Marché des changes : voici l’explication de l’évolution récente du dirham
Le dirham est resté quasi-stable face à l’euro et s’est déprécié de 0,10% vis-à-vis du dollar américain entre le 28 octobre et le 3 novembre 2021, d’après les indicateurs hebdomadaires publiés par Bank Al-Maghrib.
Contacté par LeBoursier, un directeur dans une salle des marchés de la place indique que « ces évolutions traduisent la tendance observée au cours de ces dernières semaines ».
Et d’expliquer : « Ces évolutions données par la banque centrale sont prises dans l’absolue. C’est-à-dire, BAM prend l’évolution EUR/dollar sur le marché international ainsi que l’évolution du marché local ou ce qu’on appelle communément la liquidité en devises. Quand cette dernière augmente, le dirham se déprécie et vice-versa. Ainsi, quand la banque centrale parle d’une évolution soit favorable soit défavorable du dirham, généralement elle prend en compte les deux composantes ».
« Donc effectivement le dirham est en stabilisation face à l’euro vu que sur le marché international, la parité EUR/USD a légèrement baissé. En plus de ça, le dirham s’est un petit peut déprécier vu que la liquidité globale du marché a diminué. La position de change des banques est passée d’un montant dépassant les 9 milliards de DH il y a quelques semaines à 1,5 milliard de DH vendredi dernier », ajoute-t-il.
La position de change des banques qui avait grimpé pour atteindre son plus haut niveau sur les 12 derniers mois à 10 milliards de dirhams au 1er septembre 2021, est descendue à 909,45 millions de DH (marqués comme chiffre provisoire sur le site de BAM) au 27 octobre 2021.
Comme l’explique notre interlocuteur, la baisse de la position de change des banques est liée essentiellement à « l’intervention de la banque centrale à travers les opérations de rachats de devises. Ces opérations ont permis d’absorbé à peu près 9 milliards de DH. Vu que la banque centrale a intervenue en absorbant la liquidité qui était sur le marché, automatiquement le dirham a baissé. Et avec la parité EUR/USD qui a baissé un peu, on se retrouve avec un EUR/MAD qui a stagné et un USD/MAD qui a augmenté ».
BAM a en effet opéré des adjudications d’achat de devises depuis le 20 septembre dernier, afin d’absorber les excédents actuels et d’assurer ainsi le bon fonctionnement de ce marché.
Depuis le début de cette opération, la banque centrale a racheté l’équivalent de 925 millions de dollars de devises aux banques marocaines.
« Les opérations de rachat de devises dépendent logiquement de la valeur du dirham. Si la valeur du dirham se situe au niveau de la bande inférieur de fluctuation, la banque centrale devrait intervenir. Il n’y a plus d’opérations sur le marché interbancaire. C’est-à-dire, les banques auront besoin de vendre les devises, et elles ne peuvent pas le faire parce que dirham se situe au niveau de la bande inférieur. Tant que le cours du dirham est un peu haut, en étant un peu loin de la bande inférieure, la banque centrale peut ne pas intervenir », souligne notre interlocuteur.
« D’ailleurs, sur les dernières adjudications, on a vu qu’il n’y a pas eu de demande. Cela montre que les banques ont pu gérer leur devises en fonction de leur clients et qu’elles arrivent à matche leur opération d’import et d’export. Le problème qui peut se poser c’est quand le cours du dirham touche à la bande inférieur. C’est pour cela que la banque centrale a intervenue dernièrement. L’intervention de BAM est une assurance pour les banques. On voit qu’elle a joué pleinement son rôle de régulateur du marché », continue-t-il.
La banque centrale avait d’ailleurs précisé, dans le communiqué publié à l’occasion des opérations de rachat, que : « ces adjudications seront organisées autant que nécessaire et ce, en fonction de l’évolution des conditions sur le marché de change ».
D’après les données disponibles sur le site de la banque, celle-ci n’a pas réalisé de rachat de devises au cours des deux dernières séances d’adjudication.
Le tableau ci-dessous synthétise l’ensemble des opérations de rachat réalisées :
Le dirham devrait poursuivre sa tendance baissière
Pour le reste de cette année, « il faut analyser encore une fois les deux composantes qui sont impliquée dans l’évolution du dirham, c’est-à-dire le marché international et le marché local. Sur le marché international, la banque centrale américaine a intervenue la semaine dernière pour dire qu’elle va commencer à diminuer ses interventions sur le marché local, et du coup on s’attend à un dollar qui est plus fort et donc automatiquement à une baisse de l’euro. Une baisse de l’euro/dollar va générer une baisse de l’euro/dirham et une hausse du dollar/dirham ».
En ce qui concerne le marché local, « logiquement on suivra plutôt dans une tendance baissière du dirham. On s’attend à ce qu’il y ait des flux à l’import qui peuvent être important d’ici la fin de cette année ce qui va créer une petite correction du dirham à la baisse», anticipe notre source.
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