Mondial 2022. Le Maroc a payé cash ses fautes d'inattention face à la France (analyse)

Défaits en demi-finale de la Coupe du monde 2022 par une équipe bâtie pour conserver son titre, les Lions de l’Atlas n’ont pas réussi à maintenir leur solidité autour de la défense à trois centraux, choisie en début de match par Walid Regragui.

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Mondial 2022. Le Maroc a payé cash ses fautes d'inattention face à la France (analyse)

Le 15 décembre 2022 à 18h38

Modifié 16 décembre 2022 à 7h53

Défaits en demi-finale de la Coupe du monde 2022 par une équipe bâtie pour conserver son titre, les Lions de l’Atlas n’ont pas réussi à maintenir leur solidité autour de la défense à trois centraux, choisie en début de match par Walid Regragui.

La bravoure et l’esprit de combativité qui ont animé l’équipe nationale dans ce Mondial 2022 n’ont pas suffi à franchir l’obstacle des champions du monde français en demi-finale, ce mercredi 14 décembre. En tenant tête aux hommes de Didier Deschamps, le Maroc a fait honneur à ses supporters, même si les regrets étaient nombreux au coup de sifflet final. 

Les raisons de la défaite (2-0) des protégés de Walid Regragui sont multiples et tiennent compte à la fois du pedigree de l’adversaire, mais aussi de l’état de forme de certains joueurs (Nayef Aguerd et Romain Saïss), obligeant le sélectionneur à innover dans le secteur défensif, à un moment crucial de la compétition.

L’ouverture de score précoce des Français a d’ailleurs mis à découvert le peu d’automatismes des Marocains dans une défense à cinq inédite en début de match, mais qui a été utilisée ponctuellement face à l’Espagne et au Portugal en fin de rencontre. 

On pourrait croire qu’en lançant un défenseur central supplémentaire, la défense marocaine allait être plus hermétique aux assauts adverses, et notamment à la vitesse de Kylian Mbappé et à l'activité d'Antoine Griezmann. Mais il n’en a rien été. Ce changement a eu l’effet contraire, puisqu’il a ébréché la sérénité défensive de l’équipe nationale.   

Peu à l’aise à cinq derrière 

Pour comprendre pourquoi le Maroc a concédé plus de buts en 90’ que lors de ses cinq précédentes rencontres, il faut se pencher sur la structure défensive mise en place face aux Bleus, et les hommes qui la composent. 

Afin d’aligner un Romain Saïss diminué, lui éviter de faire de longues courses et donc lui permettre de couvrir moins d’espace, Walid Regragui a opté pour une défense à trois défenseurs centraux : Achraf Dari (axe droit), Romain Saïss (axe central), Jawad El Yamiq (axe gauche). 

Toutefois, l'option d'aligner des centraux qui n’ont pas l’habitude de jouer dans ce système en 5-4-1, dont le capitaine Saïss qui ne pouvait visiblement pas accélérer, n’était pas l’idée du siècle. En témoigne le premier but inscrit par Théo Hernandez. 

Sur cette action, les Bleus ont attaqué la zone la plus fragile d’une défense à cinq. Celle qui se situe entre le piston, en l'occurrence Noussair Mazraoui, et le défenseur central axe gauche, Jawad El Yamiq. Plus communément appelé “half space” par les spécialistes. 

L'arrière-garde marocaine a commis l'erreur de ne pas réduire l'espace entre ses défenseurs.

L’incursion d’Antoine Griezmann a non seulement été possible grâce à son appel contre appel, mais aussi à la distance qui s’est formée entre Noussair Mazraoui, Jawad El Yamiq et surtout Romain Saïss. Dans l’incapacité de sprinter pour réduire cet espace, le capitaine n’a pas réussi à couvrir l’erreur de son coéquipier axe gauche, qui s’est fait piéger par le déplacement de Griezmann. 

D’ordinaire, le trio du milieu axial dans un système en 4-5-1 peut réussir à couper cette ligne de passe. Mais comme ils n’étaient plus que deux joueurs dans l’entrejeu devant la défense (Amrabat et Ounahi), aucun d'eux n’était assez près de l’action pour intercepter la transmission. 

Ce sont de petits détails. Des erreurs de placement qui ont offert l’opportunité de marquer aux Français. Au même titre que la faute d'inattention de Hakim Ziyech et d'Achraf Hakimi, qui n’ont pas vu Théo Hernandez (7’) dans leur dos, esseulé depuis le début de l’action. 

