Cuba et la Corée du Sud se préparent à ouvrir leurs ambassades

(AFP)

Le 1 juillet 2024

Cinq mois après avoir rétabli leurs relations diplomatiques, Cuba et la Corée du Sud se préparent à ouvrir leurs ambassades. Un nouveau lien qui illustre "un changement de génération" sur l'île communiste, alliée historique de Pyongyang, et renforce la position de Séoul en Amérique latine, selon des analystes.

Après l'annonce surprise le 14 février du rétablissement des relations entre les deux pays à travers un échange de notes diplomatiques au siège des Nations Unies, l'ouverture d'ambassades pourrait désormais intervenir rapidement.

Des diplomates sud-coréens sont à La Havane depuis le 14 juin et commencent à "installer un bureau temporaire", a indiqué à l'AFP le ministère sud-coréen des Affaires étrangères, qui dit vouloir ouvrir sa mission diplomatique "dès que possible".

Du côté cubain, des fonctionnaires de l'île sont à l'oeuvre dans la capitale sud-coréenne afin d'ouvrir également l'ambassade au plus tôt, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Le ministère cubain des Affaires étrangères, sollicité par l'AFP, n'a pas donné suite.

Le rétablissement des relations entre les deux pays "illustre un changement de génération" à La Havane, analyse pour l'AFP Arturo Lopez-Levy, politologue cubain, alors que l'ex-dirigeant Raul Castro, 93 ans, a officiellement remis les rênes du pays en 2018 à Miguel Diaz-Canel, 64 ans.

Dès les années 2000, Cuba et la Corée du Sud ont opéré un rapprochement commercial, mais "l'une des considérations les plus souvent entendues du côté cubain était qu'il existait une relation spéciale entre les dirigeants historiques et la Corée du Nord", empêchant toute évolution, précise le chercheur associé à l'Université de Denver.

La Havane est un des rares alliés de Pyongyang et l'île des Caraïbes était jusque-là le seul des derniers pays communistes (Chine, Laos, Vietnam), à l'exception de la Corée du Nord, à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec Séoul.

Les premiers liens diplomatiques entre Séoul et La Havane ont été établies en 1949, avant d'être rompus dix ans plus tard à l'avènement de la révolution castriste, Cuba se tournant alors vers la Corée du Nord.

Durement sanctionnés par les Etats-Unis et solidaires dans un "front commun anti-yankee", Pyongyang et La Havane ont maintenu depuis une relation étroite et toujours vanté la "relation historique" entre Kim Il Sung, le dirigeant nord-coréen décédé en 1994, et Fidel Castro (1926-2016), le chef de la révolution cubaine.

- "Degré d'indépendance" -

Pyongyang a notamment envoyé ses diplomates se former à Cuba, lui a fourni des armes dans les années 80, tandis que l'île a été un des rares pays ignorant les sanctions internationales infligées à la Corée du Nord en raison de son programme nucléaire.

Mais ces relations pèsent peu économiquement, face à la dynamique commerciale de la Corée du Sud, dixième puissance économique mondiale.

Dès 2005, un bureau sud-coréen de promotion des investissements commerciaux a ouvert une représentation à La Havane. En 2012, pour la première fois en plus de 50 ans, une délégation officielle cubaine s'est rendue en Corée du Sud pour discuter "commerce".

En 2023, les exportations coréennes vers Cuba ont représenté 35,67 millions de dollars (plaques d'acier, pièces automobiles, voitures, générateurs...), selon des chiffres fournis à l'AFP par la représentation commerciale.

Aujourd'hui, alors que l'île a engagé des réformes libéralisant certains secteurs de l'économie face à une profonde crise et à la persistance de sanctions économiques américaines, La Havane "tente une coopération économique active avec la Corée du Sud", analyse pour l'AFP Kim Jong-won, chercheur à l'Institut pour la stratégie de sécurité nationale (INSS).

D'autant que le pays asiatique "a des programmes d'aide au développement (...) c'est une vraie offre" pour Cuba, souligne M. Lopez-Levy.

En parallèle, le rétablissement de ces relations représente un revers pour Pyongyang qui a dû être "choqué de voir Cuba établir des liens avec la Corée du Sud", relève Kim Jong-won.

Pour M. Lopez-Levy, la "Corée du Sud a réussi à saboter le discours de la Corée du Nord" qui donnait de Séoul "l'image d'un ennemi avec lequel il était impossible de s'entendre".

"Cela renforce la position diplomatique de la Corée en Amérique latine" et "donne l'image d'une politique envers les Amériques marquée par un haut degré d'indépendance vis-à-vis des États-Unis, son principal allié", estime le chercheur.

"Cela donne également de Cuba une image plus actuelle", ajoute-t-il.

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Le 1 juillet 2024

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