Affaire Aït Ljid / Hamidine : vers un nouveau round en appel

Trente ans après les faits, Abdelali Hamidine a été condamné une deuxième fois dans l'affaire du meurtre d'Aït Ljid Benaissa. Round up.

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Affaire Aït Ljid / Hamidine : vers un nouveau round en appel

Le 13 juillet 2023 à 15h57

Modifié 13 juillet 2023 à 16h54

Trente ans après les faits, Abdelali Hamidine a été condamné une deuxième fois dans l'affaire du meurtre d'Aït Ljid Benaissa. Round up.

Trois ans de prison ferme pour Abdelali Hamidine. Le verdict a été rendu le mardi 11 juillet contre le membre du secrétariat général du PJD. La chambre criminelle de Fès a retenu son implication dans l'affaire Benaissa Aït Ljid, tué trente ans plus tôt en pleine guerre de factions entre étudiants gauchistes et islamistes à la faculté Dhar El Mahraz.

Hamidine impliqué, mais comment ? L'accusé a été condamné pour "complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la causer". Il s'en sort avec une peine réduite, la sanction théorique pour ce crime étant de dix à vingt ans de réclusion.

L'infraction a été retenue après "requalification" des faits. L'ancien député était initialement jugé en tant que "coauteur d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens".

Sur le volet civil, Abdelali Hamidine devra s'acquitter de 20.000 DH au profit de chacun des deux proches de la victime, venus réclamer réparation auprès des juges. Ces derniers sont à l'origine de la plainte déposée en 2017.

Egalement partie civile, l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a, pour sa part, eu droit à un dirham symbolique.

Nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits ?

L'annonce de la sentence a généré de vives réactions au sein du PJD, dont Hamidine est l'une des figures fortes. Le 12 juillet, le secrétariat général de la formation islamiste a tenu "une réunion exceptionnelle", suivie d'un communiqué où le parti exprime "son soutien total et sa solidarité absolue" envers l'accusé.

Sur le fond, le parti "regrette" un dossier "rouvert après trente ans par une citation directe mensongère à soubassements politiques exposés".

Les faits, qui remontent à 1993, avaient déjà fait l'objet d'un procès débouchant sur la condamnation de Hamidine (2 ans de prison, mai 1994). À l'époque, l'intéressé avait été reconnu coupable de "participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort".

Depuis, l'homme politique avait purgé une partie de sa peine, devenue définitive après sa confirmation en appel. Ce qui n'a pas empêché le ministère public de relancer le dossier en 2018 sur le base "d'éléments nouveaux".

Ce deuxième procès a été enclenché sur une saisine des proches du défunt qui pointent l'implication directe de Hamidine dans l'assassinat. Auparavant, les plaignants avaient tenté par deux reprises la même démarche (en 2012 et 2013), se heurtant à chaque fois au classement du dossier pour ces motifs : la prescription, d'une part, et, d'autre part, l'existence d'une décision judiciaire définitive concernant les mêmes faits.

Des antécédents qui constituent le socle de la défense Hamidine. Dans sa sortie, le PJD fait ainsi valoir que "nul ne peut être poursuivi et jugé pénalement deux fois pour les mêmes faits" (Non bis in idem).  Le parti évoque une atteinte à "la sécurité judiciaire et à la stabilité des décisions judiciaires".

"Condamné pour des faits différents"

En somme, le PJD conclut à l'absence de faits nouveaux justifiant la réouverture de l'affaire. De son côté, la partie civile rétorque que les faits pour lesquels Hamidine a été condamné la première fois "n'ont aucun rapport" avec ceux examinés durant le deuxième procès. La première condamnation portait sur d'autres affrontements survenus le même jour à l'intérieur de l'enceinte universitaire. Les nouveaux éléments font ressortir l'implication de l'accusé dans une autre rixe survenue à l'extérieur, soulignent les plaignants.

"Les deux événements diffèrent de par leur qualification : pour les faits qui ont eu lieu dans l'enceinte de la faculté, on parlait d'affrontements. Quant à ceux qui se sont produits à l'extérieur, dans le quartier Sidi Brahim, il s'agissait d'une agression préméditée. Aït Ljid était dans un taxi, dont on l'a extirpé de force avant de le battre jusqu'à ce que mort s'ensuive",  explique-t-on du côté des plaignants qui plaident pour la qualification des faits en "assassinat".

Ce débat a rythmé les échanges durant le procès en première instance, qui a duré près de cinq ans et qui risque de donner le ton en phase d'appel. Le PJD annonce indirectement un recours en vue, puisqu'il espère "une correction de la décision" par la juridiction de second degré.

En attendant, l'accusé est aujourd'hui en situation de liberté. La chambre criminelle a prononcé une peine privative de liberté, mais ne l'a pas assortie d'un mandat de dépôt.

Meurtre d'Ait Ljid : Retour sur le cas Abdelali Hamidine

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