Violences sexuelles sur mineurs : ce qu’il faut savoir sur la nouvelle affaire de Tanger

Cinq ans d’emprisonnement pour attentat à la pudeur sur deux mineurs. Un père raconte les faits de violences subis par ses enfants, notamment par leur mère qui, elle, n’a écopé que de deux ans de prison pour “participation à l’attentat à la pudeur”. Le procès en appel est en cours.

Violences sexuelles sur mineurs : ce qu’il faut savoir sur la nouvelle affaire de Tanger

Le 10 mai 2023 à 20h48

Modifié 11 mai 2023 à 12h30

Cinq ans d’emprisonnement pour attentat à la pudeur sur deux mineurs. Un père raconte les faits de violences subis par ses enfants, notamment par leur mère qui, elle, n’a écopé que de deux ans de prison pour “participation à l’attentat à la pudeur”. Le procès en appel est en cours.

C'est une histoire glaçante, à peine croyable, que beaucoup de Marocains ont découvert le mardi 9 mai 2023 sur une chaîne YouTube.

Dans une vidéo diffusée sur la chaîne "obKarl Zéro Absolu", de l’animateur français Marc Tellenne, un Marocain se présentant sous le faux prénom d’Ayoub raconte une histoire dramatique de violences sexuelles dont ont été victimes, selon lui, ses deux enfants, âgés au moment des faits de 6 et 8 ans, à Tanger.

Intervenant dans la vidéo, un certain Farid DMS Debah, qui se présente comme le représentant de "Touche pas à mon enfant-Europe". Vérification faite auprès de l’association, il porte réellement ce titre.

Cet homme se présente tour à tour comme artiste, cinéaste, militant associatif ou président d’un mouvement citoyen... en Algérie, son pays d’origine. On le retrouve d’ailleurs dans différentes vidéos, s’exprimant sur la situation en Algérie, y compris dans les domaines de la politique, de la défense et des relations internationales. On le retrouve également sur la chaîne 2M, il y a cinq ans, se présentant comme un artiste et plaidant la protection de l’enfance.

Pourquoi est-il le représentant en Europe de cette ONG marocaine ? Que peut-il lui apporter ? Pourquoi lui et pas un autre ? Pour le moment, nous n’avons pas obtenu de réponse consistante.

Pourquoi est-ce lui qui révèle l’affaire sur une chaîne YouTube française ? Mystère. Sur sa propre chaîne YouTube, au moment où nous mettions en ligne, il n’avait que cinq vidéos, dont la plus performante n’a pas dépassé 105 vues. On ne peut donc arguer ni une audience, ni une influence.

Bref, voici donc, sur la chaîne du controversé Karl Zéro, ledit Farid qui explique l’affaire et en plante le décor. Il y présente un documentaire réalisé par ses soins, intitulé "Maroc : l’innocence sacrifiée". Bien que ce documentaire ne porte pas sur l’affaire qui concerne les enfants d’Ayoub, ce dernier est intervenu dans cette vidéo pour médiatiser davantage l’affaire de ses deux fils. En d’autres termes, l’enfant qui s’exprime au début de la vidéo avec des détails glauques et choquants n’est pas l’un des fils d’Ayoub.

Dans cette vidéo, l’affaire des deux fils d’Ayoub est donc soulevée : Karl Zéro s’entretient avec ce père, un témoignage choquant de faits gravissimes, relatifs à des violences sexuelles, pédocriminelles et incestueuses − par la mère − et à des pratiques que l’homme décrit comme "sataniques", impliquant des accusations d’adultère et de viols en réunion.

Les sévices subis par ces enfants ont duré plusieurs mois, selon leur père, et sont à l’initiative de leur propre mère. Le père a déposé plainte. Une première condamnation est intervenue en première instance et le procès se poursuit désormais en appel.

Médias24 a retrouvé les fils de cette histoire en s’entretenant avec des responsables de l’ONG "Touche pas à mon enfant" ainsi qu’avec le père. En voici l’essentiel. Nous y reviendrons par la suite plus en détail.

