Batteries à haute performance : les incentives et facilités pour accompagner l’écosystème au Maroc

À la différence d'autres industries implantées sur son territoire, le Maroc s'est impliqué dans les premières phases de croissance de celle des batteries électriques. Cet écosystème promet de figurer parmi les grandes industries du Royaume et d’occuper, dans un futur très proche, la première place du podium en termes de business et de génération de richesses. Quels sont alors les incentives et les facilités mis en place pour l’accompagner, qui font du Maroc un pays apte à accueillir des investissements de haut niveau dans ce secteur ?

@crédit photo : Hicham BENNIS / LinkedIn

Batteries à haute performance : les incentives et facilités pour accompagner l’écosystème au Maroc

Le 22 mai 2024 à 18h13

Modifié 22 mai 2024 à 18h53

À la différence d'autres industries implantées sur son territoire, le Maroc s'est impliqué dans les premières phases de croissance de celle des batteries électriques. Cet écosystème promet de figurer parmi les grandes industries du Royaume et d’occuper, dans un futur très proche, la première place du podium en termes de business et de génération de richesses. Quels sont alors les incentives et les facilités mis en place pour l’accompagner, qui font du Maroc un pays apte à accueillir des investissements de haut niveau dans ce secteur ?

"L’offre de valeur du Maroc est multidimensionnelle", a expliqué Ayda Fathi, directrice des industries de l’automobile au ministère de l’Industrie, lors du Forum international de la chimie tenu les 15 et 16 mai dernier à Rabat.

Stabilité, fiabilité, résilience et visibilité sont les principaux prérequis disponibles au Maroc

"Les incentives sont importants dans le Royaume. Ils font partie de l’offre de valeur. Quand un investisseur pense à investir, il choisit une terre favorable à l’investissement, ce qui inclut plusieurs prérequis", estime-t-elle.

Il s’agit d’abord, "d’un pays fiable, d'un pays résilient, et d'un pays qui ne revient jamais sur ses engagements, et tous ces prérequis sont disponibles au Maroc. Le travail réalisé depuis plusieurs années par les différents gouvernements et la mise en place progressive de la stratégie industrielle" ont notamment joué en faveur du Royaume.

L'une des clés du développement de l'écosystème des batteries au Maroc, "c’est le travail en convergence entre le gouvernement, les départements ministériels et les partenaires privés", a-t-elle souligné, "puisque ce sont les industriels qui remontent la réalité sur le terrain, et c’est au gouvernement de mettre en place à chaque fois une offre différenciée, qui répond à de nouvelles contraintes, d’autant qu’on est dans un monde en plein changements et perturbations".

"C’est donc la stabilité du Maroc, et la visibilité qu’il procure" qui sont pris en compte par les investisseurs. De plus, "tous les indicateurs macroéconomiques au Maroc font en sorte que nous sommes un pays sur tous les radars, et en particulier dans l’industrie", a ajouté la directrice des industries de l’automobile.

"On parle de Maroc comme étant un hub mondial de la chimie, laquelle est une industrie importante, qui représente un pilier à d’autres industries, en particulier celle de l’automobile, qui se dirige aujourd’hui vers une nouvelle mobilité électrique. Le corollaire est donc la batterie électrique".

"Tout ce qu’a construit le Maroc et tous ses choix stratégiques, que ce soit l’investissement massif dans les énergies renouvelables, les accords de libre-échange, ainsi que la protection des investissements, sont très favorables au développement de ce nouvel écosystème des batteries, à l’instar de ceux de l’aéronautique et de l'automobile, qui ont bien réussi", a conclu Ayda Fathi.

"Le Maroc est lui-même un incentive"

"Le Maroc est lui-même un incentive", a estimé, pour sa part, Youssef Tber, directeur général Investissement & Export à l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), à l'occasion dudit forum.

"Au-delà de l’aide qu’on peut donner aux projets dans ce secteur des batteries, le coût de l’énergie au Maroc, sa disponibilité, les accords de libre-échange, ainsi que le facteur humain et le niveau des infrastructures, sont également des facteurs de compétitivité importants", a-t-il expliqué.

"En réalité, lorsque l’investisseur considère le Maroc, il considère une plateforme industrielle crédible, qui lui donne accès à des marchés mondiaux, et qui le fait gagner en compétitivité par rapport à ses clients qui sont en Europe ou aux Etats-Unis".

"Le Maroc est une Suisse de l’industrie"

"On a donc un beau produit qu'est le Maroc, et on n’a pas beaucoup de mal à convaincre ou à relever l’intérêt des investisseurs dans ce secteur" pour y investir. "Certes, entre le fait qu’ils s’intéressent au Royaume et qu’ils viennent s’y installer, il y a beaucoup de travail réalisé dans l’intervalle mais, en tout cas, on n’a pas beaucoup de mal à faire considérer le Maroc comme étant une destination potentielle".

Et d'ajouter : "Les incentives, c’est aussi les aides qu’on apporte à ces investisseurs. On a tendance à dire que dans le contexte géopolitique actuel, il faut des endroits où des concurrents puissent se retrouver. On sait que la Chine et les USA sont des blocs complémentaires et parfois concurrents, mais même ces entités ont besoin d'une plateforme commune pour faire avancer leurs écosystèmes. Le Maroc est comme une Suisse de l’industrie, un terrain d’entente et un terrain neutre, dans lequel les entreprises même concurrentes peuvent se retrouver pour construire ensemble de la valeur".

"Le ministère de l’Industrie fait pour sa part un travail en profondeur sur ce que doit être la vision du Royaume dans les prochaines années pour construire cet écosystème des batteries électriques. D’autres départements ministériels sont également fortement impliqués, notamment le ministère de l’Energie pour développer l’offre en énergie verte".

