Bons du Trésor: les taux quasi-stables en 2018 ?

Abir Labied | Le 16/4/2018 à 22:21

Sur le marché des adjudications, les taux des bons du Trésor ont globalement enregistré une baisse depuis le début de l’année. Comment est expliquée cette évolution? Et quelles en sont les perspectives pour le reste de l'année?

 

A fin mars 2018, les taux des bons du Trésor ont reculé pour la plupart des maturités. Pour le reste (une minorité), les taux ont stagné par rapport à fin 2017 (voir le tableau ci-dessous).

A l’issue de la séance d’adjudication du 10 avril, les taux des bons à court terme ont affiché une baisse sauf pour la maturité de 26 semaines dont le taux a stagné à 2,19%, selon les données de BMCE Capital Markets.

Les bons à 13 semaines, quant à eux, ont été souscrits à 2,15%, soit un rendement inférieur à celui de la fin de l’année de 2 points de base.

Concernant les bons du Trésor à 52 semaines, ceux-ci ont été cédés à 2,30%, en retrait de 7,9 points de base, soit la plus forte baisse enregistrée.

Les rendements des bons à moyen terme ont suivi cette même tendance baissière : les bons de 2 ans et de 5 ans offrent un rendement de 2,44% et de 2,76% respectivement, en recul de 6,5 et 0,1 points de base par rapport à fin décembre 2017.

Pour les longues maturités, les bons dont l’échéance est de 20 ans offrent actuellement un rendement de 3,98%, en baisse de 1,4 point de base.

Concernant les maturités de 15 et 30 ans, les taux ont stagné par rapport à la fin de l’année en s’établissant à 3,67% et 4,42% respectivement.

Source: BMCE Capital Markets

Une demande "consistante" face un retrait de l’offre

Il faut noter que la baisse des taux des bons du Trésor qui a marqué le premier trimestre 2018 cache une légère hausse enregistrée en janvier.

Selon un opérateur du marché préférant s'exprimer sous couvert d’anonymat, cette hausse trouve son origine dans l’entrée en vigueur de la réforme du régime de change.

Il explique: la réforme a eu un impact psychologique sur le marché lié, entre autres, aux craintes à moyen et à long terme quant aux retombées de ce nouveau régime sur la courbe des taux.

Néanmoins, « on ne peut parler de hausse à proprement dit vu qu’elle est très légère ; il s’agit d’une correction qui a fini par s’estomper », précise notre interlocuteur.

D’ailleurs, la légère baisse qui a suivi cette phase (en février et mars) reflète la dissipation des craintes des investisseurs suite aux communications et éclaircissements de la Banque centrale sur la réforme ainsi que l’observation d’une certaine stabilité au niveau du marché.

Encore une fois, concernant cette phase, notre interlocuteur précise qu’il ne s’agit pas d’une baisse mais d’un "petit flottement baissier" reflétant une absence de pressions exercées par le Trésor sur le marché.

C’est ainsi que la baisse globale des taux des bons du Trésor est intervenue au titre de ce premier trimestre.

Dans ce sens, une question se pose : comment ont évolué l’offre et la demande pour ces titres, principaux paramètres de l’évolution de la courbe des taux ?

> L’offre :

Selon notre source, voici ce qui explique la baisse de l’offre durant ce premier trimestre 2018 :

Le Trésor a levé un montant de 7,1 MMDH pendant le mois de janvier uniquement, ce qui l’a poussé à réduire ses levées les mois suivants afin de normaliser leur rythme, engendrant ainsi le léger glissement des taux.

A titre de rappel, « étant donné que le déficit budgétaire devrait converger vers 3% du PIB cette année, soit à peu près 30 MMDH, les besoins "normatifs" du Trésor doivent être compris entre 6 MMDH et 9 MMDH par trimestre », indique notre spécialiste.

Quant au pic enregistré pendant le mois de janvier, celui-ci a un caractère saisonnier d’après notre source. En effet, chaque début d’année est marqué par un tel mouvement justifié soit par des apurements d’arriérés, soit par un rattrapage par rapport au budget précédent…

Notons par ailleurs qu’à fin mars 2018, la levée nette du Trésor s’établit à 10,9 MMDH contre 13,7 MMDH un an auparavant.

> La demande :

Pour ce premier trimestre 2018, il s’agit d’une demande « consistante » selon notre interlocuteur. Ce n’est pas surprenant.

En effet, l’absence d’alternatives de placement à liquidité et à profondeur comparables est à l’origine de cette demande soutenue des bons du Trésor.

Le deuxième facteur est lié aux contraintes réglementaires qui pèsent sur certains investisseurs, limitant ainsi leur exposition à d’autres actifs que les bons du Trésor (exemple: les assureurs ne peuvent pas investir sur le marché actions au-dessus d’un certain seuil fixé).

C’est ainsi que les plus gros des flux sont canalisés au niveau du marché obligataire et particulièrement dans des bons du Trésor.

En outre, notons que la demande globale en bons du Trésor pendant ce trimestre s’élève à 102,6 MMDH contre 146,5 MMDH un an auparavant.

Ce qui nous permet d’obtenir un taux de satisfaction (montant retenu par le Trésor par rapport à la demande) de 21%, soit le même niveau qu’à fin mars 2017.

Ainsi, cette demande continue et « consistante » couplée à une offre en retrait explique la tendance baissière des taux.

Des levées importantes se préparent à l'international

Par ailleurs, notons que le Trésor a prévu un recours importantau financement à l’international pour cette année.

Notre interlocuteur rappelle que le besoin de financement du Trésor est de 33 MMDH pour l’année 2018, selon la dernière loi de finances, dont 14 MMDH à lever en interne et 19 MMDH en externe.

Ainsi, « contrairement aux 3 dernières années, le besoin de financement à l’international est plus important qu’au niveau local », affirme la source.

Cette réorientation de la politique de financement vers les marchés internationaux devrait réduire l’offre locale et donc soutenir la baisse des taux des bons du Trésor.

Prévisions: quasi-stagnation des taux pour l'année 2018

Concernant les perspectives du marché des adjudications, « la tendance semble assez calme pour l’ensemble de l’année», selon notre source.

Il ajoute : « les taux devraient rester quasi-stables ou enregistrer une légère baisse suivant la tendance de l’année dernière».

Concernant ce premier trimestre, « il n’y a pas eu de tendance franche à mon avis, c’est un trimestre sans couleur », conclut notre interlocuteur.

 

 

 

 

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