À cause des phénomènes climatiques, les premières récoltes d'agrumes sont en deçà des attentes

Les premières récoltes d’agrumes sont en léger recul par rapport à la campagne précédente. Outre un déficit pluviométrique et des dotations à l’irrigation à partir des barrages en baisse, les épisodes caniculaires à répétition, survenant plus tôt que d’habitude, ont impacté les rendements et la qualité des fruits. Les programmes d'exportation risquent d'être modifiés.

À cause des phénomènes climatiques, les premières récoltes d'agrumes sont en deçà des attentes

Le 14 novembre 2023 à 18h04

Modifié 14 novembre 2023 à 18h08

Les premières récoltes d’agrumes sont en léger recul par rapport à la campagne précédente. Outre un déficit pluviométrique et des dotations à l’irrigation à partir des barrages en baisse, les épisodes caniculaires à répétition, survenant plus tôt que d’habitude, ont impacté les rendements et la qualité des fruits. Les programmes d'exportation risquent d'être modifiés.

La production prévisionnelle de la filière agrumicole au titre de l’automne 2023 devait atteindre un volume de près de 1,7 million de tonnes (+4,2% par rapport à 2022), sur une superficie d'environ 130.000 ha. C'est du moins ce qui était escompté. Cependant, au vu des premières cueillettes, les récoltes risquent d’être en deçà des espérances. 

"Les premières récoltes annoncent une production moyenne, dans la lignée de la précédente campagne qui était également en recul en matière de production", explique à Médias24, une source autorisée.  En cause, un important déficit pluviométrique et des épisodes caniculaires à répétition.

Pis, ces épisodes ont lieu de plus en plus tôt, perturbant le cycle de production des agrumes dans la région de Souss-Massa, la plus importante zone de production d’agrumes au Maroc, au même titre que dans les zones agrumicoles de Béni Mellal et Marrakech. 

On peut citer l'exemple de "la dernière canicule de la mi-octobre qui s’est abattue sur la région du Souss, notamment au moment des premières récoltes de clémentine. Alors que les fruits étaient mûrs ou quasiment mûrs, ils ont été très sensibles aux coups de soleil qui ont occasionné des brûlures, affectant 15% des récoltes en moyenne selon les variétés", selon notre interlocuteur. 

Réduction du calibre des fruits et granulation

Si dans le Gharb et l’Oriental, les agrumes se portent relativement bien grâce à une meilleure pluviométrie et un climat plus doux, c'est moins le cas d'autres zones agrumicoles, où des phénomènes climatiques extrêmes ont perturbé leur cycle de production.  

"Ces conditions climatiques extrêmes ont principalement impacté le calibre des fruits. Il y a aussi eu un phénomène de dessèchement des fruits de l’intérieur. C'est ce qu’on appelle la granulation, notamment sur les variétés précoces de clémentines", indique à Médias24 une source autorisée. 

Concernant les variétés de clémentines de saison comme l’Orogrande, "la situation est meilleure, même s’il y a tout de même le phénomène de granulation, mais à un degré moindre que les variétés extra-précoces. S’agissant des variétés précoces et extra-précoces, le taux d’écart a été important", poursuit notre interlocuteur.  

Ces désagréments concernent non seulement les zones agrumicoles du Souss, mais aussi celles de Marrakech et Béni Mellal. Principalement en raison de la suspension des dotations agricoles à partir des barrages. Les producteurs forent de nouveaux puits de plus en plus profonds, sans pour autant avoir la garantie de trouver de l’eau. 

"Dans la région de Béni Mellal, plusieurs agriculteurs qui pompaient l’eau à partir de 70 mètres de profondeur ont vu leurs puits s'assécher. Ils sont désormais obligés de forer encore plus profondément, parfois jusqu’à 250 mètres. D’autres n’ont pas pu aller plus en profondeur, car cela coûte beaucoup trop cher, jusqu'à 500.000 DH. Actuellement, rares sont les exploitants qui disposent d'une telle manne financière", nous explique notre source. 

