Bénéfice record pour Lufthansa en 2015, malgré le crash Germanwings

(AFP)

Le 17 mars 2016

Le géant européen du transport aérien Lufthansa a enregistré en 2015 un bénéfice net record, grâce notamment au pétrole bon marché, en dépit de grèves et du crash d'un avion de sa compagnie Germanwings.

"2015 a été une année très très triste" au regard de la catastrophe aérienne survenue près d'un an plus tôt, "et une année des extrêmes", a déclaré d'entrée de jeu le patron du groupe Lufthansa, Carsten Spohr, lors d'une conférence de presse à Francfort (ouest).

C'est à la fois "de loin l'année la plus difficile émotionnellement dans l'histoire de Lufthansa et l'une de ses meilleures années financièrement", a-t-il expliqué.

Outre cette catastrophe le 24 mars 2015, le transporteur a affronté de nombreux débrayages l'an passé en réaction à ses projets de réduction des coûts, avec en novembre une grève de sept jours, la plus longue de son histoire, conduite par les personnels de cabine avec qui un terrain d'entente a depuis été trouvé.

Malgré tout, son bénéfice net s'est envolé, passant d'un maigre 55 millions d'euros en 2014 à environ 1,7 milliard d'euros, sous l'effet de prix du pétrole bas et d'une amélioration de son activité passagers. Lufthansa a ainsi surpassé les attentes des analystes.

Le groupe allemand, qui opère les vols passagers des compagnies Eurowings (qui chapeaute Germanwings), Lufthansa, Swiss, Austrian Airlines, et la société de fret aérien Lufthansa Cargo, a également profité d'une comparaison flatteuse. En 2014, il avait été fortement pénalisé par des débrayages à répétition et des charges exceptionnelles.

Après une année blanche en 2014, Lufthansa va de nouveau verser un dividende à ses actionnaires, de 0,50 euro par titre pour 2015, et affirme vouloir continuer à le faire dans les années qui viennent.

S'il s'agit du meilleur bénéfice de son histoire, le groupe évite de parler de record. "Une année avec 150 morts ne peut pas être une année record", a asséné M. Spohr.

- Développer le low-cost -

La catastrophe aérienne n'a pas fortement pesé financièrement sur l'entreprise, les assureurs prenant en charge l'essentiel des frais.

M. Spohr a salué jeudi les recommandations du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français. Ce dernier a conclu que la tragédie avait été provoquée par le copilote Andreas Lubitz, en proie à des problèmes psychiques, et prôné un contrôle médical accru des pilotes et une levée du secret en cas de troubles psychologiques.

Le crash n'a pas non plus fait dévier Lufthansa de sa stratégie consistant à développer les services premium d'un côté et étoffer son offre à bas coûts via Eurowings de l'autre. Lufthansa entend ainsi affronter la concurrence des compagnies du Golfe dans le haut de gamme et d'EasyJet et Ryanair dans le low-cost.

Eurowings opère depuis 2015 la flotte de Germanwings, compagnie née en 2002 et qui a enregistré en 2015 "des bénéfices pour la première fois", selon la directrice financière Simone Menne. Lufthansa veut en faire le numéro 3 européen du low-cost, mais cela pourrait peser sur les marges du groupe.

Le chiffre d'affaires de Lufthansa, aidé par une bonne saison d'été, a grimpé de 7% à 32,1 milliards d'euros l'an dernier, légèrement plus qu'attendu.

Pour 2016, le groupe table sur un net recul de ses coûts de carburant à 4,8 milliards d'euros, un milliard d'euros de moins qu'en 2015. Les coûts de fonctionnement doivent aussi baisser, avec notamment remplacement de certains appareils par des avions moins gourmands en kérosène.

Lufthansa prévoit une "légère" amélioration de son bénéfice d'exploitation Ebit ajusté, sa mesure de référence, hors frais liés à d'éventuelles grèves. En 2016, les "défis vont augmenter" dans un "environnement très volatile", a averti M. Spohr.

En 2015, l'Ebit ajusté a grimpé de 55% à 1,82 milliard d'euros. Le transport de passagers a doublé sa performance opérationnelle, à 1,5 milliard d'euros, tandis que celui de la division de fret, pénalisée par les surcapacités du marché, a chuté de 40% à 74 millions.

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Le 17 mars 2016

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