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Bachir Baddou élu vice-président de la GFIA : une reconnaissance internationale, des priorités et des défis

Dans cet entretien avec Médias24, Bachir Baddou revient sur son élection à la vice-présidence de la Global Federation of Insurance Associations (GFIA). Il détaille le rôle de la GFIA, ses interactions avec des organisations internationales comme l’IAIS, le FMI et le G20, ainsi que les défis majeurs pour le secteur de l’assurance tels que la régulation, le changement climatique et les cyber-risques.

Bachir Baddou élu vice-président de la GFIA : une reconnaissance internationale, des priorités et des défis

Le 25 décembre 2024 à 12h15

Modifié 25 décembre 2024 à 15h59

Dans cet entretien avec Médias24, Bachir Baddou revient sur son élection à la vice-présidence de la Global Federation of Insurance Associations (GFIA). Il détaille le rôle de la GFIA, ses interactions avec des organisations internationales comme l’IAIS, le FMI et le G20, ainsi que les défis majeurs pour le secteur de l’assurance tels que la régulation, le changement climatique et les cyber-risques.

Bachir Baddou a été élu vice-président de la Global Federation of Insurance Associations (GFIA). Il s’agit de la Fédération mondiale du secteur des assurances, représentant près de 90% des primes d’assurance mondiales. Elle compte 42 associations membres et 3 associations observatrices. Que représente cette nomination pour le vice-président délégué de la Fédération marocaine de l’assurance (FMA) ?

"C’est pour moi une fierté que la FMA accède à cette étape, après avoir été trésorier au sein du bureau sortant", déclare Bachir Baddou.

Il explique que l’intégration du Maroc à cette fédération mondiale a commencé en 2015 avec l’organisation de l’Assemblée générale de la GFIA à Marrakech. "Cet événement nous a permis de rejoindre la fédération mondiale et d’y contribuer activement, jusqu’à en devenir le trésorier. Aujourd’hui, la vice-présidence est une continuité naturelle de cet engagement, ainsi que de l’importance du marché marocain de l’assurance, aussi bien au niveau arabe, avec le plus fort taux de pénétration, qu’au niveau africain, où il occupe la 2ᵉ position en termes de primes émises".

À cette occasion, Médias24 a échangé avec Bachir Baddou pour évoquer cette reconnaissance internationale, les priorités qu’il défend, ainsi que les défis majeurs auxquels font face l’industrie mondiale et marocaine de l’assurance.

Médias24 : Avec cette élection, le Maroc occupe un rôle central dans une organisation mondiale influente. Quelles seront vos priorités pour représenter les spécificités et les intérêts du pays au sein de la GFIA ?

Bachir Baddou : La GFIA est très importante pour les fédérations nationales, et ce pour plusieurs raisons. Elle représente un espace important de partage et d'échange sur des sujets de préoccupation commune. Bien que les sujets diffèrent d’une région à une autre ou d’un pays à un autre, la trame reste souvent la même.

Je peux, par exemple, citer le cadre prudentiel élaboré par l’Association internationale des régulateurs d’assurance (IAIS). Cette dernière a défini des principes que chaque juridiction adapte en fonction de son économie et de la taille de son marché. Cela a donné naissance à des approches variées, comme la directive européenne Solvabilité II, qui repose sur trois piliers (exigences quantitatives, exigences qualitatives et obligations de reporting).

Cette directive est sensiblement différente des cadres appliqués aux États-Unis, au Canada, au Japon ou encore au Maroc, où la Solvabilité basée sur les risques (SBR) est actuellement en cours de mise en œuvre. Toutefois on va toujours retrouver les trois piliers.

Mais le rôle de la GFIA va bien au-delà et nous traitons de tous les sujets d'intérêt commun de nos membres.

- Qu’en est-il de la contribution active à la définition des orientations réglementaires futures ? Peut-on être un acteur influent ?

- Notre rôle consiste également à influencer les décideurs mondiaux et à leur faire prendre la mesure du rôle que joue notre secteur, et des leviers dont il a besoin pour consolider sa position.

Mon rôle, c'est aussi de m'assurer de la prise en compte du principe de proportionnalité, car tous les marchés n’ont pas la même taille ni les mêmes priorités.

Nos interlocuteurs incluent l’IAIS, mais aussi la Banque mondiale, le FMI, l’OCDE et le G20. Nous rencontrons régulièrement ces organisations pour échanger sur l’ensemble des thématiques qui concernent notre industrie.

