Sonasid : les réalisations et perspectives 2022 vues pas Ismaïl Akalay

| Le 11/7/2022 à 10:34
Le groupe a continué de bénéficier d’un bon effet prix durant le premier semestre de l’année 2022. L’inflation et les perturbations logistiques ont joué en faveur du groupe qui a répercuté en partie la hausse des coûts sur les produits finis et a profité de l’arrêt des importations de produits étrangers.

En 2021, Sonasid a bénéficié d’un excellent contexte de reprise économique avec un bon effet prix et volume. Le groupe avait affiché un chiffre d’affaires consolidé à 4.494 MDH en hausse de 43% par rapport à 2020. Le RNPG consolidé du groupe est passé dans le positif à 108 MDH contre un déficit de -28 MDH en 2020.

Cette année, une forte dynamique a été maintenue au premier trimestre avec une amélioration de 31% du chiffre d’affaires consolidé à 1.345 MDH, poussée par un bon effet prix. Ces performances ont été réalisées dans un contexte inflationniste hors du commun, entamé depuis 2021, et un climat économique global qui se dégrade. Comment la dynamique s’est elle comportée durant le premier semestre de l’année, et quelles sont les prévisions et ambitions du groupe pour le reste de 2022 ? Le point avec Ismaïl Akalay, directeur général du groupe Sonasid.

Un effet prix qui s’est maintenu au premier semestre 2022

L’effet prix a continué de servir les bonnes perspectives du groupe durant le reste du premier semestre 2021. Cela a été engendré par la bonne appréciation des matières premières utilisées par Sonasid.

« La sidérurgie de manière générale a connu une progression assez importante après la période post-covid. Cela a commencé avec le minerai de fer qui a commencé à s’apprécier de façon significative. Il traitait normalement à 70$ ou 80$ la tonne et qui a dépassé les 200$ au cours de l’année 2021. L’acier a suivi et le coût de la ferraille aussi. Cela nous a fait bénéficier de fondamentaux très intéressants durant le premier semestre de 2022 » explique Ismaïl Akalay.

Avec la ferraille représentant 70% des charges du groupe, Sonasid a dû répercuter en partie cette hausse sur le produit fini. « Nous essayons de faire cela avec un décalage de 6 mois parce que durant les 6 premiers mois de 2021, il y avait suffisamment de stock chez nous et les concurrents, donc nous avons maintenu des prix compétitifs avec une faible augmentation. Ces derniers ont commencé à augmenter qu’à partir de fin mai 2021 » précise le dirigeant.

Ce bon effet prix devrait se poursuivre sur le troisième trimestre 2022 étant donné la reprise à la hausse des cours de la billette, de la ferraille et du minerai de fer après une baisse observée entre le mois de mai et juin. « Depuis une dizaine de jours, on assiste à une reprise du prix de la ferraille et de la billette chaque jour. Cela augure un bon départ sur le troisième trimestre 2022, encore faut-il que les chantiers qui se sont arrêtés au Maroc reprennent » explique le DG.

La situation économique compliquée et les attentes d’aides de l’Etat auprès de certains acteurs du secteur de la construction, ont mis un coup d’arrêt à certains chantiers. « Certains acteurs du secteur préfèrent temporiser et attendent une baisse des prix. On voit un léger ralentissement de 4,5% de la consommation de ciment à fin juin, ce qui n’est pas énorme, mais nous ressentons que cet attentisme provient de l’anticipation d’une baisse des prix. Concernant cette baisse, je ne suis pas convaincu; au contraire, je table sur une hausse car la ferraille se fait rare et donc cela devrait entraîner une hausse, d'ailleurs on le voit déjà » explique notre interlocuteur.

La crise inflationniste a boosté la compétitivité du groupe

La situation économique globale marquée par la forte inflation et les perturbations logistiques ont également bénéficié à Sonasid.

