Bons du Trésor : fort dynamisme en 2020, le flou persiste pour 2021

M. Ett. | Le 4/1/2021 à 15:08

En 2020, le marché des Bons du Trésor a été marqué par une forte hausse des levées de l'Etat qui a été accompagnée favorablement par les investisseurs. Pour 2021, le flou sur l'évolution du marché règne toujours.

Le marché des Bons du Trésor a connu un fort dynamisme en 2020. Cela est lié en grande partie à la hausse des besoins de financement de l'Etat à cause des impacts de la crise du Covid-19.

D’après le directeur d’une salle des marchés de la place, « l’année 2020 a connu un fort besoin de financement du Trésor. Il a beaucoup levé sur les deux marchés (national et international) et il a clôturé l’année avec une levée exceptionnelle de 3 milliards de dollars. Le Trésor levé à peu près 130 milliards sur le marché intérieur. Et en fin d’année, il a racheté de la dette. Il a également remboursé une partie de la ligne de précaution et de liquidité du FMI et il a réduit son exposition sur le marché intérieur ».

Le Maroc a en effet procédé le 21 décembre 2020 au remboursement par anticipation au FMI d’un montant de 651 millions de DTS (Droits de Tirage Spéciaux), soit l’équivalent de près de 936 millions de dollars américains ou 8,4 milliards de dirhams. Cette opération sera effective le 8 janvier 2021.

Et d’ajouter : « On n’a toujours pas le détail des levées totales du Trésor au 2ème semestre. De plus, à part ce qui a été effectué sur le marché, il faut prendre en compte aussi les accords bilatéraux qui ont été réalisés par le Trésor avec par exemple la BERD, la SFI et autres. On attend que le Trésor publie tous les détails ».

Commentant ces réalisations, notre interlocuteur souligne que : « on voit bien qu’une gestion active et optimale de la dette interne et externe a été faite ».

De plus, cette gestion a été réalisée dans un contexte de crise. « Il ne faut surtout pas oublier que c’était une année très difficile. Il fallait répondre rapidement aux besoins de financement de l’économie, accompagner les établissements publics et les entreprises et également accompagner principalement le secteur de la santé dans cette pandémie. Dans ce cadre, plusieurs investissements ont été réalisés que ce soit en matériels et équipements, mobilisation du personnel, mobilisation des locaux pour mettre en place des unités de soins dans plusieurs régions du royaume. Cela a nécessité pas mal d’investissements. S’ajoute à cela les impacts de la mauvaise campagne agricole qu’on a connu en 2020. Tout cela a nécessité une forte mobilisation de fonds », rappelle-t-il.

La demande exprimée par les investisseurs a accompagné la hausse des besoins du Trésor. « Globalement, en 2020, il y a eu une forte demande sur le marché. Cela a favorisé la baisse de la courbe des taux. Mais, après le mois de novembre, le marché s’est un peu calmé dans le sens où les investisseurs cherchaient un rendement plus intéressant ».


Retour sur l’évolution de la courbe des taux en 2020

La courbe des taux a clôturé l’année 2020 sur une tendance baissière. « Cette tendance baissière a été entamée depuis le mois de mars et s’est poursuivie jusqu’au mois de novembre. La baisse a été favorisée par la forte demande de la part des investisseurs et, aussi, par la baisse à deux reprises du taux directeur. Par la suite, au cours du mois de novembre, et vu l’importance des besoins qui ont été annoncés par le Trésor, il y a eu une remontée des taux », rappelle notre source. 

A rappeler que Bank Al-Maghrib a baissé à deux reprises le taux directeur durant l’année 2020. La baisse a porté sur 75 points. Le taux directeur se situe maintenant à 1,5%.

Cette légère hausse des taux en novembre ne s’est pas poursuivie. « On s’attendait à ce que le Trésor lève beaucoup plus sur le marché. Mais, après la dernière sortie du Trésor à l’international en levant 3 milliards de DH, il y a eu une nouvelle baisse de la courbe en fin d’année », explique notre interlocuteur.

Cette nouvelle baisse s’explique par le fait que « le marché ne s’attendait pas à ce fort niveau de levée à l’international, de plus, il y a eu des rachats de la part du Trésor sur le marché », continu-t-il.

Ainsi, « les opérations qui ont été réalisées par le Trésor à la fin de l’année 2020 ont fait que la courbe des taux s’est aplatie », ajoute notre source.

Quid de l'évolution du marché des bons du Trésor en 2021 ? 

Pour 2021, « on espère que le pire est derrière nous et que tout va être arrangé. L’arrivé du vaccin donnera plus de confiance. La banque centrale a baissé le taux directeur en 2020. Cela devrait faciliter l’accès au crédit en cette année. Les banques jouent le jeu également et s’appuient sur les différents moyens mis en place par la CCG. On espère qu’on assistera à une reprise de la consommation et un dynamise de l’économie grâce à ces efforts », estime notre interlocuteur.

Dans ces conditions, et avec la dernière sortie à l’international du Trésor et les rachats qui ont été effectués à la fin d’année, « on peut dire que le Trésor est maintenant plus ou moins à l’aise, d’autant plus qu'il a levé une majorité des tombées court-terme qu’il avait prévu pour ce premier trimestre, c’est pour cela qu’il a réalisé des rachats à la fin de l’année 2020 ».

Il y aura de la demande en ce début d’année. « Les investisseurs veulent remettre les montants qui ont été rachetés à la fin de l’année 2020 sur le marché », anticipe notre source.

Toutefois, le manque de visibilité persiste sur le marché et les prévisions restent très prudentes. Notre interlocuteur estime qu’actuellement « il est trop tôt pour prédire l’évolution de la courbe des taux ou du marché de la dette en général. On n’a pas encore de la visibilité. On vient de démarrer cette année. On attend de voir l’annonce du Trésor par rapport à son besoin pour le premier mois de l’année. Et il n’y a pas que cet élément, d’autres facteurs détermineront l’évolution du marché ».

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