Marché obligataire : affaiblissement de la demande et effet vendeur
D‘après le dernier point hebdomadaire réalisé par BMCE Capital Global Research (BKGR), le marché obligataire a connu une faible levée du Trésor sur le marché primaire et une baisse de la volumétrie sur le marché secondaire, au cours de la semaine écoulée.
« Durant cette semaine, le Trésor a effectué une seule levée d’un total de 1.600 MDH sur la seule ligne 26 semaines pour un taux limite de 1,7500%. Sur cette même maturité, la courbe des taux primaires ressort en léger affermissement de +3 pbs », indique BKGR.
De son côté, le marché secondaire a connu une diminution de la volumétrie globale qui s’est établie à 21,04 MMDH la semaine dernière (contre 22,8 MMDH une semaine auparavant). Cette volumétrie est polarisée à hauteur de 42% par les échanges sur les maturités court terme.
« Concernant la courbe secondaire, les plus fortes variations allant du 23 juin 2022 au 29 juin 2022 ont été enregistrées à la baisse sur la ligne 2 ans (-2,9 pbs à 1,97%) et à la hausse sur la ligne 26 semaines (+2,9 pbs à 1,74%) », précise BKGR.
Joint par LeBoursier, un gérant de fonds de la place nous livre son analyse de l’évolution récente du marché obligataire. « La situation du marché s’est compliquée. En juin, on a eu un double effet négatif. La vente s’est intensifiée et les acheteurs sont devenus très rares. En cette période, le marché connaît à la fois un affaiblissement de la demande et une multiplication de la vente. »
La multiplication de la vente est liée aux mouvements périodiques de rachat de fin de semestre, ainsi qu’au dynamisme que connaît le marché privé, d’après notre interlocuteur. « Le marché privé devient de plus en plus actif surtout du côté des bancaires. Nous avons eu récemment des émissions de la part de Crédit Agricole du Maroc, d’Attijariwafa Bank et de pas mal d’autres émetteurs. Cela a provoqué un effet vendeur sur la dette souveraine. »
Notre source tient à préciser que malgré la dynamisation du marché privé, certains émetteurs n’arrivent pas à lever l’argent facilement. «Même la dette privée a du mal à trouver preneur. Des émissions se sont contentées de 50% à 80% du montant initial. Il y a des émetteurs qui restent solides et qui ne trouvent pas de difficultés pour réaliser une émission, surtout les banques. Les investisseurs accordent en effet beaucoup d’importance au profit risque de l’émetteur ainsi qu’à la liquidité. »
Les OPCVM Obligations sont lésés face à ce mouvement de rachat. « D’ailleurs, les OPCVM ont reçu beaucoup de rachat sur la partie OMLT (obligations moyen et long terme, ndlr). Quand un OPCVM reçoit un rachat et sort pour solliciter le marché afin de vendre et liquider la position pour le client, il trouve que les cotations sont décalées par rapport à la courbe de valorisation de 40 à 60 pbs », nous indique notre gérant de fonds.
Cette situation réduit la liquidité du marché de la dette souveraine, d’après notre interlocuteur qui anticipe une poursuite de cette tendance.
« L’activité obligataire sera impactée par plusieurs paramètres macroéconomiques, notamment le maintien du déficit budgétaire à un niveau élevé, la hausse du coût de financement à l’international et la hausse de l’inflation. Ce dernier élément pourrait éventuellement pousser la Banque centrale à réorienter sa politique monétaire vers des hausses du taux d’intérêt ou à une restriction additionnelle de la politique monétaire. »
La courbe primaire devrait rester relativement stable à court terme
BKGR anticipe une stabilisation de la courbe primaire à court terme. « En dépit des légères hausses observées au niveau de la courbe primaire, cette dernière devrait garder une allure relativement stable dans le sillage de l’approche de l’encaissement des acomptes de l’impôt sur les sociétés à la fin de ce mois », expliquent les analystes.
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