La Radeema va lancer de nouveaux investissements en faveur de l'environnement

En matière de développement durable, la Régie autonome de distribution d'eau et d'électricité de Marrakech (Radeema) fait aujourd'hui figure de référence. Un statut qu'explique notamment la mise en place, en 2011, de la station de traitement et d'épuration des eaux usées (STEP), qui a nécessité une enveloppe de 1,2 milliard de dirhams. Un projet audacieux, dans une ville dont le stress hydrique est structurel. Mais pour quel bilan ? Le point avec Adil Daoudi, directeur adjoint de la Radeema.   

La Radeema va lancer de nouveaux investissements en faveur de l'environnement

Le 16 novembre 2016 à 17h02

Modifié 16 novembre 2016 à 17h02

En matière de développement durable, la Régie autonome de distribution d'eau et d'électricité de Marrakech (Radeema) fait aujourd'hui figure de référence. Un statut qu'explique notamment la mise en place, en 2011, de la station de traitement et d'épuration des eaux usées (STEP), qui a nécessité une enveloppe de 1,2 milliard de dirhams. Un projet audacieux, dans une ville dont le stress hydrique est structurel. Mais pour quel bilan ? Le point avec Adil Daoudi, directeur adjoint de la Radeema.   

Médias24 : Marrakech est une ville qui n’a pas opté pour la gestion déléguée. Malgré cela, Radeema est considérée comme un exemple. Qu’est-ce qui explique ce statut?

Adil Douadi : Nous nous distinguons par nos projets précurseurs en matière de protection de l’environnement et d’économie de l’énergie. Je fais allusion au projet de réutilisation des eaux usées. Une première et une réussite à l’échelle nationale en termes d’économie d’eau.

Nous bénéficions également de l’implication de tout le personnel dans la politique d’amélioration continue, qu’il s’agisse de la qualité de service ou la sauvegarde de l’environnement, mais aussi pour renforcer la capacité du personnel en termes de formation. La Radeema a bien capitalisé sur le savoir-faire de son personnel, et ce, sur les trois volets : eau potable, électricité et assainissement. 

Quant au mode de gestion, la Radeema est soumise au contrôle d’accompagnement, sur la base de contrats-programmes signés avec l’État. Nous sommes passés par deux périodes de contrat-programme : 2010-2012 et 2013-2016. Et nous nous apprêtons à conclure un nouveau contrat-programme, pour 2017-2021, avec un volume d’investissement de 1,8 MMDH. L’investissement est également un levier distinctif pour la ville de Marrakech.

-Qu’est-ce que vous conseillez aux villes qui ont fait appel à la gestion déléguée?

-La gestion déléguée reste un mode de gestion parmi d’autres. Le plus important, c’est d’être une entreprise citoyenne.  Et surtout de capitaliser sur le savoir-faire des ressources humaines. Le rayonnement d’une entreprise est tributaire de l’implication de son personnel.

-Vous vous positionnez pour le développement durable et la protection de l’environnement. Or, à Marrakech, les espaces golfiques sont nombreux. Et comme vous le savez, les golfs gaspillent beaucoup d’eau. Comment gérez-vous cette situation?

-La ville de Marrakech se caractérise par un stress hydrique structurel. Le déficit s’y chiffrera, en 2030, à environ 200 millions de mètres cubes par an. Paradoxalement, vous trouvez que l’activité touristique, notamment le tourisme d’élite, reste l’attrait principal de la cité ocre.

Pour la Radeema, il s’agissait de trouver un compromis entre ces deux situations, pour mieux gérer les besoins de cette ville, tout en répondant à la problématique de la limitation des ressources. L’idée est de changer les situations de menaces en opportunités.

À ce titre, il a été décidé, en 2006, de mobiliser les eaux usées de la ville en tant que ressource alternative et renouvelable pour l’alimentation des espaces verts. Actuellement, le potentiel disponible est de 33 millions de mètres cubes. Ce volume annuel peut desservir tous les golfs, qui sont aujourd’hui au nombre de 9.

En clair, la réutilisation des eaux usées s’opère jusqu’au stade tertiaire, ce qui permet d’équiper les réseaux de distribution qui vont jusqu’aux golfs, en livrant une eau en adéquation avec les critères sanitaires.

Le tout s’inscrit dans l’objectif de satisfaire les besoins en irrigation, sans puiser dans les ressources conventionnelles, à savoir les eaux de surfaces et les eaux souterraines. La mobilisation des eaux usées pour l’irrigation des espaces verts a permis de réduire le recours aux ressources conventionnelles. 8 millions de mètres cubes, soit l’équivalent de 17% des besoins annuels de la ville, auraient pu être puisées dans la nappe. Désormais, toute cette quantité est mobilisée pour d’autres secteurs, notamment l’agriculture, l’eau potable, etc.

C’était une solution qui répond à des exigences contradictoires : traiter l’eau et la mobiliser pour faire face au stress hydrique.

-Est-ce que vous avez prévu de travailler sur le khettaras?

