Tourisme : pourquoi le marché chinois n’a pas repris son rythme de croissance pré-Covid

Malgré l’énorme potentiel du marché chinois, le Maroc n’a accueilli que 60.000 visiteurs en 2023 contre plus de 200.000 en 2019. L’occasion d’interroger deux experts, la secrétaire générale de la CNT, Wissal El Gharbaoui, et le directeur du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate, Zoubir Bouhoute, sur les raisons de ce ralentissement, qui devrait durer au moins jusqu’à 2026.

Tourisme : pourquoi le marché chinois n’a pas repris son rythme de croissance pré-Covid

Le 17 avril 2024 à 17h09

Modifié 17 avril 2024 à 17h09

Malgré l’énorme potentiel du marché chinois, le Maroc n’a accueilli que 60.000 visiteurs en 2023 contre plus de 200.000 en 2019. L’occasion d’interroger deux experts, la secrétaire générale de la CNT, Wissal El Gharbaoui, et le directeur du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate, Zoubir Bouhoute, sur les raisons de ce ralentissement, qui devrait durer au moins jusqu’à 2026.

"Contrairement aux autres marchés émetteurs du Maroc, le nombre d'arrivées chinoises en 2023 n'a pas connu une croissance importante car depuis la crise du Covid, ce marché n'a pas encore repris réalisant des chiffres qui restent insignifiants par rapport à la hausse exponentielle entre 2016 et 2019", estime la secrétaire générale de la Confédération nationale du tourisme, Wissal El Gharbaoui, rappelant que la levée des visas avait provoqué une croissance à trois chiffres des arrivées chinoises.

"La reprise du marché chinois n’aura pas lieu avant 2026"

Ainsi, la destination culturelle de prédilection du marché chinois qu’est la France a connu un taux de récupération d’à peine 40% en 2023, soit moins de la moitié des arrivées chinoises réalisées en 2019.

Et de citer une étude récente menée sur ce marché par les autorités françaises, selon laquelle 60% des voyageurs chinois qui avaient l'habitude de voyager à l'international et plus particulièrement en France, avaient l'intention de reprogrammer leur voyage à l’horizon 2025, voire même en 2026.

La majorité des visiteurs chinois au Maroc voyageant dans le cadre de voyages combinés par la France, l’Italie ou l’Espagne, la reprise du trafic n’aura pas lieu en 2024, car ce marché n'a pas encore retrouvé le niveau de sérénité nécessaire pour revenir au même niveau d’arrivées de 2019.

Si les éléments conjoncturels ne dépendent pas des autorités marocaines, notre interlocutrice juge nécessaire de profiter de cette période de ralentissement pour se préparer à accueillir ce marché en capitalisant sur les expériences d'autres pays pour pouvoir proposer des offres combinées.

"Si le Maroc avait réussi à se positionner auprès de ce marché avec des chiffres record entre la levée des visas en 2019 et le début de la pandémie début 2020, plusieurs problèmes d’ordre structurel empêchent de profiter pleinement de ses opportunités et de mettre en œuvre une véritable reprise", affirme El Gharbaoui avant de citer les raisons qui empêchent un rebond rapide.

Des lacunes qui nécessitent d’améliorer les infrastructures d'accueil à l’image de certains pays du Moyen-Orient qui ont adapté leur signalétique en mandarin dans les centres commerciaux et dans les cartes de restaurants, mais aussi d'accompagner les visiteurs chinois avec des guides touristiques ayant la qualification linguistique et des compétences professionnelle requises.

"Un secteur informel qui a la mainmise sur la majorité des arrivées chinoises"

De plus, le secteur informel a pris le pas sur l’industrie formelle avec un nombre croissant de Chinois qui opèrent clandestinement, notamment à Casablanca et à Marrakech, en organisant le séjour, payé en Chine, ainsi que toutes les sorties (restaurants, commerces, circuits...) de leurs compatriotes touristes.

"Depuis quelques années, ces intermédiaires ont la mainmise sur ce marché, qui devient de plus en plus informel", dénonce la secrétaire générale de la CNT, ajoutant que l'autorité de tutelle, qui a été interpellée plusieurs fois sur cette problématique, n'a pas encore trouvé la bonne recette pour le contrer.

La prédominance du secteur informel et d'acteurs clandestins occasionnent un important manque à gagner financier et économique pour la destination, qui ne profite donc pas du marché émergent chinois.

"Le défi de la connectivité devient urgent"

Pour se donner les moyens de réussir son installation sur ce marché émergent à très fort potentiel, il faudra notamment résoudre le problème de connectivité propre à toutes les destinations lointaines.

"En l'absence d'une liaison directe reliant Pékin à Casablanca et à Marrakech, il sera très difficile de capitaliser sur ce marché malgré son énorme potentiel", conclut Wissal El Gharbaoui. Ces lignes devront nécessairement être pérennes pour être véritablement efficaces.

Zoubir Bouhoute, qui dirige le Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate, nous confirme que la clé de la réussite pour réaliser une croissance importante passera par l’ouverture de lignes directes.

"La RAM prévoit d'acquérir 150 avions d'ici 2037 ; elle doit donc prendre en considération ce marché en lui consacrant au moins deux gros porteurs pour desservir Pékin à partir des aéroports de Casablanca et de Marrakech à raison de quatre rotations par semaine", avance Zoubir Bouhoute, ajoutant que l’ouverture de ces deux lignes permettra d'accueillir 150.000 visiteurs à partir de 2025.

Pour atteindre le chiffre de 500.000 arrivées chinoises qui avait été promis pour 2020 par l'ancien ministre du Tourisme Mohamed Sajid, notre interlocuteur estime qu’il faudra attendre au moins 2030, avec l'ouverture de plusieurs lignes directes de la RAM et d'autres compagnies étrangères.

Sollicitée par Médias24 pour savoir si la ligne Casablanca-Pékin redeviendrait opérationnelle en 2024 ou en 2025, une source autorisée de la compagnie nationale nous a déclaré : "Ce n’est pas encore figé."

Faute de visibilité sur l’ouverture de ligne directe, les prévisions de la feuille de route, qui table sur 390.000 arrivées chinoises en 2026 et 750.000 à l’horizon 2030, semblent difficiles à réaliser.

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