Malgré des hausses de prix de produits finis, des dires du directeur général, ces dernières ont été moins fortes que celles effectuées par les aciéristes et sidérurgistes turcs et européens. « La preuve en est, les importations se sont totalement arrêtées, que ce soit concernant le rond à béton ou le fil machine » précise Ismaïl Akalay. Désormais, les industriels locaux n’ont pas grand intérêt à se fournir auprès des fournisseurs étrangers étant donné la hausse des prix pratiquée en dehors des frontières et l’explosion des coûts du fret, desquels ils doivent s’affranchir. « Les Turcs sont dans une situation économique catastrophique avec une inflation qui a dépassé les 80%, le coût de l’énergie qui a explosé… La compétitivité marocaine va devenir nettement supérieure à celle des Turcs, c’est certain » souligne le directeur général.

Cela peut même donner de l’appétit aux acteurs locaux comme Sonasid de s’orienter vers des marchés où la Turquie est ultra-dominatrice. « C’est le cas sur les marchés africains. Il est dans notre stratégie d’y exporter, saturer nos usines pour diminuer les coûts de production. Là, nous sommes en train de prospecter pour y exporter. Nous vendons déjà en Mauritanie et nous prospectons la Guinée, le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Je pense que fin 2022, début 2023, nous aurons un flux d’exportation vers ces pays » explique Ismaïl Akalay.

5 KT à 10 KT de fibre d’acier exportées en Amérique du Nord cette année

Le groupe commencera courant du second semestre, comme annoncé, la production de la fibre d’acier, un nouveau produit à forte valeur ajoutée. 80% de la production de cette fibre d’acier sera destinée aux Etats-Unis et le reste vers le Maroc et d’autres pays africains. « Concernant le marché nord-américain, d’ici le dernier trimestre, nous comptons exporter de 5 à 10 KT. Le marché est récepteur. Si nous parvenons à produire cette quantité, nous l’écoulerons. Nos clients américains attendent qu’on leur livre le plus rapidement possible » explique le dirigeant.

« Ce produit dispose d’un grand potentiel de développement et il nous permettra de baisser le poids des commodities. Il permettra de consacrer plus d’acier à la fibre car ce produit est générateur de bien plus de valeur ajoutée » poursuit-il.

Cette fibre sera entièrement fabriquée au Maroc. La fibre devra ensuite être découpée de façon très spécifique et résultera en petits morceaux qui seront vendus. « Cette découpe sera faite par une machine brevetée ArcelorMittal. Personne d’autre n’a ce type de machine. Nous vendons donc un produit et un service, et cela apporte beaucoup de valeur » précise le directeur général.

Côté exportation, le groupe se prépare également à l’arrivée de la taxe carbone dans le marché européen.

Un processus de certification de l’acier vert démarrera en septembre

Alors que le groupe ArcelorMittal est en cours de certification par un bureau en Europe, Sonasid en bénéficiera également à partir de septembre. « A la fin de l’année, nous aurons un certificat reconnu par les autorités européennes de l’acier vert marocain. Nous serons un des rares à pouvoir pénétrer le marché européen sans problème car nous sommes actuellement à 85% d’énergie renouvelable » explique le dirigeant.

Un mix énergétique qui est d’ailleurs en passe de s’améliorer du fait de l’ouverture de la station photovoltaïque à Nador, opérationnelle au mois d’août prochain. Cela portera les énergies renouvelables à près de 100% de l’origine de l’électricité utilisée par le groupe.

« C’est un avantage crucial car il y aura une forte sélection qui sera faite par rapport aux fournisseurs actuels de l’Union Européenne » confie Ismaïl Akalay. En effet, plus tôt dans l’année, il nous rappelait que « les sidérurgistes européens souffrent car avec ces hausses des coûts d’énergie, ils ont 50€ à 70€ de plus la tonne, qu’ils doivent répercuter sur leur prix de vente. Nous qui avons une énergie principalement verte, il se peut que nous devenions compétitifs pour exporter sur l’Europe ».

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