- Qu’entendez-vous par principe de proportionnalité… S’agit-il de la flexibilité d’application des réglementations ?

- Contrairement au secteur bancaire, où les normes de Bâle s’appliquent de manière uniforme, l’assurance fonctionne différemment.

L’IAIS édicte des principes que chaque juridiction adapte en fonction de ses spécificités

Au Maroc, l’ACAPS bénéficie d’une marge de manœuvre pour transposer ces principes, en tenant compte de nos réalités économiques, de notre stade de développement et de la taille des acteurs.

Il est important que la transposition des normes internationales ne soit pas excessivement contraignante pour les marchés de petite taille, et de garantir le respect du principe de proportionnalité.

Cela nous permet d'avoir des débats en amont avec l'ACAPS qui siège au board de l'IAIS pour veiller à mettre en œuvre une régulation adaptée à notre marché. Nous avons la chance d'avoir une relation exceptionnelle avec l'ACAPS.

- Justement, quels sont les grands défis de l’industrie mondiale de l’assurance en termes de régulation ? Y a-t-il des sujets de préoccupation spécifiques pour le Maroc que la FMA suivra de près au sein de la GFIA ?

- Ces dernières années, sous l’impulsion de l’IAIS, la régulation s’est considérablement durcie et complexifiée. En plus des réglementations, les exigences en matière de reporting ont introduit une lourdeur que les équipes peinent parfois à gérer.

Cela dit, la GFIA ne s'occupe pas uniquement de sujets réglementaires. Loin de là. Nous avons 14 groupes de travail permanents qui traitent d'un ensemble de domaines et qui rendent compte régulièrement à nos membres. Les domaines sont divers et variés. Je peux citer à titre d'exemple les cyber-risques, le vieillissement de la population ou encore les risques systémiques.

Un autre défi majeur est le changement climatique qui exerce une pression croissante sur certains risques devenus presque inassurables. Les partenariats public-privé (PPP) sont ici indispensables. Par exemple, au Maroc, les solutions comme la multirisque climatique ou la couverture contre les événements catastrophiques servent de modèles inspirants pour plusieurs marchés internationaux.

Un autre défi majeur est le changement climatique qui exerce une pression croissante sur certains risques devenus presque inassurables

Enfin, l’accompagnement de notre développement passe par le recrutement de ressources qualifiées. Il est essentiel de disposer de talents capables de comprendre nos concepts et nos enjeux. Ce défi est partagé par tous les marchés mondiaux.

- Il y a aussi la montée des cyber-risques… Comment le secteur des assurances appréhende-t-il ce phénomène ?

- En effet, le cyber-risque prend une ampleur croissante avec l’évolution des technologies et l’avènement de l’intelligence artificielle. Les agents économiques expriment un besoin croissant de couvertures d’assurance pour se protéger contre ces risques.

Cependant, il s’agit de risques complexes à maîtriser pour l’industrie de l’assurance. Les capacités offertes par les réassureurs restent encore limitées. J’échange beaucoup sur ce sujet avec mes homologues au sein de GFIA.

- Enfin, quelles sont les ambitions du Maroc pour que cette élection au sein de la GFIA ait un impact durable sur l’industrie de l’assurance marocaine et régionale ?

- Aujourd'hui, la GFIA englobe un grand nombre de fédérations qui représentent près de 90% des primes émises à travers le monde. Mon objectif est de rallier un maximum de fédérations arabes et africaines.

Nous entretenons d'excellentes relations avec plusieurs marchés arabes et africains du secteur de l'assurance, avec lesquels nous avons signé de nombreuses conventions de coopération. Sous l’impulsion de la stratégie africaine de Sa Majesté le Roi, la FMA a fait de la coopération africaine l'un des axes majeurs de sa stratégie de coopération internationale. D'ailleurs, en février 2025, nous accueillerons l'Assemblée générale et la Conférence annuelle de la FANAF, qui fédère les marchés de l'Afrique francophone. Pour l'instant, nous comptons avec nous, au sein de la GFIA, l'Afrique du Sud, l'Égypte, la Tunisie, et le Liban en tant que membre observateur. Je travaille pour intégrer avec nous le Sénégal et les Émirats arabes unis, et d'autres pays vont suivre très prochainement.

Il est important que nous puissions faire entendre notre voix et contribuer activement aux travaux de cette influente fédération mondiale.

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