Marché obligataire : la migration du monétaire vers l’obligataire se confirme

| Le 5/7/2023 à 15:25
Avant le statu quo de Bank Al-Maghrib, les investisseurs commençaient déjà à montrer de l'appétence pour l'obligataire moyen long terme. La dernière décision de la Banque centrale a accéléré le phénomène. De légères pressions baissières devraient être observées sur les trois prochains mois.

Le 20 juin dernier, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé, à la surprise quasi générale, un maintien du taux directeur à 3%.

Alors que le Maroc évoluait depuis septembre 2022 dans un cercle de resserrement monétaire, avec trois hausses successives de 50 pbs, Abdellatif Jouahri (et le Conseil de BAM) a décrété une pause. Une décision qui, naturellement, a eu un impact sur le marché obligataire et qui a vu les investisseurs réagir à l’annonce.

Contacté, un gestionnaire de portefeuille de la place nous explique comment ce statu quo surprise a impacté le marché. Car en effet, cette pause était majoritairement inattendue. Le consensus du marché, comme l’expliquait Attijari Global Research dans un sondage publié avant le Conseil, tablait sur une hausse de 25 pbs. C’est ce qu’avait pricé le marché.

Un switch du monétaire vers le moyen long terme catalysé par le statu quo

Au mois de mai, Médias24 avait échangé avec un gestionnaire de fonds de la place au sujet des placements des investisseurs vers le moyen long terme (MLT). Ces derniers étaient alors dans les starting blocks pour opter pour des placements plus risqués sur le long terme. Les craintes des épargnants concernant les placements de plus longue durée commençaient déjà à se dissiper. Désormais, ils se positionnent.

"Nous avions commencé à anticiper la fin de la hausse des taux sur le marché. Nous pouvions déjà voir un premier reflux au cours des derniers mois. On arrivait à un point où les taux étaient tellement élevés qu’il devenait de plus en plus intéressant de migrer du monétaire (très court terme 13 et 26 semaines, ndlr) vers l’obligataire", nous explique un gestionnaire de fonds.

Lors du premier Conseil de BAM au mois de mars 2023, le fait de ne pas avoir eu d’information sur la continuité ou non du resserrement monétaire n’a pas incité les épargnants à s'aventurer sur les longues maturités, car une potentielle hausse du taux directeur peut impacter la valeur d’un portefeuille dont les obligations ont été souscrites à un taux de rémunération inférieur. Depuis le deuxième Conseil de l’année en juin dernier, même si le marché tablait initialement sur une hausse de 25 pbs, la dissuasion de se positionner sur le MLT n’effrayait plus tant que cela. "Nous commencions à dire à nos clients de revenir vers l’obligataire, même s’il y a 25 pbs de hausse, ça ne changerait pas grand-chose. Il y a du gras en termes de taux", indique notre interlocuteur.

La récente décision de pause dans le resserrement monétaire de la Banque centrale n’a fait qu’accélérer ce mouvement, où les investisseurs qui se posaient encore la question, et prenaient le temps d’observer, se sont rabattus du monétaire vers l’obligataire. "Cela créé un afflux du monétaire vers l’obligataire, et cela fait baisser les taux du fait de la demande supplémentaire exprimée", explique notre interlocuteur.

Les chiffres de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (ASFIM) en attestent. Au 9 juin, l’encours monétaire était de 109 MMDH et l’encours obligataire moyen long terme était de 244,8 MMDH. Au 3 juillet, l’encours monétaire baissait à 89,3 MMDH, quand l’obligataire MLT progressait à 254,7 MMDH.

De légères pressions baissières sont attendues sur le prochain trimestre

En somme, ce que l’on observe, c’est un glissement des courtes maturités vers des maturités plus longues de 5 ans et 10 ans. Cette demande supplémentaire fait légèrement reculer les taux.

Qui plus est, il faut aussi garder en tête que le Trésor détient une position confortable en termes de financement. "Le marché regarde la pause effectuée par BAM et il regarde aussi le fait que le Trésor est à l’aise, car il a beaucoup levé à l’international. Donc les investisseurs veulent se positionner tout de suite sur des plus longues durées, car d’ici un ou deux mois, ce sera trop tard. Nous allons devoir aller chercher ces titres, mais allons-nous les trouver ou pas ? C’est une vraie question", note le gestionnaire de fonds.

Pour lui, ces facteurs conduiront à de légères pressions baissières sur les taux d’ici au prochain Conseil de Bank Al-Maghrib. Une baisse qui, d’après un expert du marché, précédemment interrogé par Médias24, avait déjà été observée sur les 3 ou 4 séances d’adjudication précédant la décision de BAM de procéder à une pause. "Une tendance légèrement baissière est observée et se poursuivra. Cependant, il est très difficile de savoir de combien cela va baisser d’ici au prochain Conseil de BAM. Le Trésor continue de bien lever, malgré le fait qu’il soit à l’aise. Cela créé de l’offre et cela est une bonne nouvelle, car le pire scénario est qu’il n’y ait pas d’offre et de la demande", explique notre gestionnaire de fonds.

Il convient également de rappeler que lors de son dernier point de presse en marge du Conseil du 20 juin dernier, le wali de BAM ne s’est pas uniquement penché sur l’inflation, mais sur d’autres composantes clés de l’économie nationale. "L’an dernier, le discours était très orienté sur l’inflation, désormais, il parle de croissance et d’emploi. On remarque qu’il soutient l’action budgétaire et cela va se refléter probablement sur le marché obligataire qui va subir moins de tensions. On pourrait éventuellement constater de légers mouvements baissiers", nous confiait une source du marché en réaction au discours.

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