Le risque de pénurie des semences céréalières menace la prochaine campagne

En raison d’une baisse de rendement enregistrée lors de la précédente campagne céréalière, les semences communes risquent de manquer, à quelques semaines du début de l’ensemencement des céréales. Une hausse de leur prix est plus que probable.

Le risque de pénurie des semences céréalières menace la prochaine campagne

Le 1 octobre 2022 à 12h54

Modifié 3 octobre 2022 à 10h43

En raison d’une baisse de rendement enregistrée lors de la précédente campagne céréalière, les semences communes risquent de manquer, à quelques semaines du début de l’ensemencement des céréales. Une hausse de leur prix est plus que probable.

La sécheresse n’a pas seulement impacté la dernière campagne céréalière. La baisse de 67% en termes de production céréalière (34 millions de quintaux au total) risque également d’affecter la prochaine campagne.

L’ensemencement des céréales est prévu dans quelques semaines. À cet effet, “les agriculteurs auront besoin d’environ 7 millions de quintaux de semences céréalières, afin de répandre les graines sur les 4 millions d'hectares qui y sont généralement dédiés au Maroc”, indique à Médias24, Elyass Lakhdar, ingénieur agronome.

Comme à l’accoutumée, le ministre de l’Agriculture a mobilisé un peu plus d’un million de quintaux de semences sélectionnées des trois principales céréales (blé dur, blé tendre, orge). Elles seront distribuées par la Société nationale de commercialisation des semences (Sonacos).

Un écart de 6 millions de quintaux de semences céréalières doit donc être comblé. Pour ce faire, les agriculteurs s'approvisionnent généralement en semences communes, issues des précédentes récoltes céréalières.

Comment différencier les deux semences ?

La semence certifiée subit plusieurs générations de multiplications, “en respectant les précédents culturaux, l'isolement, la conduite de la culture, le conditionnement, le stockage et le transfert”, d’après l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).

Avant d'être traitée, la semence certifiée est achetée par la Sonacos chez les agriculteurs sous contrat, pour la somme de 465 DH/Qx (2021). Subventionnée, cette semence est ensuite vendu à 370 DH en moyenne, selon l’espèce (blé tendre, blé dur, orge) et la catégorie (G3, G4, R1…).

A contrario, les semences communes “ne subissent ni contrôle ni traitement particulier, ce qui peut avoir pour conséquence la prolifération de mauvaises herbes”, nous apprend Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome. “Cela dit, certains agriculteurs tamisent les semences communes et les traitent au fongicide contre certaines maladies”, précise-t-il.

Qu’elles soient traitées ou pas, les semences communes prennent souvent le relais des graines certifiées lors de l’ensemencement. Sauf que la récolte de l’année dernière pourrait changer la donne.

“La production céréalière a été tellement faible à cause de la sécheresse. Il y a très peu de chances que les semences communes répondent à l’ensemble de la demande”, s'inquiète Elyass Lakhdar.

Hausse du prix des semences communes 

Les experts pensent qu’il faut s'attendre à une augmentation des prix des semences communes. “Il est en effet fort probable que ces semences soient vendues au même prix que les semences certifiées, alors que d’habitude, elles sont 60% à 70% moins chères”, déplore Elyass Lakhdar.

Lors de la précédente campagne, le prix de référence des semences communes était compris entre 250 et 270 DH/Qx. Actuellement, il atteint les 400 DH/Qx. Certes, le prix officiel des semences certifiées n’a pas encore été fixé par la Sonacos mais, selon nos informations, il serait équivalent à celui des semences communes.

Cette situation obligera les agriculteurs à “se ruer vers les semences sélectionnées auprès de la Sonacos et des centres régionaux de distribution”, souligne Abdelmoumen Guennouni. Une fois le stock mobilisé épuisé, “les agriculteurs auront beaucoup de difficultés à s'approvisionner”.

Importer des semences, une solution préjudiciable 

L’une des solutions adoptées pour remédier à ce problème, accentué par les récentes sécheresses, c’est de se tourner vers l’étranger pour importer les semences anciennes.

Mais cette option n’est pas sans inconvénients. “Les semences importées ne sont pas appréciées par les agriculteurs”, souligne Abdelmoumen Guennouni. “Comme elles ont été produites dans un climat différent du nôtre, elles ont beaucoup de mal à s’acclimater au pays.”

Par ailleurs, en plus d'un catalogue de semences restreint, la Sonacos ne communique plus sur l’origine et la provenance des semences importées. “Depuis une trentaine d’années, la Sonacos n’indique plus l’origine parmi les informations figurant sur les étiquettes des semences sélectionnées qu’elle commercialise”, indique notre interlocuteur.

“Cette information permettait à l’agriculteur de choisir, parmi les semences proposées par le point de vente, à partir de la variété, du multiplicateur et du lieu de production”, conclut Abdelmoumen Guennouni.

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