Mausolées de Tombouctou: la CPI rend son jugement contre un jihadiste malien

Le 27 septembre 2016 à 9h30

Modifié 27 septembre 2016 à 9h30

La Cour pénale internationale (CPI) doit rendre mardi 27 septembre un jugement historique contre un jihadiste malien ayant reconnu avoir détruit des mausolées protégés à Tombouctou, une décision très attendue par une population ayant soif de justice et par des ONG qui rêvent d'un verdict "dissuasif".

Les experts et les Nations-Unies espèrent en effet que le jugement, qui doit être lu à 11h30 (09h30 GMT), "mettra fin à l'impunité" pour la destruction de biens culturels, alors que de nombreux sites sont régulièrement détruits en Irak ou en Syrie.

Le président français François Hollande avait annoncé la semaine dernière à New York la création d'un fonds mondial pour la sauvegarde du patrimoine menacé: "il s’agit de défendre notre histoire commune pour construire ensemble l’humanité", avait-il affirmé.

Le Touareg Ahmad Al Faqi Al Mahdi est accusé de crime de guerre pour avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia, entre le 30 juin et le 11 juillet 2012.

Après avoir plaidé coupable à l'ouverture de son procès, cet homme avait demandé pardon à son peuple, assurant être "plein de remords et de regrets". Disant avoir été à l'époque "sous l'emprise" de groupes jihadistes, il avait appelé les musulmans du monde entier à résister "à ce genre d'actions".

Les habitants de Tombouctou affirment, eux, être prêts à pardonner à l'accusé, mais espèrent que justice soit faite.

Il faut que ce procès "puisse signifier à tous qu'au même titre qu'on ne peut pas tuer impunément un être humain, on ne peut pas détruire impunément un sanctuaire du patrimoine mondial", a ainsi affirmé à l'AFP El-Boukhari Ben Essayouti, expert culturel ayant participé à la réhabilitation des sites.

Sanction exemplaire ?

La procureure affirme que l'accusé, né vers 1975, était un membre d'Ansar Dine, l'un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d'être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France.

En tant que chef de la Hisbah, la brigade islamique des mœurs, il aurait ordonné et participé aux attaques contre les mausolées, détruits à coups de pioche, de houe et de burin.

Cette brigade est accusée par des organisations des droits de l'homme de s'être livrée à des crimes contre l'humanité, incluant des crimes de torture, des viols et la mise en esclavage sexuel de femmes de Tombouctou. Au début du procès, ces organisations ont regretté que les charges contre Al Madhi ne soient pas élargies pour inclure ces crimes.

Pour ses avocats, l'accusé est pourtant "un homme honnête" qui, à un moment donné, "s'est trompé". "C'est un homme qui voulait construire quelque chose de mieux", avait affirmé Jean-Louis Gilissen, lors de sa plaidoirie.

L'accusation avait requis entre neuf et onze ans de détention, soit une peine reconnaissant à la fois la gravité du crime et la collaboration de l'accusé. La défense s'était engagée à ne pas interjeter appel si la peine décidée par les juges se trouve effectivement au sein de cette fourchette.

Pour Lassana Cissé, le directeur national du Patrimoine du Mali, "le verdict est attendu avec impatience et avec beaucoup d'espoir, dans le sens où cela doit être une sanction exemplaire".

Fondée à partir du Ve siècle par des tribus touaregs, tirant sa prospérité du commerce caravanier, la ville de Tombouctou est devenue un grand centre intellectuel de l'islam et a connu son apogée au XVe siècle.

Ce procès, le premier pour destruction de biens culturels, a vu une avalanche d'autres primeurs: premier accusé à reconnaître sa culpabilité, Ahmad Al Faqi Al Mahdi est le premier jihadiste présumé à être jugé à La Haye et le premier accusé dans le cadre du conflit malien.

(Avec AFP)

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