Bourse : Le rebond en 2021 dépend du succès de la campagne de vaccination
En bourse, l’année 2020 a été mauvaise avec un indice MASI en baisse de 7,27% et un volume d’échanges en chute de 26%. Si certains secteurs ayant tenu bon en 2020 demeureront résilient en 2021, il est très complexe de déterminer comment la place se comportera dans les mois à venir. La relance et la visibilité semblent conditionnées par l’arrivée des vaccins.
Au 31 décembre 2020, la Bourse de Casablanca terminait l’année avec tous ses indicateurs dans le rouge. Le MASI clôturait sur une baisse annuelle de 7,27% à 11.287 points.
La capitalisation de la place au 31 décembre 2020 s’élevait à près de 585 milliards de dirhams, en retrait de près de 6,66% par rapport à la même période l’an dernier.
Un volume total de 55,7 milliards de dirhams a été échangé en bourse contre 75,4 milliards une année auparavant, soit une baisse de 26%.
En milliards de dirhams |
à fin 2020 |
à fin 2019 |
Variation |
Capitalisation |
584,97 |
626,69 |
-6,66% |
Volume Global |
55,77 |
75,39 |
-26,02% |
Marché Central |
33 |
31,19 |
5,80% |
Marché de Bloc |
15,83 |
26,67 |
-40,64% |
Source : Bourse de Casablanca. Elaboré par LeBoursier.
Retour sur une année atypique
Marquée par la crise économique et sanitaire engendrée par la Covid-19, l’année boursière 2020 n’est aucunement comme les autres. Un professionnel du secteur préférant conserver l’anonymat commente les moments clés de l’année boursière 2020. « C’était une année atypique et mouvementée au niveau de la place. Au mois de janvier, le MASI avait pris 3% de hausse et était sur un bon départ. La première perturbation est venue lors de la sanction de 3 milliards de dirhams de l’ANRT envers Maroc Télécom. Il y a eu une correction du marché et une instabilité qui a découlé de cela jusqu’à l’apparition du coronavirus. Avec le confinement général, le MASI avait plongé de 24% en 10 jours » explique-t-il.
Ce confinement a permis à différents secteurs de tirer profit de la crise et a mis un coup d’arrêt à certains autres. Dans le résumé annuel publié par la Bourse de Casablanca, on voit que les secteurs technologiques et miniers ont affiché une croissance de 52,33% et 14,03% respectivement sur l’année 2020. Les valeurs ont pu surfer sur la vague grâce aux besoins en équipement informatique pour le télétravail et l'enseignement à distance, et à la flambée des métaux précieux en temps de crise.
Les secteurs les plus en hausse en 2020
Secteurs |
Variation annuelle sur 2020 |
Logiciel et matériel informatique |
52,33% |
Pharmaceutique |
17,47% |
Mines |
14,03% |
Distribution |
9,84% |
Source : Bourse de Casablanca, élaboré par LeBoursier
Mais d’autres secteurs comme celui de l’immobilier et de l’hôtellerie, ont vu leur indice fondre de 44,11% et 32,94% en ordre respectif. Des chutes qui ont été conduites par les arrêts de chantiers et des ventes durant le confinement, mais aussi par les restrictions de déplacements et les répercussions économiques sur les portefeuilles des ménages.
Les secteurs les plus en baisse en 2020
Secteurs |
Variation annuelle sur 2020 |
Immobilier |
-44,11% |
Loisirs & Hotels |
-32,94% |
Sociétés de financement |
-22,20% |
Transport |
-20,33% |
Source : Bourse de Casablanca, élaboré par LeBoursier
Après une période estivale de quasi-stagnation, « une reprise s’est amorcée début septembre. Elle a notamment été impulsée par l’annonce de la distribution de dividende par la BCP et Attijariwafa Bank. Les annonces de découverte de certains vaccins ont également été des catalyseurs de la reprise de l’indice casablancais. En plus de cela, il ne faut pas oublier les baisses de taux directeurs qui ont été annoncées en mars et en juin 2020 et qui ont rassuré les investisseurs dans un contexte difficile » poursuit notre source.
