Bourse de Casablanca : Faut-il rétablir les anciens seuils maximum de variation des cours ?
Cette question ne peut avoir une réponse tranchée pour le moment. L’une de nos sources estime que les seuils maximums réduits, instaurés après le déclenchement de la crise Covid, limitent les transactions et vu qu’on commence à avoir plus de visibilité, les limites antérieures peuvent être rétablies. Une autre trouve qu’il est encore tôt.
L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) avait réduit les seuils maximum de variation des cours en bourse pour limiter leur chute à cause de la crise Covid. Cette décision est entrée en vigueur il y a à peu près un an, plus précisément, mardi 17 mars 2020.
Elle a été prise quand la bourse était en proie à une grande panique causée par la crise sanitaire qui s’est traduite par une chute qutodienne des cours atteignant le maximum des 10%. En l’espace de 24 séances seulement, la chute du MASI avait atteint -27%.
Depuis la décision de l'AMMC, la variation quotidienne du cours d’un instrument financier ne peut excéder les seuils suivants :
- 4% du cours de référence pour les titres de capital dont la cotation est en mode continu ;
- 2% du cours de référence pour les titres de capital dont la cotation est en mode fixing ;
- 2% du cours de référence pour les titres de créance ;
- 10% du cours de référence pendant les 5 premières séances de Bourse qui suivent l’admission d’un instrument à la cote de la Bourse des valeurs.
Mais le MASI a affiché des signaux de redressement dès le mois de septembre dernier. Avant la fin de l’année 2020, il avait déjà épongé 89% de ses pertes. Et il a commencé l’année 2021 sur le bon pied. A la clôture de la séance de ce lundi 8 février, le MASI avançait de 3,70%, cumulés depuis le début de cette année.
De plus, plusieurs experts anticipent un arbitrage en faveur du marché Actions en 2021, vu que les taux continuent de baisser.
Evolution du MASI
Graph MASI
Face à la reprise du marché et les anticipations favorables quant à l’évolution de la bourse, la question qui se pose est de savoir s’il est toujours pertinent de garder les seuils limités de variation maximale de cours en bourse ?
Sollicité par LeBoursier, le directeur d’une société d’intermédiation boursière, préférant s’exprimer sous couvert d’anonymat, estime qu’il n’est pas facile d’avoir une seule réponse à cette question.
Et d’expliquer : « si je prends la casquette d’un Broker, je dis que cette limitation n’est pas bonne pour l’activité. Car avec la limitation des seuils de variation, il y a forcément moins d’activité. La plage de variation des cours est petite, du coup, à chaque fois il y a un titre qui ne peut plus être échangé parce qu’il a été réservé à la hausse ou à la baisse rapidement ».
« On avait milité auparavant pour qu’on n'ait plus les limitations par rapport à la plage horaire de la cotation. Cela réduisait beaucoup les transactions. On est maintenant revenus à l’horaire normal. Sur les variations de cours, on attend toujours. J’estime que maintenant qu’on a plus de visibilité, les variations normales des cours devraient être rétablies », ajoute-t-il.
En même temps, il ne faut pas oublier que ces limitations sont mises en place pour la bonne cause. « Il y a bien une raison pour qu’on continue d’avoir cette limitation parce que les autorités disent que certes, le pire est derrière nous, mais ce n’est pas encore fini. La réponse à cette question dépend donc de la casquette que l’on met », affirme notre interlocuteur.
"Il faut attendre la fin de la campagne de vaccination"
Un analyste de la place, lui, trouve qu’il est encore tôt pour enlever ces limitations. « Je crois qu’il faut encore du temps avant d’enlever ce plafonnement. Il faut qu’on commence d'abord à voir vraiment le bout du tunnel. Cela pourrait être possible quand la campagne de vaccination sera bouclée », estime-t-il.
Malgré le fait que le MASI est en hausse actuellement et que les anticipations des professionnels sont positives par rapport à l’évolution du marché boursier, cette période reste critique. « Le MASI est maintenant à plus de 3%. Mais, rien ne garantit qu’il va continuer à suivre cette trajectoire haussière. Il y a toujours un petit risque d’effondrement du marché ».
S’ajoute à cela le fait que le marché n’est pas efficient. « Le marché casablancais ne reflète pas concrètement l’information disponible. Ce plafonnement permet, surtout en période de crise, de stopper la surreaction des investisseurs en moment de panique », souligne-t-il.
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