Des épisodes caniculaires plus fréquents

Cet ingénieur agronome, au plus près du terrain, décrit les vagues de chaleur et leur impact sur les agrumes, dans la région de Souss-Massa en particulier : 

- Du 24 au 28 avril : Une première vague de chaleur est intervenue lors de la floraison, qui est le stade le plus sensible. Quand il y a de fortes températures, les arbres sacrifient en premier les fleurs. 

"Dans un premier temps, les producteurs ont vu le côté positif en pensant que les fleurs qui tombent permettront d’apporter un équilibre à l’arbre, car la floraison avait été très importante. Mais par la suite, au moment de la formation des fruits, nous avons remarqué une baisse du rendement."

- Du 8 au 10 mai : Une seconde canicule s’est abattue sur la région du Souss. Cela a causé la brûlure de 15% des fruits à cause des coups de soleil. 

- Du 24 au 28 juin : Cette troisième vague de chaleur a eu pour conséquence la chute des fruits, et donc une baisse de rendement en perspective.   

- Du 9 au 26 août : Cette quatrième vague de chaleur, qui a duré près de deux semaines, a été marquée par un record de températures (51°C). Elle a freiné le développement des calibres et causé la chute de quelques fruits (variétés Nadorcott et Nour). 

- Du 1er au 17 octobre : une cinquième vague de chaleur a été enregistrée. Elle a eu des effets négatifs sur la peau du fruit. Au début, la peau est épaisse. Mais plus le fruit se remplit de jus, plus la peau s'amincit. De fait, il y a des brûlures sur la peau du fruit à cause de la chaleur et des coups de soleil. 

- Enfin, la tempête et les vents violents qui ont touché l’ensemble du Royaume, y compris le Souss, a fait des dégâts sur la variété Nadorcott. 

Si les agriculteurs de la région sont habitués à des conditions climatiques difficiles, notamment un déficit pluviométrique et des températures caniculaires, cette année a été un peu particulière. "C’est la première fois que ces épisodes caniculaires interviennent si tôt", assure notre source. 

"Par le passé, la hantise des producteurs était que les vagues de chaleur soient enregistrées lors du mois de juin. Cette année, elles ont commencé dès le mois d’avril, ce qui a poussé l’arbre à s’adapter et à se délester de ses fleurs." Les agriculteurs s’adaptent tant bien que mal à ces conditions climatiques. "Certains producteurs ont abandonné une partie de leurs serres pour que l’autre partie puisse survivre."

Les programmes d'exportation modifiés ? 

Les exportations prévisionnelles d’agrumes pour la campagne 2023-2024 devraient se situer aux alentours de 500.000 tonnes. Soit 50.000 tonnes de plus (+10%) que lors de la précédente campagne, mais toujours loin des exportations record de 2021-2022 (766.000 tonnes), en raison des conditions climatiques difficiles et de l’inflation des intrants agricoles. 

Si les exportations de certaines variétés précoces démarrent généralement au cours du mois d'octobre, le calendrier prévisionnel a été perturbé cette année. "La campagne d’exportation risque d’être retardée de quelques semaines", prévient notre interlocuteur.  

"Les exportateurs expliquent à leurs clients que les conditions climatiques ont été difficiles cette année et qu'elles entraînent des modifications sur les programmes d’exportation. Généralement, les importateurs sont compréhensifs. C’est également le cas des supermarchés qui ont tendance à pénaliser leurs fournisseurs. Ils se fournissent auprès de trois ou quatre stations de conditionnement au Maroc qui souffrent des mêmes problématiques", poursuit-il. 

Autrement dit, les acheteurs n'ont pas d’autre choix que d’accepter la situation. D’autant plus que les rares pays producteurs d’agrumes, à l’instar de l’Espagne, font face aux mêmes phénomènes climatiques qui nuisent aux rendements. 

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