"Cette industrie est particulière, parce que l’échelle des projets n’a rien à voir avec les projets qu’on a vus dans le passé en termes de besoins et de prérequis. Il faut donc que le Maroc se prépare aussi pour répondre à cette demande essentielle. On a besoin de mobiliser l’ensemble du gouvernement pour compléter l’offre aujourd’hui présente. C’est une industrie stratégique, et elle est traitée comme telle".

Un arbitrage est fait en termes d'impact sur le pays

"Plusieurs secteurs peuvent profiter de cet écosystème", précise par ailleurs Youssef Tber, "notamment le BTP et celui de l’énergie. Il y a aussi tous les intrants utilisés dans cette filière, qui peuvent être portés par des entreprises marocaines".

Comment faire alors pour que ces dernières deviennent des champions ou les partenaires de tels projets ? "Le dispositif spécifique de la Charte de l’investissement est en faveur des projets stratégiques", explique-t-il. "C’est un dispositif qui laisse pas mal de marge de manœuvre au gouvernement. L’Etat veille à ce que les projets puissent se faire dans les meilleures conditions, mais aussi à ce que les engagements des investisseurs soient les plus importants possible en termes d’emploi notamment et de sécurité technologique".

Qu'en est-il du taux d’intégration ? Est-il toujours pris en considération pour encourager les projets dans le cadre de la Charte de l’investissement ? "Oui, mais la filière de la batterie est nouvelle", ajoute-t-il. "On ne peut pas s’attendre à ce que le taux d’intégration soit immédiatement élevé. On discute toutefois avec les opérateurs pour favoriser l’intégration locale à chaque fois que cela est possible".

"L’Etat évolue dans un environnement plein de contraintes. Pour lui, les financements publics doivent couvrir un certain nombre de priorités, telles que la sécurité sociale, les infrastructures et la réponse au séisme notamment. On n’a donc pas un budget illimité pour recevoir ces projets stratégiques qui viennent avec l’idée qu’il y a une concurrence internationale, et que tout le monde souhaite attirer ces projets de gigafactory ou de filière".

De plus, "en Europe ou aux Etats-Unis, les investisseurs se voient offrir des conditions sur lesquelles le Maroc ne peut s’aligner. Nous n’avons pas le même budget, ni les mêmes appuis communautaires ou financiers. Ce qu’on garantit aux investisseurs, c’est l’aide que nous allons leur présenter et la compétitivité que nous allons leur assurer. Telle est l’offre Maroc".

"Au-delà de cela, on ne pourra pas accueillir tous les produits que nous recevons. On doit donc faire un arbitrage entre les meilleurs partenaires pour le Maroc au niveau de la technologie, de l’emploi et de la valeur ajoutée, et c’est un travail fait en concertation avec les ministères pour que les projets les plus aidés soient ceux qui ont le plus d’impact sur le pays", a conclu Youssef Tber.

L'exemple de COBCO

"Cobco - Core Battery Components made in Morocco" est un exemple des projets actuellement en cours de construction au Maroc, qui garantira la compétitivité du pays sur ce secteur au niveau mondial.

Présenté par Zineb Zeryouhi, sa directrice générale adjointe, lors du Forum international de la chimie, ce projet est une joint-venture entre le groupe Al Mada et le le groupe chinois CNGR, leader mondial dans les précurseurs de batteries. Il a pour objectif "le développement du premier projet au Maroc et en Afrique dans la chaîne de valeur des batteries à haut potentiel".

"C'est une première géographique et la concrétisation d'une vision stratégique". Selon Zineb Zeryouhi, "ce projet, dont la construction a démarré en octobre dernier, est situé dans le parc industriel d'OCP. 90% de notre chiffre d'affaires sera fait à l'export, dans un premier temps".

"Il s'agit d'un terrain de 200 hectares, que l'on ne va pas utiliser dans sa totalité. L'idée est de développer les écosystèmes autour de nous. L'investissement initial sur la partie NMC uniquement (batterie composée de nickel-manganèse-cobalt) s'élève à 20 milliards de DH, qu'on est aujourd'hui en train de déployer. Nous avons une forte ambition de cibler 25% de part de marché globale, en excluant le marché chinois, parce qu'on a des concurrents très compétitifs en Chine".

"Cobco a fait le choix de développer la partie NMC en premier, avec une mise en service dès janvier 2025, donc dans sept mois, avec une deuxième phase sur la partie LFP (batterie composée de lithium-fer-phosphate), notamment grâce au concours d'OCP".

Et de préciser : "Le marché des batteries à haut potentiel représentera à court terme (2030) 400 milliards de dollars. L'usage automobile représentera à lui seul 80% et, au Maroc, nous avons une industrie automobile. En termes de géographie, cette demande est portée par la Chine mais, en 2030, 27% du marché mondial sera porté par l'Amérique du Nord et l'Europe, qui sont les marchés que l'on cible à travers ce projet".

"CNGR, l'un des actionnaires de ce projet, est présent sur le maillon de raffinage de la chaîne de valeur de la batterie, et en détient 25% de part de marché globale. Il est aussi présent en bout de chaîne sur la partie recyclage qui sera, à terme, un maillon important de cette chaîne de valeur. Notre projet est positionné sur la partie raffinage pour la partie NMC, et sur la partie cathode également via le projet LFP. On s'appuiera également sur un écosystème marocain, notamment pour la partie minière, sur des sociétés sœurs telles que Managem, ainsi que sur le recyclage de batteries en bout de vie", a conclu Zineb Zeryouhi.

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