Les banques bénéficieront d’une toile de fond favorable cette année (CDG Capital)

B.B | Le 25/6/2021 à 13:21

Avec une politique monétaire accommodante, l’encours des crédits devrait croitre sur cette année mais à un moindre rythme que l’an dernier. La qualité des actifs bancaires se dégradera cette année mais le résultat net devrait s’améliorer. In fine, les banques devront recourir à de nouvelles augmentations de capital et des réductions de distribution de dividendes sur les deux prochaines années pour se recapitaliser.

Lors d’un webinaire organisé par la Bourse de Casablanca et l'Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB) dans le cadre du cycle «Saison de publication des résultats : Bilan et opportunités d'investissement », une analyse de l’activité du secteur bancaire coté en bourse a été réalisée par Fatima-Ezzahra Erraji, analyste au sein de CDG Capital.

L’analyste a rappelé les répercussions de la crise sur le secteur bancaire en 2020 ainsi que les perspectives d’évolution sur cette année. Depuis début 2021, le secteur bancaire affiche une croissance de 8,19% en bourse (à la clôture de la séance du 24 juin, ndlr). L’an dernier, le secteur avait largement pâti de la crise avec un retrait en bourse de -14,54%.Les banques avaient notamment lourdement souffert de la hausse du coût du risque et des créances en souffrance sur la période.

L’analyste de CDG Capital rappelle que l’an dernier, les banques de la place avaient affiché des un résultat net en fort recul de 44% à 6,3 milliards de dirhams. « Cette chute résulte essentiellement d’une forte hausse du coût du risque sur la période, qui est passé de 4,8 milliards de dirhams en 2019 à 8,7 milliards en 2020 » explique l’analyste. L’impact de la contribution des dons au fonds Covid-19 a également rogné fortement sur les résultats du secteur. « Cela s’est répercuté sur les ratios de rentabilité du secteur, notamment le ROE qui est passé de 10,4% en 2019 à 5,1% l’an dernier » rappelle l’analyste.

Cette année, une nette amélioration des résultats est attendue, mais la qualité des actifs risque de se dégrader.

Croissance des crédits et dégradation de la qualité des actifs attendues en 2021

Un effet de base favorable devrait se manifester cette année pour le secteur bancaire. Premièrement, le secteur devrait bénéficier de la reprise de la croissance économique attendue à 5,3% cette année d’après Bank Al Maghrib. « Cette croissance provient principalement d’un bon comportement de la campagne agricole et aussi de la reprise de la valeur ajoutée non agricole » explique l’analyste de CDG Capital.

L’évolution des crédits devrait selon la société de recherche, bénéficier de conditions monétaires toujours favorables. « Nous pensons que les conditions monétaires seront favorables avec une politique accommodante où nous voyons des taux débiteurs historiquement bas, suite à un taux directeur stable de 1,5% » poursuit CDG Capital. L’évolution des crédits devrait également bénéficier du prolongement des mesures de soutien à la relance notamment grâce à la prorogation des mesures Damane Relance jusqu’à la fin du mois de juin. Elle bénéficiera aussi du plan de relance avec l’injection de 120 milliards de dirhams de liquidité.

Malgré cette tendance de fonds, l’année 2021 devrait être marquée par la dégradation de la qualité des actifs bancaires. « Nous pensons que la détérioration de la qualité des actifs bancaires vont les pousser à être plus exigeantes et les pousser à resserrer leurs critères de sélection pour l’octroi des crédits » précise l’analyste. Cela résulterait en un ralentissement de la croissance de l’encours brut cet année. BAM tablait d’ailleurs sur une hausse de 3,5% cette année contre 3,9% en 2020.

Les revenus du secteur devraient s’améliorer cette année

Comme c’est le cas historiquement, la marge d’intérêt demeurera la principale composante des sources de revenus du secteur avec un poids de 70% sur les trois dernières années. « Nous tablons sur une légère hausse de la marge d’intérêt en 2021, qui devrait traduire essentiellement un effet volume étant donné que nous prévoyons une quasi-stabilité de la marge d’intermédiation » explique la société de recherche.

Pour la société de recherche, la baisse des taux débiteurs ne reflète pas entièrement la diminution du taux directeur. « Cela pourrait s’expliquer à notre sens par l’augmentation de la prime de risque. Cette tendance haussière pourrait impliquer une légère amélioration des taux débiteurs cette année » explique CDG Capital.

Les taux d’impayés devraient continuer leur augmentation cette année après avoir atteint 8,4% en 2020. « Les effets de la pandémie continuent de peser sur plusieurs secteurs d’activité et nous pensons que la solvabilité des ménages et entreprises est mises à rude épreuve » poursuit l’analyste.

Globalement, le Produit Net Bancaire du secteur devrait connaître une évolution positive grâce à la bonne tenue de la marge d’intérêt conduite par un effet volume favorable et l’évolution positive de la marge sur commissions (qui avait été fortement impactée durant le confinement, nldr). Les coûts d’exploitation devraient demeurer stable ce qui induira une bonne tenue du résultat d’exploitation, selon CDG Capital. Le coût du risque quant à lui se maintiendra à un niveau globalement élevé cette année en raison des tensions économiques persistantes et de la hausse des créances en souffrance anticipées cette année. Mais avec une forte amélioration du résultat non courant étant donné la non récurrence des dons au fonds Covid, les résultats net des banques de la place devraient évoluer de façon positive.

Ces perspectives sont en partie réconfortées par les résultats affichés au premier trimestre 2021. « Sur la période, le secteur a affiché une hausse de 53,8% de son résultat net, qui provient de la hausse du PNB et la non récurrence des dons » explique l’analyste de CDG Capital.

Des banques résilientes face à la crise

Durant la crise, le secteur a démontrer une bonne résilience. Notamment en conduisant des opérations visant à renforcer leur fonds propres. Cela a notamment été observé chez Attijariwafa Bank avec une augmentation de capital social par conversion optionnelle totale ou partielle des sommes mise en distribution pour 1,4 milliard de dirhams. La BCP a effectué l’an dernier une obligation d’émissions subordonnées d’un montant de 1,5 milliard de dirhams.

Les mesures prise par la banque centrale pour faire face au resserrement de la liquidité bancaire ont également permis au secteur d’augmenter leur capacité de refinancement auprès de Bank Al Maghrib.

Cette année, la société de recherche demeure confiante sur la résilience des banques. « Nous sommes confiants quant à la capacité du secteur à faire face aux différents enjeux de la crise, notamment grâce aux efforts de renforcement des fonds propre et au bon maintien des ratios de solvabilité, supérieurs à la norme réglementaire » explique CDG Capital.

Néanmoins, la société de recherche rappelle que le secteur reste tributaire du déploiement du dispositif de garantie de la Caisse Centrale de Garantie (CCG). In fine, pour faire face à cette crise, d’autre mesures devront être prise. « Une réduction de la distribution des dividendes, une maîtrise des coûts ou de nouvelles opérations d’augmentation de capital devraient être nécessaire durant les deux prochaines années pour permettre au banques de reconstituer leur capital » conclut la société de recherche.

 

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