L'emploi rural continue de décroître, pesant lourdement sur le chômage

L'analyse du marché de l'emploi durant chaque premier trimestre, depuis 2006, révèle des tendances inquiétantes, mettant en lumière des défis majeurs, notamment pour les emplois ruraux. Analyse.

L'emploi rural continue de décroître, pesant lourdement sur le chômage

Le 29 avril 2024 à 18h52

Modifié 30 avril 2024 à 7h25

L'analyse du marché de l'emploi durant chaque premier trimestre, depuis 2006, révèle des tendances inquiétantes, mettant en lumière des défis majeurs, notamment pour les emplois ruraux. Analyse.

Nous poursuivons ci-après notre lecture des chiffres du chômage et de la situation du marché du travail. Dans cet article, nous avons choisi de traiter les premiers trimestres, pour pouvoir mesurer l’évolution de la situation sachant que les chiffres du 1er trimestre 2024 ne vont pas tarder à être publiés.

Sur la période allant de 2006 à 2023, au cours des premiers trimestres, une tendance inquiétante se dessine : 12 trimestres affichent une création nette négative d'emplois dans les zones rurales. Pendant cette période, la création moyenne d'emplois urbains s'élève à 93.000 emplois par premier trimestre tandis que celle des emplois ruraux est de -55.000 emplois.

Depuis 2006 et jusqu’à 2015, le taux de chômage national relatif au premier trimestre a oscillé entre 9% et 10,7%, ne franchissant jamais la barre des 11%. Cependant, depuis 2016, il a dépassé les 12%, un niveau sans précédent. Cette hausse est étroitement liée à cinq années de sécheresse sur les huit dernières années. Ces conditions climatiques difficiles se sont traduites par cinq premiers trimestres consécutifs de pertes nettes d'emplois ruraux (2019-2023), totalisant près de 821.000 emplois détruits. Cette conjoncture explique la hausse significative du taux de chômage national, le portant à près de 12,9% au premier trimestre 2023.

Médias24 a mené une analyse quantitative sur les corrélations des trois variables. Les résultats indiquent que la création nette d'emplois ruraux semble avoir un impact légèrement plus significatif sur le taux de chômage que celle des emplois urbains. D'après nos observations, chaque perte de 1.000 emplois ruraux entraîne une augmentation du taux de chômage de 0,005 point. Autrement dit, une diminution de 200.000 emplois  ruraux équivaut à une hausse de 1,07 point du taux de chômage.

Depuis 2006, l'emploi urbain au titre des premiers trimestres a enregistré une augmentation de 1.580.000 emplois, tandis que l'emploi rural a subi une baisse de 934.000 emplois. Pendant cette même période, le taux de chômage est passé de 9,6% à 12,9%, soit une augmentation de 3,3 points, confirmant ainsi nos analyses antérieures.

Dans le même contexte, une diminution de 934.000 emplois aurait pour effet une hausse du taux de chômage de 4,67% (selon nos calculs). Cependant, la différence entre le taux de chômage prévu et celui enregistré (3,3%) peut être attribuée à la résilience de la création nette d'emplois urbains, qui n'a affiché que 2 trimestres déficitaires sur les 18 étudiés.

Source : HCP

L'examen comparatif des données sur l'emploi urbain et rural révèle des tendances significatives. Jusqu'en 2010, l'emploi rural surpassait en nombre l'emploi urbain – une tendance historique. A partir de cette date et pour la première fois de l'histoire du Maroc, le nombre d'emplois urbains a dépassé celui d'emplois ruraux. Et la tendance s'est renforcée au cours des années suivantes à cause de la sécheresse, puisque la dégringolade de l'emploi rural s'est poursuivie.

Cependant, à partir de cette période, une inversion s'est amorcée. Depuis 2015, l'écart en faveur de l'emploi urbain s'est accentué, atteignant son point culminant en 2023 en raison de la détérioration continue de l'emploi rural. Cette évolution a conduit à une augmentation du taux de chômage sur la même période (2016-2023). Cette observation met en lumière le fait que la diminution des emplois ruraux n'a pas été compensée par des opportunités dans d'autres secteurs moins vulnérables aux aléas climatiques.

Malgré les taux de croissance économique enregistrés au Maroc entre 2016 et 2023, la création d'emplois demeure un aspect préoccupant de l'économie marocaine. Logiquement, une expansion économique devrait se traduire par une augmentation de l'emploi. Face à cette réalité, il est impératif que le Maroc reconsidère son marché du travail en prenant en compte les risques climatiques et en améliorant les mécanismes de reconversion professionnelle vers des secteurs moins vulnérables.

Ceci souligne l'urgence d'orienter les investissements vers des secteurs créateurs d'emplois, afin de stimuler la demande intérieure. Cette dernière, comme le confirment les analyses du haut-commissariat au Plan, reste un moteur majeur de la croissance économique au Maroc.

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