-Les khettaras sont un patrimoine de la ville. Elles ne relèvent pas des compétences de la Radeema. Mais dans nos projets d’aménagement, nous évitons de polluer les khettaras par les eaux usées brutes.

-Un premier bilan de la station d’épuration?

-Depuis son inauguration par Sa Majesté, en 2011, la station a livré environ 24 millions de mètres cubes pour la réutilisation et l’irrigation des espaces verts et de la palmeraie. Elle a permis de traiter annuellement 37,5 millions de mètres cubes d’eaux usées produites à Marrakech. Cela représente tout de même une grande quantité d’eau polluée que nous avons traitée avant qu’elle n’atteigne le milieu naturel.

Sur le plan de la capitalisation du savoir-faire, les équipes se sont bien améliorées. Aujourd’hui, on peut dire que la Radeema dispose d’un savoir-faire honorable.

-Avez-vous atteint vos objectifs en termes de limitation des émissions de gaz à effet de serre?

-La station d’épuration est dotée d’une unité de valorisation de biogaz, qui est productible par le procédé de traitement des boues issues des eaux traitées. 

Nous produisons quotidiennement 20.000 mètres cubes de biogaz qu’on réutilise pour produire 30 MGWH (mégawattheures) d’électricité par jour. Cela permet de couvrir à peu près 50% des besoins énergétiques propres de la station, tout en évitant l’émission de 62 tonnes équivalent en CO2 de gaz à effet de serre. C’est une contribution directe à l’atténuation des effets du changement climatique.

Dans un degré moindre, en termes d’efficacité énergétique, la Radeema promeut l’utilisation des lampes à basse consommation d’énergie. Lors des trois dernières années, nous en avons distribué 105.000. Nous en distribuerons 100.000 durant la phase 2016-2017.

-Et au niveau des nuisances olfactives?              

-Avant la mise en place de la station d’épuration, Marrakech comptait quatre points de rejet direct d’eaux usées brutes. Ces rejets se faisaient dans les milieux naturels, aux entrées de la ville. Il était non seulement question de nuisances olfactives, mais aussi visuelles, avec en prime des problèmes de pollution.

Les efforts déployés par la Radeema ont permis de collecter ces eaux usées et de les concentrer en un seul point, celui de la station d’épuration. Les points de nuisances ne sont donc plus éparpillés. Or, la station d’épuration est elle-même dotée d’une unité de traitement de l’air vicié. 

Cet air est extrait au niveau des ouvrages où se concentrent les mauvaises odeurs, notamment dans la partie de prétraitement et celle du traitement des boues. En fin de compte, même la conception de la station tient compte de cette dimension.

-Des projets à venir?

-Dans la continuité de nos actions environnementales, je peux citer deux projets importants, lesquels sont actuellement en phase de démarrage pour être prêts vers juin 2018 : il s’agit de l’extension de la station d’épuration, avec une augmentation de 35% de la capacité de traitement primaire et secondaire, pour un montant de 246 millions de DH HT.

Il y a également le projet de séchage solaire des boues d’épuration, chiffré à 144 millions de DH HT. À ce titre, le traitement des eaux génère des quantités énormes de boues.

Aujourd’hui, nous générons environ 150 tonnes par jour de boues avec une siccité de 21%. L’objectif est de porter cette siccité à 80% [ndlr: pourcentage de matières sèches], dans l’objectif de la valoriser ultérieurement dans l’industrie ou l’agriculture, si le contexte réglementaire le permet.

Nous avons opté pour un séchage solaire en tirant profit du cadre bien ensoleillé de la ville. Le recours à cette technique permet d’économiser de l’énergie et nous dispense notamment de l’achat à la source de 80 barils de pétrole nécessaire au séchage. Autrement, Marrakech nécessiterait à peu près cinq mégawatts thermiques pour sécher les boues, soit 120 MGWH par jour.

-La protection de l’environnement a un coût et vous avez investi des sommes considérables. Pour les usagers, est-ce que cela s’est converti en augmentation des tarifs?

-À Marrakech, les dernières augmentations tarifaires en matière d’assainissement datent de 2006. Cela est en grande partie dû au schéma financier de nos investissements reposant sur trois volets :

le premier concerne le modèle des régies, qui est intéressant dans le sens où il y a l’aspect multiservice. Celui-ci permet de compenser les charges d’investissements par une sorte de mutualisation entre la distribution d’eau, d’électricité et les activités d’assainissement.

Les subventions de l’État dans le cadre du programme national d’assainissement liquide, qui appuient les structures opérant dans l’assainissement, y sont également pour beaucoup.

Enfin, le troisième vecteur tient au fait que nos projets sont conçus dans le cadre d’un partenariat public-privé, de telle sorte que les bénéficiaires prennent en charge la composante qui leur incombe. À savoir la composante de réutilisation des eaux. Pour sa part, la Régie prend en charge, avec la contribution de l’État, leur traitement primaire et secondaire.

 

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