Crypto-monnaies : Bank Al-Maghrib conserve une approche très prudente

B.B | Le 24/3/2021 à 11:23

Avec la création de son nouveau comité institutionnel, BAM évalue les risques et les bénéfices des crypto-monnaies sur l’économie nationale. Si le Maroc s’inscrit dans ce débat mondial, la banque centrale reste néanmoins prudente sur le sujet. Elle opte pour une évolution progressive du cadre légal, et de la méthode de déploiement en restant en concertation avec des institutionnels internationaux.

Depuis le début de l’année 2021, les cryptomonnaies, notamment le Bitcoin ont marqué l’actualité financière. Le cours de ce crypto-actif a connu une ascension fulgurante sur les derniers mois de l’année 2020 et le début de l’année 2021. Le cours a explosé de 390% depuis le 15 octobre dernier, franchissant le cap des 60 000 dollars le Bitcoin à la mi-mars.

De nombreux institutionnels et banques centrales commencent alors à s’intéresser aux crypto-monnaies. D’ailleurs, le 18 février dernier, la MAP a relayé la création par Bank Al-Maghrib, d’un comité institutionnel en charge d’étudier les bénéfices et les risques autour d’une Monnaie Digitale Banque Centrale et des crypto-actifs pour l’économie nationale.

L’importance du numérique est indéniable

Dans son point de presse du 23 mars, le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri a confirmé que le Maroc s’inscrivait dans le débat mondial autour des cryptomonnaies. Une réflexion qui a été catalysée par la crise sanitaire et ses répercussions. « La crise a démontré que le numérique va prendre beaucoup de place et d’importance et pas uniquement dans le registre du commerce et des échanges, mais également sur le plan monétaire. J’ai dit à mon équipe qu’il fallait être agile et proactif à ce sujet, et que l’on doit mettre en place un comité avec une mission et différents groupe de travail. Nous avons commencé en ce sens » a expliqué le Wali durant la conférence.

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Abdellatif Jouahri a également précisé que le Maroc prenait part à différentes discussions avec des acteurs internationaux sur le sujet pour bénéficier des retours d’expérience. « Ce comité est constitué de trois groupes de travail et nous sommes même en relation avec des banques avancées dans ce domaine. Notamment avec la banque du Canada, celle d’Angleterre et la banque nationale Suisse qui ont mené une expérience sur le sujet. Tout le monde est en train de juger non pas seulement l’innovation mais aussi les risques » a indiqué le gouverneur de BAM.

Ces risques, le Wali de BAM n’a pas manqué de les rappeler. Si la banque centrale s’intéresse aux effets positifs que pourrait avoir la monnaie digitale banque centrale et les crypto-actifs sur l’économie, elle n’en reste pas moins prudente sur la question.

Un suivi prudent et sur le long terme

Dans cette réflexion sur les monnaies virtuelles, BAM reste en effet vigilant et tend à s’appuyer sur les avis et retours des institutionnels internationaux. Quand l’aspect volatil du Bitcoin est évoqué, Abdellatif Jouahri ne tarde pas à rappeler les dires du président de la FED américaine, « Ce n’est pas une monnaie, c’est peut être un actif, mais il est spéculatif ».

Pour le gouverneur de BAM, une règlementation claire doit d’abord être élaborée avant de considérer le lancement d’une monnaie virtuelle. « Ce que nous disons, c’est qu’il ne faut pas que nous soyons en retard. C’est un moyen qui peut être très utile car il est innovant et peut même être dans l’intérêt du consommateur car il peut faire baisser les coûts. Mais tout cela dépend par quoi nous allons commencer, terminer et dans quel environnement nous allons agir » explique-t-il.

Si le lancement n’est pas pour tout de suite, le suivi de ces actifs doit se faire pour ne pas être dépassé par l'envergure du sujet. « Nous ne souhaitons pas qu’il y ait de fracture entre nous et les pays développés. Il vaut mieux que sur le plan des études, et des domaines à approfondir, on puisse constituer une vision et une documentation qui permettent de dire par quoi nous devons commencer et comment encadrer si nous décidons de nous lancer. Il faut mener des campagnes de communication, de sensibilisation, de formation et cela ce n’est pas facile à réaliser auprès d’un public qui est attaché à une culture du cash » explique le gouverneur.

Les monnaies virtuelles pourraient en effet résoudre en partie les problématiques liées au cash et au coût de son traitement. Mais même dans les pays où la culture du cash est faible, comme la Suède, le passage au tout numérique ne s’est pas avéré si simple, rappelle le Wali. « Avec la faible présence du cash, ils se sont naturellement dit, nous pouvons aller vers les monnaies numériques. Lors de la dernière réunion de leur conseil, ils ont finalement annoncé que ce n’était pas possible et que le cash était nécessaire. Pourquoi ? Car on ne peut pas exiger de la population qu’elle soit totalement sans cash. Une partie est âgée, n’a pas la formation nécessaire, n’est pas connectée à la technologie. Si cette dernière exige le cash, elle en a le droit ».

Abdellatif Jouahri a également rappelé les dérives majeures qui peuvent entourer l’usage des crypto-monnaies. « Le G20 a demandé au GAFI, dans la directive de 2019, d’inscrire parmi les acteurs à risques, ce qu’il a appelé les prestataires de services des crypto actifs. Car il a estimé que c’est un canal de blanchiment et de financement qui est largement ouvert. L’Europe a pris aussi des mesures en mettant en place une feuille de route pour voir à la fois, ce qui est positif sur le plan innovation et aussi des risques associés » a insisté le Wali.

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