.

Face à lui, six candidats promettent la première véritable alternance démocratique dans ce vaste pays désertique d'environ 4,9 millions d'habitants qui a connu une multitude de coups d'Etat de 1978 à 2008, avant de vivre en 2019 sa première transition entre deux présidents élus.

Les résultats devraient commencer à tomber samedi dans la soirée et être annoncés officiellement dans la journée de dimanche ou lundi.

A Nouakchott la capitale, des files d'électeurs se sont formées dans le calme dès l'ouverture des bureaux, a constaté l'AFP. Les inscrits ont jusqu'à 19H00 GMT pour voter.

Les femmes et les hommes font la queue séparément dans cette République islamique. Puis ils cochent sur un bulletin unique le nom d'un des candidats, numérotés et illustrés d'un symbole (balance, lion, palmier, cheval...) avant de déposer leur vote dans une urne cadenassée. Un isoloir - un rideau vert retenu par un cordon - est situé au fond de la salle.

"Je suis venu accomplir mon devoir civique pour parachever le processus démocratique entamé il y a quelques décennies", a déclaré à l'AFP Mohamed Salem M'Seika, 50 ans.

Une autre électrice, Barka Kharachi, 26 ans, attend de son côté "un grand changement" pour "balayer les hommes corrompus", dit-elle.

Les observateurs estiment que M. Ghazouani a des chances de l'emporter dès le premier tour. S'il y a un deuxième tour, il aura lieu le 14 juillet.

La campagne s'est globalement déroulée dans le calme.

Le président sortant se présente comme le garant de la stabilité de ce pays qui n'a plus connu d'attaque sur son sol depuis 2011 alors qu'elles abondent au Mali proche et au Sahel.

Depuis le début de la campagne qui l'a vu sillonner toutes les régions du pays, le chef de l'Etat promet "une victoire éclatante dès le premier tour".

Son effigie, barrée du slogan "le choix sûr", s'affiche partout et contraste avec les moyens déployés par les autres candidats.

M. Ghazouani a voté dans la matinée à Nouakchott. "Je félicite les Mauritaniens pour leur niveau de conscience élevé et leur esprit démocratique", a-t-il déclaré à la presse, "se félicitant du climat de paix et de tranquillité" depuis le début de la journée.

Le président sortant a fait de l'aide aux plus démunis et à la jeunesse ses chantiers prioritaires. En Mauritanie, les moins de 35 ans qui représentent plus de 70% de la population, partent de plus en plus vers l'Europe ou les Etats-Unis, poussés par l'espoir d'avoir une vie meilleure.

- Accusation de fraudes -

Après un premier mandat entravé par l'épidémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, M. Ghazouani espère réformer davantage au cours d'un second mandat grâce à des perspectives économiques favorables.

Sur la période 2024-2026, la croissance devrait être de 4,9% en moyenne (3,1% par habitant), grâce au lancement de la production de gaz au second semestre 2024, estime la Banque mondiale. L'inflation est passée d'un pic de 9,5% en 2022 à 5% en 2023, et devrait continuer à diminuer pour atteindre 2,5% en 2024.

Les deux principaux concurrents du président sont le militant des droits humains Biram Dah Abeid, deuxième des deux dernières présidentielles, et le président du parti islamiste Tewassoul, Hamadi Ould Sidi El Mokhtar, première force d'opposition à l'Assemblée nationale.

Les deux prônent un changement radical, "la fin de la gabegie et de la corruption", et une profonde réforme de l'éducation et de la justice.

Ils ont tous les deux voté dans la matinée.

M. Dah Abeid a assuré que "la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) complote avec les partisans de Ghazouani et les aide à acheter les voix des électeurs par l'argent public". Il a appelé ses soutiens à "combattre la fraude" par tous les moyens légaux.

Le second a dit "rester attentif à tout manquement".

Le gouvernement a mis en place un Observatoire national chargé de surveiller l'élection, que l'opposition dénonce comme un instrument de manipulation du scrutin. Six cents observateurs ont été déployés sur le territoire.

Peu d'observateurs internationaux ont fait le déplacement. L'Union africaine a envoyé 27 observateurs de court terme; l'Union européenne n'a pas déployé de mission, mais trois experts électoraux.

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Le 29 juin 2024

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