Analyse. Les relations économiques Maroc-Chine vues par McKinsey

S.E.H. | Le 27/5/2019 à 16:30

Dans un papier diffusé auprès de la presse, deux associés du cabinet américain de consulting analysent l'intérêt croissant de la Chine pour le Maroc. Et émettent des recommandations aux autorités marocaines pour qu'elles puissent maintenir une relation équilibrée avec Pékin.  

Dans un éditorial intitulé "Maroc et Chine: où en sommes-nous dans le partenariat", François Jurd de Girancourt, Directeur Associé de McKinsey & Company en Afrique et Irene Yuan Sun, Associate-Partner chez McKinsey & Company aux Etats-Unis, livrent une perspective sur les liens économiques entre la Chine et le Maroc, ainsi que diverses recommandations pour parvenir à une relation équilibrée entre les deux pays.

"Bien que les relations sino-marocaines économiques soient encore émergentes, une accélération récente peut être observée", soulignent les deux auteurs. Ils notent à cet effet le partenariat stratégique convenu en 2016 entre les deux pays, suite à une visite du Roi Mohammed VI en Chine.

Cette visite, rappellent les auteurs, a donné naissance à une série d’initiatives, notamment l’adhésion officielle du Maroc à la BRI (Belt and Road Initiative, la nouvelle route de la soie) en 2017, une exemption de visa pour les touristes chinois se rendant au Maroc, plusieurs partenariats industriels, ainsi que la construction prévue d’une ville industrielle près de Tanger par l’entreprise chinoise CCCC (China Communication Construction Company).

François Jurd de Girancourt et Irene Yuan Sun avancent qu’en attirant les investissements chinois, le royaume pourrait connaitre une croissance industrielle plus rapide, une augmentation des opportunités d’emploi local ainsi que des transferts de technologie.

Du côté chinois, les auteurs de l'éditorial avancent plusieurs raisons pour l’intérêt croissant pour le Maroc : un niveau de stabilité politique attrayant, et la place qu’occupe le pays comme étant une passerelle aussi bien pour l’Europe que pour les pays d’Afrique de l’Ouest.

"Le Maroc a des coûts de main-d'oeuvre concurrentiels, des infrastructures de transport relativement bonnes, et possède un statut commercial préférentiel avec l'Union européenne et les États-Unis. Le Maroc est aussi, dans une moindre mesure, perçu par la Chine comme une passerelle commerciale vers les pays d’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, les principales banques marocaines ont les réseaux africains pour accompagner les entreprises chinoises sur l’ensemble du Continent", notent les auteurs.

Ils rappellent que pour ces raisons, les IDE chinois au Maroc ont fortement augmenté depuis la visite du roi en 2016. En 2017, le Maroc a reçu 90 millions USD en IDE en provenance de Chine, soit le double des flux d'IDE de 2015. Plusieurs entreprises chinoises ont annoncé des investissements au Maroc, notamment des équipementiers automobiles.

Par ailleurs, le nombre de touristes chinois a été multiplié par six en seulement deux ans depuis l'entrée en vigueur de l'exemption de visa en juin 2016. La croissance devrait se poursuivre : le ministère du Tourisme prévoit l'arrivée de 500.000 touristes chinois par an d'ici 2020, contre 120.000 en 2017. Le lancement attendu d'une liaison aérienne directe entre la Chine et le Maroc d'ici la fin de l'année et l'organisation d'événements culturels entre les deux pays laissent présager des relations bilatérales croissantes.

"Une stratégie Chine"

Cela étant, une équation reste à résoudre, selon les consultants de McKinsey: la relation Maroc/Chine peut-elle être équilibrée ? Une question essentielle, eu égard au déséquilibre commercial actuel entre les deux pays.

Les auteurs rappellent à cet égard le rapport Danse des Lions et des Dragons: comment l’Afrique et la Chine travaillent ensemble et comment va évoluer le partenariat? élaboré par leur cabinet en 2017, qui met en lumière comment d'autres pays africains ont pu tirer bénéfice de leurs relations avec la Chine: "Tout d’abord, il est utile que les pays aient une "Stratégie Chine" intégrant une réflexion sur la manière dont les objectifs nationaux peuvent bénéficier des investissements chinois", soulignent les auteurs.

Dans le cas du Maroc, les deux consultants appellent à prendre des mesures visant à faire participer le gouvernement et les investisseurs chinois à l’élaboration d’accords de transfert de technologie et à la création de programmes éducatifs conjoints, à favoriser des joint-ventures pour permettre de substituer la production locale aux importations chinoises, et à faire progresser les objectifs d’infrastructure nationaux.

Pour mener à bien ce type de stratégie, les auteurs indiquent que les pays africains ayant le mieux réussi ont délibérément investi dans des administrations capables de dialoguer avec leurs contreparties chinoises.

En Éthiopie, par exemple, le personnel chargé de la promotion des investissements connaît très bien le paysage commercial chinois et recrute également du personnel parlant le mandarin. Un autre exemple est l’Afrique du Sud, qui dispose de plusieurs bureaux consulaires en Chine, (et non d’un seul à Beijing), afin de nouer des contacts avec un plus grand nombre d’investisseurs potentiels.

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