BAM: Le poids de la production de l’Economie non-observée ressort à 31,3% du PIB pour la période 2007-2016

A.L | Le 31/7/2018 à 19:41

Le Produit intérieur brut (PIB) représente l’indicateur le plus utilisé pour mesurer le niveau de l’activité économique. Cependant, il ne prend souvent pas en compte certaines activités communément agrégées sous le nom de l’Economie non observée (ENO). Pour approcher la taille de l’ENO dans sa globalité au Maroc, Bank Al-Maghrib a utilisé la méthode monétaire en raison de la disponibilité des données nécessaires. Les résultats obtenus indiquent que le ratio de la production de l’ENO au PIB se situe en moyenne sur la période 2007-2016 à 31,3%.

Selon le rapport annuel de Bank-Al Maghrib (BAM), le Système de Comptabilité Nationale de 2008 et le manuel de l’OCDE sur la mesure de l’ENO classifient les activités agrégées sous le nom de l'ENO en quatre groupes :

   - la production souterraine : ce sont les activités productives et légales, mais délibérément soustraites au regard des pouvoirs publics pour éviter le paiement d’impôts ou le respect de certaines réglementations ;

  - la production illégale: il s’agit d’activités de production de biens et de services interdites par la loi ou exercées par des producteurs non autorisés ; 

  - la production informelle: c’est une production marchande réalisée par des entreprises non constituées en sociétés appartenant aux ménages, qui ne sont pas enregistrées et/ou inférieures à une taille donnée en termes d’effectifs ; 

  - la production des ménages pour leur propre compte: il s’agit d’activités productives qui se traduisent par une consommation ou une accumulation de biens et de services par les ménages qui les produisent.

BAM explique dans son rapport que la non prise en compte de toutes ces composantes dans le calcul du PIB est attribuable à plusieurs raisons dont notamment l’indisponibilité des données, liée parfois à la sensibilité des questions traitées, et la difficulté de la délimitation conceptuelle et empirique des activités concernées.

«Plusieurs méthodes ont été développées pour évaluer le poids de l’ENO. Certaines appréhendent directement une ou plusieurs parties de ses composantes sur la base d’enquêtes statistiques ou d’investigations en particulier fiscales. D’autres indirectes essayent de cerner l’ensemble du périmètre de l’ENO à travers des techniques de macro-modélisation utilisant des données provenant des comptes nationaux ou des agrégats de monnaie», indique BAM

Pour le cas du Maroc, les activités informelles sont intégrées dans le PIB sur la base des enquêtes ménages menées par le HCP. Leur poids a été ainsi évalué par ce dernier à 11% en 2007 et à 11,5% en 2014.

La méthode "monétaire" de BAM pour approcher la taille de l'ENO

Pour approcher la taille de l’ENO dans sa globalité au Maroc, BAM a utilisé la méthode monétaire en raison notamment de la disponibilité des données nécessaires. Celle-ci suppose que les transactions de l’ENO se règlent en espèce dans le but de ne pas laisser une traçabilité pour les autorités. Cette approche s’effectue en deux étapes: la première consiste à estimer la demande de monnaie «totale» sur la base d’un certain nombre de variables jugées pertinentes telles que la pression fiscale, le taux d’urbanisation, le revenu par tête, le taux d’intérêt ou encore la proportion des salaires des ménages dans le revenu national.

Ensuite, la demande de monnaie «légale», ou celle qui aurait été enregistrée si les agents n’avaient pas de motivation pour intégrer l’ENO, est évaluée à travers une équation obtenue en considérant une pression fiscale nulle. La différence entre les deux résultats donne alors une approximation de la demande de monnaie «illégale». La deuxième étape concerne l’utilisation de l’équation de Fisher dans l’objectif de convertir la quantité de monnaie associée à l’ENO en revenu. Ce dernier est calculé en supposant la même vitesse de circulation de monnaie que pour l’économie observée. 

Les résultats obtenus indiquent que le ratio de la production de l’ENO au PIB se situe en moyenne sur la période 2007-2016 à 31,3%, soit un niveau proche des estimations de plusieurs études à l’international ayant intégré le Maroc dans leurs champs de couverture, selon le rapport de la banque centrale.

Le Maroc occupe le 91e rang en termes de poids de l'ENO

Au niveau international, la Suisse ressort comme le pays où le poids de l’ENO est le plus faible (9% du PIB), suivie des Etats-Unis (9,4%) et l’Autriche (9,9%). Les taux les plus élevés sont relevés pour la Géorgie (64,9%), la Bolivie (62,3%) et le Zimbabwe (60,6%). Avec un taux de 34%, le Maroc se positionne au 91e rang, devant des pays comme l’Egypte (34,2%) ou la Tunisie (35,3%), mais se situant derrière des économies comme la Malaisie (31,5%) ou la Turquie (31,3%).
 

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