"Ayoub" raconte

Contacté par Médias24, ce père explique que plusieurs médias marocains ont relayé l’information il y a quelques années, notamment à son début, en 2020, sans susciter d’échos suffisants. Il déclare avoir été épaulé, au cours de ces années, par le Conseil national des droits humains (CNDH), l’Observatoire national des droits de l'enfant (ONDE) et l’association "Touche pas à mon enfant", dont le coordinateur national, joint par nos soins, explique les grandes lignes. Dernièrement, l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV), présidée par l’avocate Aicha Guellaa, leur a également apporté son soutien.

Le père, que nous appelons "Ayoub",  souhaite garder son anonymat pour protéger ses enfants. Il explique travailler à Nador, pendant que ses fils habitaient à Tanger avec leur mère, là où les faits se sont déroulés. Ces derniers le rejoignent pour les vacances d’été et finissent par lui raconter ce qu’ils ont vécu. Il tombe évidemment des nues.

Il indique n’avoir pris connaissance des violences sexuelles à leur égard qu’après avoir remarqué que le plus jeune de ses garçons, âgé de 6 ans, souffrait d’énurésie. Il décide alors de l’emmener chez un psychologue qui constate que l’enfant "présente un état d’agitation et d’angoisse et une fixation sur des scènes pornographiques mettant en scène sa mère, à répétition et dans l’environnement familial". Le praticien recommande "une prise en charge psychologique".

A ce stade, le père a déjà porté plainte contre la mère pour adultère, sur la base du témoignage de ses enfants. Dans cette plainte, datée du 24 août 2020, le père rapporte les propos de ses enfants qui décrivent des pratiques sexuelles entre leur mère et un autre homme, ainsi que plusieurs autres personnes, en réunion, à répétition et au sein de la maison familiale.

Le père explique avoir découvert par la suite que ses enfants ont également subi des violences sexuelles et assisté à des pratiques sataniques. Leurs témoignages, dans 472 enregistrements audios, ont été transmis à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ).

En parallèle, la mère demande le divorce par chiqaq, qu’elle finit par obtenir avec la garde de ses enfants. Mais ceux-ci sont à ce jour toujours avec leur père, puisqu’elle a été interpellée par la police judiciaire en janvier 2022.

"Elle a été arrêtée pour adultère et traite d’êtres humains. Mais le lendemain, le juge d’instruction a décidé de la poursuivre en état de liberté provisoire, dont elle bénéficie à ce jour malgré la condamnation à son encontre", affirme-t-il.

"Le procès en première instance a duré deux mois, compte tenu des nombreux reports. Seuls deux accusés ont été condamnés pour attentat à la pudeur et ont écopé de cinq ans chacun, ce qui n’est rien au regard des faits commis. Les poursuites ont été abandonnées contre deux autres suspects et la seule témoin de cette affaire, une voisine, est décédée en 2022 après avoir accouché", poursuit notre interlocuteur.

Le procès en appel a démarré en décembre 2022 et se poursuit encore. Mais le père n’est pas optimiste quant à l’issue de cette affaire. Selon lui, aucune expertise psychologique n’a été demandée pour s’assurer que les enfants disent la vérité. Il dénonce un laxisme de la part de la justice et décrit une situation psychologique désastreuse. "Ils vont à l’école mais font face à plusieurs problèmes ; ils font des crises régulièrement et n’arrivent pas à dormir seuls, en plus de l’énurésie dont souffre le petit dernier, désormais âgé de 8 ans."

Le déroulement de l’affaire, selon la version du père, n’a pas été de tout repos pour cette famille, surtout pour ces deux garçons. C’est ce que confirme le coordinateur national de "Touche pas à mon enfant", qui dénonce "les auditions à répétition et les audiences marathoniennes" subies par les deux garçons.

Médias24 couvrira cette affaire et reviendra sur ses détails.

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