Le ralentissement de l’inflation en mars ne suffira pas à rebooster la bourse

| Le 21/4/2023 à 15:11
L’annonce du ralentissement de l’inflation à 8,2% à fin mars est une bonne nouvelle. Il est cependant encore trop tôt pour que cela améliore la dynamique sur le marché actions. La tendance baissière doit se confirmer dans la durée. Voici ce que le marché va surveiller de près dans les prochains mois.

Le dernier chiffre de l’inflation à fin mars se situe à 8,2%. Un ralentissement par rapport à fin février, où un pic a été atteint à 10,1%. Le Maroc s’inscrit donc dans une tendance globale, comme cela est observé en Europe ou aux États-Unis, de décélération de l’indice des prix. La nouvelle a de quoi réjouir après près d’une année de croissance de l’inflation quasi constante. Et cette tendance pourrait très probablement se poursuivre dans les mois à venir, comme nous l’expliquait l’industriel et banquier Adil Douiri dans un précédent article.

Mais quel impact cette nouvelle aura-t-elle sur le marché actions ? Alors que le MASI a connu un premier trimestre morose avec un mois de janvier particulièrement marqué par la crainte et l’incertitude, cette nouvelle du recul de l’inflation est-elle à même de faire rebondir le marché ?

A terme, et sous certaines conditions, c’est très probable. En revanche, actuellement, il est encore trop tôt pour le savoir. En outre, d’autres facteurs sont observés par le marché pour permettre un éventuel rebond.

Il est prématuré de dire que cela impactera le marché actions positivement

L’annonce du HCP concernant le niveau d’inflation à fin mars est en tout état de cause "une bonne nouvelle", nous explique Bachir Tazi, directeur de CFG Capital Markets. "En février, le taux d’inflation était à 10%, ce n’est pas quelque chose que l’on voit chaque jour, notamment dans des économies aussi solides et stables que le Maroc. Désormais, la baisse amorcée ne peut être que rassurante", souligne-t-il.

Cependant, il est, selon notre interlocuteur, trop tôt pour dire qu’une telle nouvelle aura un impact direct et immédiat sur le marché actions et son dynamisme. Une tendance comme celle-là se devra d’être confirmée dans la durée. D’ailleurs, le jeudi 20 avril, la nouvelle n’a pas plus ému le marché que cela. Le MASI a clôturé sur une légère hausse de 0,15% à 10.482 points avec un volume global de 43 MDH.

"Une récession économique n’est confirmée qu’après deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Pour l’inflation, c’est sensiblement pareil. Nous avons besoin de plusieurs publications successives marquant une vraie décélération du taux pour confirmer une tendance", précise Bachir Tazi.

Qui plus est, cette baisse de l’inflation en mars était anticipée par le marché, notamment du fait d’un effet de base favorable. En effet, le mois de mars 2022 avait été le premier mois de hausse sensible de l’inflation après le déclenchement de la guerre en Ukraine. "Un consensus avait été établi sur le fait que le pic avait été atteint fin février. On estimait donc un retrait fin mars. Qui plus est, nous observons un effet de base favorable depuis mars, qui fait que nous assisterons à une baisse progressive durant les prochains mois", explique notre interlocuteur.

Désormais, au-delà du chiffre, ce sont les conséquences que va particulièrement scruter le marché, surtout le comportement de Bank Al-Maghrib (BAM) dans les prochains mois.

Le marché gardera un œil sur la courbe des taux et la réaction de BAM

Pour notre interlocuteur, il est clair que le marché regardera du côté de la Banque centrale pour voir quelle réaction aura cette dernière. "Le prochain conseil en juin 2023 sera scruté par le marché, en particulier sa décision quant à une poursuite éventuelle d’une politique monétaire restrictive. Si une décélération de l’inflation se confirme, elle pourrait décider de lever le pied sur cette tendance haussière du taux directeur", explique notre interlocuteur.

L’un des autres paramètres qui sera observé par le marché dans les semaines et mois à venir sera le comportement du Trésor et l’évolution des taux obligataires. "La capacité du Trésor à continuer à lever sur le marché domestique sans exercer de pression sur la courbe des taux sera observée de près également. Les dernières adjudications marquent un certain confort dans le financement du Trésor et les taux semblent se stabiliser pour le moment, mais il faut du temps pour confirmer la tendance", explique Bachir Tazi.

Il convient également de rappeler que les décisions prises par BAM dans sa politique de resserrement monétaire, ont et vont continuer d’impacter les sociétés cotées durant le reste de l’année, que ce soit sur les coûts du financement, la capacité d’investissement, etc. Elles impacteront probablement la croissance économique également à moyen terme. De fait, dans les prochains mois, "le marché conservera un œil sur les indicateurs de croissance économique ainsi que de demande intérieure. Puis, naturellement, il observera les publications des sociétés cotées. Les décisions de BAM ne se verront dans les résultats des sociétés de la cote qu’aux publications semestrielles, voire annuelles" explique le directeur de CFG Capital Markets.

Le marché regardera également les indicateurs et facteurs internationaux, comme les coûts des commodités énergétiques. L’inflation recule un peu partout dans le monde, particulièrement du fait de la baisse des coûts de l’énergie. Cependant, le climat géopolitique global demeure encore incertain et une veille est observée. "Les dernières décisions de l’OPEP+ de baisser sa production quotidienne d’un million de barils par jour fait que le Brent est passé de 72 à 85 dollars en deux jours. Ces éléments continueront d’être scrutés sur le moyen terme car ils peuvent avoir un impact sur l’évolution de l’inflation au Maroc", conclut notre interlocuteur.

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