Chez les soignants militaires ukrainiens, la “conviction” comme remède à l'épuisement

(AFP)

Le 17 juin 2024

Quand il est devenu médecin pour l'armée ukrainienne, Vitaliï, conscient des "grandes responsabilités" qui l'attendaient, s'était promis de se préserver en évitant tout stress inutile, bien décidé à tenir sur la durée.

Après plus de deux ans de guerre, et alors que les soldats russes poussent toujours plus face aux rangs ukrainiens sur le front est, où il sert, la réalité met cette volonté à rude épreuve.

"Il y a un haut niveau (de fatigue), pour tout le monde, à tous les niveaux", confie à l'AFP le chirurgien en charge de ce point de stabilisation de la région de Donetsk, où sont envoyés les soldats blessés.

L'armée de Kiev fait face à une pénurie de recrues. Et l'épuisement des troupes, évident, est source d'inquiétude.

"L'ennemi attaque et avance, presse constamment... Donc les gars manquent de sommeil et sont épuisés", ajoute Vitaliï, 38 ans, après avoir soigné un militaire grièvement blessé.

"Ils sont tellement mal en point et misérables quand ils arrivent ici, ça te brise le coeur", raconte-t-il.

Les hommes de Moscou multiplient ces derniers mois la prise de petits villages.

Cette avancée, bien qu'à petits pas, porte un coup au moral des soldats, en plus de causer des pertes dans les rangs ukrainiens.

- Stress post-traumatique -

Le soldat que Vitaliï vient de soigner a été victime, comme beaucoup, d'une attaque de drones russes qui a tué un de ses camarades et blessé un autre.

Lui s'en est sorti, ses jambes devraient pouvoir être sauvées. Mais rien n'a pu être fait pour sa main, presque entièrement arrachée.

"On a stabilisé son état" avant qu'il ne soit hospitalisé, explique Vitaliï.

"Sans bonne médecine, il y aurait des pertes très lourdes", souligne Andriï, secouriste de 46 ans. Ce qu'il préfère, c'est voir "le regard des blessés quand on les ramène à la vie".

Les soignants, aux traits épuisés, ne cachent toutefois pas que tout cela leur pèse.

"C'est exactement comme si vous étiez sur une poudrière", décrit Vitaliï. Même au poste médical, "on s'attend à une frappe, car on n'est pas loin de la ligne de front", explique-t-il.

Les points de stabilisation, structures primordiales, sont souvent ciblés.

Face à cela, chacun compose comme il peut. Vitaliï, par exemple, tente d'évacuer la pression en faisant un peu de sport. Quelques pompes ici et là, ainsi qu'une sieste, quand c'est possible.

"Et bien sûr, la conviction qu'on peut encore survivre nous porte", assure-t-il, persuadé que l'Ukraine gagnera.

Andriï a une solution moins philosophique. Pour s'en sortir, "je prends des antidépresseurs", explique-t-il dans un éclat de rire.

Après deux ans sur le front, il se sait déjà incapable de "revenir à la vie civile" un jour, rongé par le "stress post-traumatique".

"Quand on est ici en permanence, avec le sang tout le temps, la mort tout le temps", les civils "ne nous comprennent pas et on ne les comprend pas", estime le secouriste.

"Tous ceux qui ont participé à cette guerre n'en reviendront pas, ni vivant ni mort".

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Le 17 juin 2024

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