Sonasid : le directeur général revient sur les performances du groupe et les perspectives 2023

| Le 8/12/2022 à 16:17
Le groupe a amélioré ses parts de marché cette année, malgré la hausse de ses prix de vente. La première tonne de fibre d’acier sera réalisée le vendredi 9 décembre. Ce nouveau produit rencontre déjà un intérêt au Maroc. Le directeur général, Ismaïl Akalay, nous livre sa lecture de l’année 2022 et ses perspectives pour l’an prochain.

Le groupe Sonasid a connu une année 2022 globalement favorable avec des indicateurs dans le vert à tous les niveaux. Dans ses derniers chiffres à fin septembre, le groupe affiche une amélioration de 17% de son chiffre d’affaires à 3.648 MDH par rapport à la même période en 2021, notamment portée par un effet prix favorable.

Cette année, le groupe affichera de toute évidence une amélioration de son résultat net. Dans un contexte où l’effet prix favorable tend à s’amenuiser et où la baisse des volumes de ventes prend place, comment se profile l’année 2023 et sur quels piliers de développement va miser le sidérurgiste ?

Medias24 est allé à la rencontre du directeur général du groupe, Ismaïl Akalay, pour avoir son sentiment au sujet de l’année 2022 et des perspectives du groupe pour l’an prochain, toujours empreint d’incertitude quant à l’évolution du contexte économique global.

Une baisse des volumes au S2 mais une amélioration des parts de marché du groupe

A fin septembre, le groupe a affiché une amélioration de ses revenus poussée par un effet prix. Mais sur la seconde moitié de l’année, les volumes de ventes ont commencé à baisser. Cette baisse a notamment été induite par le ralentissement de l’activité immobilière et de construction en général. Sans avancer de chiffres précis, le directeur général indique « une baisse des volumes au second semestre, mais elle reste moindre par rapport à celle enregistrée au niveau de la consommation de ciment national par exemple. Nous attendrons la clôture de l’année pour communiquer de manière plus précise sur nos données chiffrées ».

Pour le dirigeant du groupe, cela n’a pas eu d’effet négatif sur le groupe et lui a, au contraire, permis de gagner des parts de marché dans certains secteurs. « Cette année, nous avons connu un premier semestre comparable à la tendance observée en 2021. D’ailleurs, les chiffres l’attestent : le résultat net à fin juin avait affiché une progression de +22%. Concernant l’inflation, je ne peux sincèrement pas attester de son impact direct sur notre business. Il est vrai que le marché s’est rétréci durant le S2, mais nous avons tout de même pu, malgré le contexte difficile, gagner des parts de marché », explique Ismaïl Akalay.

Cette résilience du groupe et ce gain de parts de marché trouvent notamment leur explication dans la forte présence de Sonasid dans les grands travaux d’infrastructures du pays, notamment le port de Nador, Laâyoune ou encore Dakhla, dont les activités n’ont pas été impactées par la guerre en Ukraine. « Il y a deux facteurs explicatifs, la qualité de nos produits dans un premier temps. Puis, notre forte présence dans le domaine des grands travaux d’infrastructures, sur lequel l’activité n’a pas reculé. Ceux qui n’étaient que sur le bâtiment ont vu leurs parts de marché régresser. La présence des infrastructures dans notre portefeuille nous a permis de maintenir une certaine résilience. » A noter que le groupe génère environ 25% de son chiffre d’affaires sur les grands projets d’infrastructures.

La bonne performance du groupe cette année se reflétera au niveau de son RNPG qui affichait déjà une hausse de 26% à fin juin. Mais qu’attendre en termes de dividendes ? Sur ce sujet, le directeur général du groupe indique : « Notre volonté est de pérenniser notre démarche de distribution de dividendes. Par ailleurs, nous pensons qu’il est important de dédier une partie de notre cash à notre développement. Aujourd’hui, Sonasid poursuit sa dynamique de développement et a déployé un important programme d’investissement. Cette allocation budgétaire contribuera, d'une part, à l’amélioration de la performance industrielle et, d'autre part, au développement de produits à haute valeur ajoutée. »

Une évolution encore favorable des prix des matières premières

L’effet prix que connaît le groupe est favorable depuis le début de l’année. Mais, depuis quelques semaines, les prix des matières premières tendent à s’atténuer. Le consensus international table d’ailleurs sur une baisse progressive des cours des métaux en 2023. Néanmoins, les prix devraient toujours rester plus élevés que ceux précédant la crise.