Par manque d'attention, Achraf Hakimi a été aspiré dans l'axe et Hakim Ziyech n'a pas suivi Théo Hernandez, esseulé au second poteau.

Idem sur le but du break. Bien que le passage à quatre derrière ait stabilisé l'arrière-garde marocaine, le manque de concentration a permis à Kolo Muani de se retrouver encore une fois seul au second poteau pour reprendre un tir contré de Kylian Mbappé (79’).

Au-delà du positionnement du bloc, ce sont les individualités défensives marocaines qui ont failli. Impeccable jusque-là, Jawad El Yamiq a réalisé une prestation en deçà de ce à quoi il nous avait habitués. Quant à Achraf Dari, il n'a pas réussi à hausser son niveau de jeu et a été pris de vitesse à plusieurs reprises par Mbappé. Alors que Noussair Mazraoui, blessé et remplacé à la mi-temps, était clairement en dedans.

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De fait, le bilan statistique des défenseurs marocains est aux antipodes de leurs performances affichées dans la compétition. La fatigue y est pour beaucoup. L’efficacité des Français également (3 tirs cadrés, 2 buts). Mais le peu de repères de l’équipe nationale dans ce système et le manque d’automatisme entre les joueurs alignés sont des arguments tout aussi plausibles. 

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Une possession stérile

La possession du ballon a été déterminante dans l’analyse du résultat de cette rencontre. Menés au score, les Marocains étaient dans l’obligation de faire le jeu. Les Français n’en demandaient pas tant. Surtout que l'équipe nationale n’a pas brillé sur attaque placée dans cette Coupe du monde.  

Le sélectionneur n’a pas caché son goût peu prononcé pour ces phases de jeu longues et stériles où une équipe fait tourner le ballon sans prise d’initiative. Mais tout miser sur l’animation défensive n'empêche pas de travailler des circuits de passes préférentiels en attaque. 

Or, cette fois, le Maroc n’a jamais eu autant le ballon en sa possession. Cependant, l'absence de liant entre les attaquants et de mouvements coordonnés face au bloc compact français n’a pas aidé l’équipe nationale à recoller au score.  

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Certes, après le but de Théo Hernandez, le Maroc a considérablement gêné l’équipe de France. A tel point que l’égalisation n’était pas très loin. “Mais nous avons manqué de justesse dans les 30 derniers mètres”, a déploré le sélectionneur national en conférence de presse. 

Il est vrai qu’en ratant 4 passes sur 10 dans cette zone du terrain, résultant sur 51 pertes de balles, les Lions de l'Atlas pouvaient difficilement prétendre à revenir dans le match. Mais l’espoir a été entretenu en seconde mi-temps par l’entrée énergique de Yahya Attiat Allah à place de Noussair Mazraoui. 

Dès l'entame du second acte, les Marocains ont joué beaucoup plus haut et gêné la relance adverse. Par ses appels tranchants en diagonale et son activité incessante sur le côté gauche, le latéral du Wydad de Casablanca a causé quelques frayeurs au camp français. 

Dès son entrée en jeu, Yahya Attiat Allah a multiplié les appels intérieurs dans le dos de Jules Koundé, le latéral droit français.

Les Bleus étaient également attaqués par vagues sur leur côté gauche, jusqu’au coaching décisif de Didier Deschamps qui a recentré Mbappé et demandé à Marcus Thuram d’aider Theo Hernandez et Fofana.

Un Ounahi omniprésent

Azzedine Ounahi y est pour beaucoup dans la mainmise marocaine sur le match en début de seconde mi-temps. L’Angevin a été de tous les bons coups. Il a rayonné au milieu de terrain par sa justesse et sa disponibilité. Il aurait pu égaliser quelques minutes après le premier but français. Mais son tir a été repoussé d’une manchette par Hugo Lloris (10').

Néanmoins, l’emprise et l’activité offensive du Maroc, qui se sont intensifiées en seconde mi-temps, n’ont pas été suivies d'occasions nettes pour égaliser. Les nombreux centres effectués n’ont pas trouvé preneur. La faute à une présence limitée dans la surface de réparation adverse lorsque les Français menaient d’un petit but. 

Irréprochable jusqu’à présent, Youssef En-Nesyri n’a pas réussi à se défaire du marquage de Raphaël Varane et d'Ibrahima Konaté qui l’ont parfaitement muselé. Pour preuve, il n’a touché que 4 ballons en 65’. Parmi les attaquants, seul Boufal a réussi à le trouver.

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