L’année 2020 a également été marquée après près de deux ans de disette, par l’IPO d’Aradei Capital le 14 décembre 2020. Pour notre spécialiste, cela a également joué dans la reprise du marché. « Une IPO fait toujours du bien car c’est un nouveau papier et les investisseurs institutionnels cherchent toujours à diversifier leurs placements. Donc cela a dynamisé la place » explique-t-il.
In fine, le MASI a perdu 7,27% sur l’année 2020. Une baisse proche à la contraction de la croissance nationale attendue à -6,6% par Bank Al Maghrib. Preuve que la Bourse, malgré son manque de représentativité sectorielle et le nombre réduit de ses entreprises cotées, parvient globalement à refléter l’économie. Sachant que BAM anticipe un rebond de la croissance à 4,7% en 2021, il est envisageable que la place casablancaise suive un trend similaire. Mais si les espoirs de reprise boursière sont nombreux, les incertitudes le sont également.
Une prédiction très complexe pour 2021
Notre professionnel du secteur nous confie : « Les tendances en 2021, c’est la première chose que nous avons abordé ce matin. C’est la première fois que personne ne parvient à savoir comment l’année pourrait se dérouler, car en réalité, tout dépend des vaccins. Seront-ils efficaces ? Le déploiement se fera-t-il rapidement ? Tout cela reste à voir et demeure très incertain. On voit d’ailleurs que la bourse a été très impactée le 21 décembre 2020 suite à la découverte de la nouvelle souche au Royaume-Uni. Les marchés sont très sensibles à ce genre de nouvelle » explique-t-il. Ce jour-là, le MASI avait lâché 3,09% en une seule séance.
Il poursuit, « qui plus est, nous voyons maintenant le degré de vaccination dans les pays ayant entamé les procédures, et cela va assez doucement. Au Maroc, il n’y a pas encore de visibilité claire sur le sujet, donc les choses s’éclairciront peut être après les deux premiers mois de l’année ». Comme nous expliquait Bachir Tazi, directeur de CFG Bank Capital Markets dans un précédent article, « le marché va peut-être se stabiliser dans un premier temps en attendant d’autres stimulations pour poursuivre sa hausse d’ici la fin de l’année 2020. Nous pensons que le prochain élément sera le début effectif de la campagne de vaccination ».
La distribution, l'agroalimentaire et la technologie toujours porteurs cette année
Mais s’il est encore trop compliqué de savoir quelles valeurs performeront mieux que d’autres sur cette nouvelle année, notre source nous annonce cependant que la résilience de certains secteurs en 2020 perdurera en 2021. « Les secteurs qui se sont montrés résilients en 2020 continueront probablement à l’être cette année. Le secteur technologique se maintiendra car nous voyons ce que le télétravail a apporté aux entreprises en terme de digitalisation et de flexibilité pour les salariés. Le secteur de la distribution sera également très probablement résilient sur 2021. La consommation des produits de première nécessité continuera et le secteur a beaucoup d’avenir sachant que la distribution organisée ne représente qu’à peine 20% de la distribution globale au Maroc. Il faut donc garder en tête que la marge de progression est très forte. Il y a du potentiel à aller chercher » nous confie-t-il.
En cas de relance effective de l’économie cette année, le potentiel se situerait également dans les secteurs les plus affectés par la crise en 2020. Ces derniers pourraient bénéficier d’un fort effet de rattrapage en 2021. « Il faut savoir qu’il y aura d’autres alternatives sur le marché une fois la reprise amorcée. Les investisseurs vont regarder les valeurs qui ont été malmenées. Sur 2021, il est possible que les investisseurs aillent plutôt se diriger vers les valeurs qui vont accompagner cette reprise progressive de l’économie » nous expliquait fin 2020, un analyste de la place.
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