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Le henné marocain : un riche potentiel économique, mais sous-exploité

Le henné, qui fait son entrée au patrimoine immatériel de l’UNESCO, incarne un savoir-faire ancestral et une richesse culturelle unique. Au-delà de son rôle symbolique dans les traditions, il offre un potentiel économique prometteur pour les régions oasiennes, encore sous-exploité mais porteur de perspectives de développement.

Le henné marocain : un riche potentiel économique, mais sous-exploité

Le 8 décembre 2024 à 12h33

Modifié 8 décembre 2024 à 14h15

Le henné, qui fait son entrée au patrimoine immatériel de l’UNESCO, incarne un savoir-faire ancestral et une richesse culturelle unique. Au-delà de son rôle symbolique dans les traditions, il offre un potentiel économique prometteur pour les régions oasiennes, encore sous-exploité mais porteur de perspectives de développement.

Le henné, emblématique de l’artisanat marocain et des traditions populaires, a récemment été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Cette reconnaissance met en lumière un savoir-faire ancestral et une plante au cœur des rituels sociaux dans de nombreux pays arabes, dont le Maroc. Cette distinction, obtenue grâce à une candidature défendue par seize pays arabes, salue également son rôle dans le cycle de vie des individus, des naissances aux mariages, jusqu'à la mort.

Une plante au cœur des traditions et du patrimoine marocain

Au Maroc, le henné est profondément ancré dans la culture et les traditions. La plante, souvent considérée comme magique, joue un rôle clé lors des célébrations et des événements marquants. De ses feuilles séchées et broyées naît une pâte aux propriétés esthétiques et symboliques, appliquée pour embellir, mais aussi pour porter chance ou éloigner le malheur.

Des dictons populaires comme "Mets-toi du henné, et Allah aura pitié de toi (حني باش ربي يحن عليك)" témoignent de son importance dans l’imaginaire collectif. Selon les régions et les traditions, les motifs et techniques varient, offrant des nuances de rouge, d’orange ou de jaune, qui subliment les mains et les pieds lors des mariages ou autres festivités.

L’art du henné, qu’il s’agisse de sa culture ou de sa préparation, repose sur un savoir-faire minutieux, transmis de génération en génération. Une naqacha expérimentée explique : "Le henné demande patience et amour. Si vous le respectez, il vous le rend en bénédictions et en beauté. Nous broyons les feuilles en priant sur le Prophète, car le henné est un don sacré".

Ce lien profond entre la nature et les traditions fait également de la culture du henné un marqueur identitaire fort, particulièrement dans les régions oasiennes du Sud marocain.

Un potentiel économique encore sous-exploité

Au-delà de sa valeur culturelle, le henné représente une filière agricole prometteuse. Avec une production nationale concentrée dans les zones arides comme Drâa-Tafilalet et Souss-Massa, cette culture bénéficie de conditions climatiques idéales. Les provinces d’Errachidia, Zagora et Tata, se distinguent comme les principaux centres de production. Cependant, les données montrent que cette richesse reste en grande partie sous-valorisée.

Avec une superficie totale cultivée de 1.750 hectares en 2023, ces régions produisent environ 5.560 tonnes de henné par an, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture.

Le rendement moyen, qui varie entre 1 et 1,8 tonne par hectare, permet jusqu’à quatre récoltes par an, principalement entre mai et novembre. Outre la poudre de henné utilisée pour les tatouages, les produits dérivés comme les teintures, les shampoings et les masques connaissent une demande croissante sur les marchés nationaux et internationaux.

Selon l’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) du Tafilalet, le henné constitue un véritable gisement d’emplois pour les artisans, agriculteurs et commerçants de la région. Cependant, le manque de valorisation freine encore le développement de cette filière.

Pour pallier ces défis, un projet pilote a été lancé en 2019 dans les communes d’Alnif, Mscisi, Hsya et Sidi Ali, avec un budget de 24,7 millions de DH. Ce programme, porté par le Groupement d'intérêt économique (GIE) Alnif-Tafraout-Maidar, vise notamment à :

  • Augmenter le rendement de 14% ;
  • Étendre les superficies cultivées de 20% ;
  • Organiser les producteurs en coopératives entrepreneuriales.

Des perspectives d’exportation prometteuses

Du côté du Conseil régional du tourisme de Drâa-Tafilalet, l'on souligne que les produits "Made in Morocco" à base de henné attirent une demande mondiale croissante. Cette dynamique offre une opportunité de renforcer le positionnement du Maroc comme leader de la filière à l’échelle internationale.

Aux côtés du palmier dattier, de l’amandier et du safran, le henné constitue l’une des filières stratégiques soutenues par l’ORMVA dans le cadre de projets de développement durable. Sa capacité à prospérer dans des sols pauvres tout en offrant des opportunités économiques fait de cette culture un levier de résilience face aux défis climatiques et sociaux des zones oasiennes.

L’inscription du henné au patrimoine immatériel de l’UNESCO représente une reconnaissance internationale qui pourrait booster son attractivité économique. Pour maximiser cet impact, il est crucial de développer des infrastructures adaptées, comme les unités de transformation et de valorisation, et de renforcer les circuits de commercialisation, notamment à l’export.

Le henné, symbole de la culture marocaine, pourrait ainsi devenir une véritable locomotive économique pour les régions oasiennes, tout en préservant un savoir-faire ancestral.

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