« Il y a eu une baisse non négligeable du minerai de fer ces dernières semaines. Mais nous observons une remontée importante ces derniers jours. » Cette récente tendance haussière et ce niveau supérieur à ceux d’avant-crise seront globalement bénéfiques pour le groupe durant l’année 2023. « Nous observons une hausse du minerai de fer et de la ferraille, et cela se répercutera probablement sur le prix du produit fini. Nous avons aussi affaire à un effet de rareté. Il est difficile de trouver de la matière première actuellement », explique Ismaïl Akalay.

Parallèlement, le groupe observe, à l’instar du monde, une accalmie sur le cours du baril de pétrole. Une nouvelle qui, si elle perdure, pourrait fortement alléger la facture énergétique et logistique du groupe. « Nous avons connu cette année une évolution importante du coût du transport. Mais, en 2023, si le cours du baril continue de baisser, nous devrions en bénéficier assez fortement », note notre interlocuteur.

Si la tendance venait à être plus forte que prévu, le groupe pourrait ne plus bénéficier d’un effet prix favorable. Par rapport à ce scénario, la direction assure être préparée. « Nous y pensons, car cela peut arriver. C’est pourquoi nous sommes dans une démarche d’amélioration permanente de la résilience de Sonasid. Nous sommes à l’écoute continue du marché et adaptons notre stratégie en conséquence. Anticiper les crises qui peuvent survenir est fondamental dans le monde industriel. Nous nous tenons prêts », confie Ismaïl Akalay.

Sonasid mise également sur ses projets à valeur ajoutée pour l’année prochaine, ainsi que sur l’optimisation continue de ses charges et R&D pour améliorer ses produits.

La première tonne de fibre d’acier sera produite le 9 décembre

Le groupe a prévu de fortement investir en recherche et développement pour améliorer ses processus de production et lancer de nouveaux produits. Cela fait partie de son programme budgétaire de 120 MDH.

Lors de cet entretien, le directeur général nous apprend que le groupe a lancé son centre de R&D à Jorf Lasfar. L’objectif est d’y faire de la recherche incrémentale visant l’amélioration constante de la production, le développement de nouveaux produits et la valorisation des déchets liés à la production. « Ce dernier a été inauguré il y a deux semaines », nous confie le directeur général du groupe.

Cette enveloppe budgétaire porte notamment sur le lancement de la fibre d’acier, nouveau produit de la société, dont la production a effectivement démarré, nous apprend le dirigeant. « La production de fibre d’acier est en train de démarrer : il est prévu que la première tonne soit produite au niveau de l’usine de Nador ce vendredi 9 décembre, avec la mise en service de deux premières lignes de fabrication », précise-t-il.

Dès janvier 2023, deux lignes supplémentaires seront ajoutées, et le groupe ne s’interdit pas d’augmenter ses objectifs de production si la demande du marché est au rendez-vous. « Nous pensons produire en cette fin d’année 2022 entre 500 et 1.000 tonnes de fibre d’acier, avec une montée en production rapide début 2023 », indique Ismaïl Akalay.

Le marché américain est demandeur, et le groupe a d’ailleurs réservé 80% de la production à l’export pour cette clientèle friande du produit. Mais le Royaume pourrait lui-même devenir client plus rapidement que prévu. « La bonne surprise, c’est que de grands entrepreneurs marocains sont intéressés par la fibre et seraient heureux d’en avoir à échelle locale. Nous comptions réserver 20% de la production au Maroc. Cela pourrait être amené à évoluer et dépendra de l'engouement du marché national », souligne le directeur général.

Cette fibre d’acier sera produite à partir d’énergie 100% verte (solaire et éolien, ndlr). Notamment grâce à la nouvelle station photovoltaïque de Nador inaugurée en juillet dernier. L'entreprise prépare d'ailleurs un second parc photovoltaïque pour atteindre 4 MWh. L'opportunité de décrocher une labellisation 'acier vert' par les autorités européennes et d'intégrer ce marché sans subir la taxe carbone qui entrera en vigueur dès 2023.

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