Pour le moment, c'est surtout Abdelilah Benkirane qui a les cartes en main. Car il a obtenu suffisamment de réponses encourageantes qui lui donnent une certaine marge de manœuvre.

Le chef du PJD peut compter sur un accord de principe ou un accueil favorable du PPS, de l'Istiqlal, de l'USFP et du MP. De quoi constituer une majorité de 230 sièges. Le MDS de Abdessamad Archane (trois députés) lui a promis un soutien critique, mais un soutien quand même, dans l'opposition ou dans la majorité.

Les prochaines étapes sont:

-chaque parti concerné réunit ses instances de décision (conseil national, commission administrative).

-le RNI élit son président, qui sera sauf imprévu, Aziz Akhannouch.

-Benkirane reçoit Akhannouch.

-Benkirane définit l'architecture du gouvernement. C'est un élément essentiel de la négociation qui suivra. Il est certain que Benkirane essaiera de modifier l'architecture actuelle.

-Il fait des offres aux partis et les négociations commencent.

C'est dire que jusqu'à présent, il a peu parlé et beaucoup écouté. L'initiative lui revient.

Seul l'UC a répondu prudemment par un "ni oui, ni non".

Au RNI, allié de l'UC, deux réunions du bureau politique ont donné la tendance: "L'évaluation qui a été faite de l'expérience de la participation au gouvernement aux côtés du PJD n'est pas encourageante. Nous n'entrerons pas au gouvernement dans les mêmes conditions", nous a déclaré une source autorisée s'exprimant au nom du parti. La réponse aujourd'hui est donc un "oui, mais...", qui laisse la porte entrouverte.

De tout le champ politique, seul le PAM n’a pas été convié au premier round de négociations initié par Benkirane. L’inimitié entre les deux SG expliquerait l’absence de contacts directs entre eux.

L’Istiqlal confirmera sa participation (ou pas) à l’issue du Conseil national du parti, qui se tiendra samedi 22 octobre à Rabat. Les 1.000 membres constituant le parlement du PI voteront à main levée.

Le même jour aura lieu une session extraordinaire du Conseil national du PJD, pour amender la procédure de sélection des ministrables. Un vote sera organisé pour élire un représentant du Conseil national qui sera chargé de proposer au secrétariat général les noms des futurs ministres du parti.

Pour rappel, Benkirane a reçu Mahmoud Archane et Abdessamad Archane  (MDS), Mohamed Sajid (UC), Driss Lachgar (USFP), Hamid Chabat (PI), Nabil Benabdellah (PPS) et Mohand Laenser du MP.

Des négociations qui ont eu lieu entre le lundi 17 octobre et le mercredi 19, on retiendra que la seule rencontre qui n’ait pas laissé augurer un ralliement franc à la future coalition est celle qui a réuni Benkirane et Sajid.

Driss Lachguar, premier secrétaire de l'USFP, a quant à lui confirmé mardi 18 son accord de principe pour participer au gouvernement, en attendant l'offre de Abdelilah Benkirane à la fin de ses consultations.

Lors de la réunion du 17 octobre avec le chef du PJD, Mohand Laenser (MP) s’est dit prêt à négocier. Il a déclaré que le MP était prêt à faire partie du gouvernement, mais pas aux mêmes conditions que celles de la précédente coalition. Jointe par Médias 24, une source de ce parti a précisé que le MP réclame un ministère du monde rural et des portefeuilles différents des précédents. Le Mouvement populaire convoque son Conseil national pour une prise de position finale, le 29 octobre prochain.

Après la réunion entre le PJD et le MP, Benkirane a reçu son fidèle allié du PPS Nabil Benabdellah, qui n’a posé aucune condition à la participation de son parti à la future coalition gouvernementale. La décision finale sera entérinée à l’issue de la réunion du comité central, prévue le 30 octobre prochain

A l'issue de sa réunion avec Benkirane, Hamid Chabat, SG du PI, dithyrambique à l’égard de Benkirane, a indiqué que les prochaines réunions seront consacrées à définir le contour du prochain gouvernement. En d'autres termes, il sera question de portefeuilles.

L'intérêt de l'accord de principe du MP (27 sièges) est qu'il apporte à Benkirane une solution de remplacement en cas de difficultés avec l'USFP (20 sièges). La présence des trois partis historiques PPS, USFP et Istiqlal permettrait au PJD d'avoir le label Koutla et donc de bénéficier de la légitimité historique, même si elle est lointaine, de ses alliés. Sans le MP, la majorité serait étriquée (203 sièges). Avec le MP, elle serait plus confortable.

Dans tous les cas, ce sera un gouvernement faible, dominé par Benkirane, car hormis l'Istiqlal, aucun allié n'aura assez de voix au Parlement, ni assez de légitimité populaire, pour jouer les trouble-fêtes.