Placements en 2020 : actions ou obligations ? Les avis des opérateurs divergent

M. Ett. | Le 14/4/2020 à 15:25

Les taux obligataires pourraient continuer à baisser en 2020. Mais à la bourse de Casablanca où les cours ont chuté, les opérateurs manquent de visibilité. Il est difficile de tracer une stratégie d’investissement pour l’année en cours. Voici ce qu’en pensent les opérateurs du marché. 

Malgré un contexte économique et budgétaire difficile, les rendements obligataires devraient continuer à baisser en 2020, pour la deuxième année consécutive et sur l’ensemble des segments, prévoit CDG Capital dans une note macro-économique analysant, entre autres, l’impact de la crise du Covid-19 sur le marché des taux.

En face, le marché boursier a subi une forte baisse des cours à cause de la panique et le manque de visibilité générés par la crise du Covid-19. Les opérateurs sont toujours dans l'attentisme et aucune tendance ne se dessine pour l'instant.

A l’issue de la séance de cotation de ce mardi 14 avril, le MASI a reculé de 23,65% en YTD.

Evolution du MASI

Graph MASI


Devant cette situation, que faut-il faire ? S'orienter vers le marché Actions pour profiter des cours bas s'achant que les rendements obligataires vont continuer à baisse ? Ou s'orienter vers le marché des bons du Trésor qui demeure plus sûr dans ce contexte d'incertitude ?

Selon Bachir Tazi, directeur de CFG Bank Capital Markets, « c’est très compliqué de répondre à cette question. Il y a plusieurs paramètres qui rentrent en jeu. Effectivement, les niveaux de valorisation ont pas mal baissé sur le marché Actions. Ceci dit, ils sont basés sur les résultats 2019 des sociétés cotées qui étaient relativement bons. Le problème c’est qu’on n’a toujours pas de visibilité sur la croissance bénéficiaire en 2020 qui va être obligatoirement impactée par la crise du Covid-19. Globalement toute la cote sera impactée, à des degrés différents». 

>>> Lire aussi : Sociétés cotées : en 2019, baisse des bénéfices à cause d'IAM et des dividendes à cause du Coronavirus

Il faut intégrer un autre paramètre à ces projections. Il s’agit de « la liquidité du marché ».

Notre interlocuteur explique : « juste avant le début de la crise actuelle, il y avait une liquidité abondante chez certains institutionnels locaux. Avec la problématique du rendement qu’ils avaient, à cause de la baisse des taux, ils étaient obligés d’orienter une bonne partie de leurs investissements vers le marché actions ». 

Mais la situation de la liquidité a changé : circulation fiduciaire en hausse, rentrées de devises en baisse... De même, les besoins de financement du Trésor risquent d'augmenter compte tenu de la crise sanitaire.

« Si la situation des taux bas est amenée à changer, la prime de risque du marché actions va changer également. La politique d’investissement sur le marché actions va changer en fonction de ce paramètre. El les investisseurs vont se réorienter vers le marché des taux », continue-t-il.

Pour le moment, il n’y a que des interrogations et des hypothèses concernant l’évolution de la courbe des taux en 2020. Face à cette situation, « on peut avoir une réponse partielle », souligne Bachir Tazi. 

« Pour les investisseurs long-termistes, ils devraient commencer à initier leur expositions sur le marchés actions dès maintenant. La clé c’est la capacité de l’investisseur à garder une exposition dans le temps. Cette décision dépend alors de l’exigibilité de l’investissement. Il faut noter que l’investissement long-terme n’est pas propre aux institutionnels. Les particuliers peuvent aussi avoir des placement long-terme », explique notre interlocuteur.

Ce type d’investisseurs peut donc se placer sur le marché actions, mais il faut le faire « d’abord, d’une manière graduelle et puis d’une manière sélective. Il faut viser les secteurs ou les sociétés qui devraient résister à la crise ou qui devraient être moins impactées en comparaison avec les autres sociétés cotées», précise-t-il.

Il faut donc avoir une stratégie axée sur les valeurs appartenant aux secteurs défensifs tels que les Télécoms (Maroc Telecom), Gaz, Eau et électricité (Lydec et Taqa Morocco), Agroalimentaire (Cosumar,…) et Grande distribution (Label’Vie). 

Les autres secteurs sont à éviter. Les secteurs cotés qui sont les plus exposés au risque seraient le tourisme, l’activité portuaire, les mines et l’IT (Technologie de l’information), d’après Attijari Global Research. 

Pour l’instant, « il est encore trop tôt pour se prononcer sur les investissements court-terme », pense notre source.

Il importe de faire le point sur l’évolution actuelle du marché actions. Dans un précédent article, Bachir Tazi nous a parlé de trois épisodes par lesquels le marché doit passer. A présent, « on est dans la deuxième phase [phase d’attentisme, ndlr]. Celle-ci qui va encore durer. Elle va être probablement plus longue que la première phase. Celle-ci était brutale et psychologique et a duré trois semaines. Maintenant, avec la deuxième phase on voit un engagement beaucoup moins important de la part des investisseurs institutionnels. Les volumes quotidiens sont en baisse, ils se situent en moyenne à 70-80 millions de DH contre 350 millions de DH lors de la première phase. L’épisode trois [phase de l’ajustement et prise de décisions, ndlr] devrait intervenir au moment où on aura plus de visibilité sur l’impact u Covid-19 macroéconomique.

« Les investisseurs vont naturellement s’orienter vers les Bons du Trésor »

D’après un gestionnaire de fonds de la place, face à la baisse des cours à la bourse de Casablanca et avec l’incertitude actuelle « les investisseurs vont naturellement s’orienter vers les Bons du Trésor, qu’il y ait baisse des taux ou pas ».

Toutefois, « ce n’est pas sûr que cela va se produise pour le moment vu qu’il y a un problème de liquidité qui risque de se détériorer », conclut-il.

 
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