AGR anticipe une hausse du taux directeur au cours des deux prochains trimestres

Siège de Bank Al-Maghrib à Rabat.
| Le 23/6/2022 à 16:03
Pour la société de recherche Attijari Global Research, Bank Al-Maghrib fait face au dilemme entre stabilité des prix et relance économique. Dans ce contexte d’inflation persistante et de mollesse économique, au moins une hausse du taux directeur est anticipée d’ici la fin de l’année. 

Suite à la décision de Bank Al-Maghrib (BAM), mardi 21 juin, de maintenir le taux directeur inchangé à 1,5%, la société de recherche Attijari Global Research (AGR) a publié une note mercredi 22 juin.

Elle souligne que cette décision intervient dans un contexte inflationniste marqué par une inflation qui avoisine les 6% à fin mai 2022, soit un plus haut niveau observé depuis 1995. Néanmoins, BAM a choisi de conserver le taux inchangé pour continuer à soutenir l’économie. "Celle-ci est pénalisée par des facteurs à la fois endogènes et exogènes. D’une part, l’envolée des prix alimentaires et énergétiques alimentée par les tensions géopolitiques en Europe. D’autre part, la faible campagne agricole au Maroc après un record de plus de 100 MQx en 2021", relève AGR. Les perspectives de croissance ont été revues de 0,7% à 1% en 2022, suite à une campagne céréalière attendue à 32 MQx et non à 25 MQx.

Au Maroc, l’inflation constatée est une inflation de l’offre et non de la demande. Elle provient de l’envolée des prix par les importations, via les composantes alimentaires et logistiques. "Ces dernières représentent près des deux tiers du panier du ménage", souligne la société de recherche. Mais désormais, AGR note que la Banque centrale fait face à un dilemme entre deux de ses missions : celle de veiller à la stabilité des prix et d’assurer la relance économique post-crise.

Au moins une hausse du taux directeur attendue cette année

AGR ressort avec deux messages principaux. Dans un premier temps, "Bank Al-Maghrib semble considérer le choc inflationniste actuel comme étant ‘conjoncturel’. Si l’indice des prix à la consommation devrait culminer à 5,3% en 2022, les projections en 2023 plaident pour une normalisation autour des 2%", indique AGR.

Dans un second temps, la tendance de relèvement des taux se généralise de plus en plus. La société de recherche note que "même les pays à ancrage monétaire fixe par rapport à l’euro ont entamé un resserrement monétaire, et ce, en anticipation du relèvement des taux de la BCE".

Le cadre actuel étant marqué par le maintien de l’inflation et la faible croissance économique, la société de recherche juge difficilement tenable le maintien d’une politique accommodante dans le temps. "Au-delà des considérations sociales, la question de la rémunération de l’épargne nationale devrait revenir au-devant de la scène avec des taux réels négatifs à compter du T2-22", souligne-t-elle. La société de recherche annonce réviser son scénario initial de stabilité des taux en 2022. "En effet, nous anticipons au moins une hausse du TD (taux directeur, ndlr) de Bank Al-Maghrib au cours des deux prochains trimestres", explique-t-elle.

Une pression haussière sur les taux obligataires est observée

AGR note que le taux de refinancement du Trésor s’est alourdi au T2-2022. "À l’origine, le recours intensif du Trésor au marché intérieur, et ce, en l’absence d’une nouvelle sortie à l’international", précise la société de recherche. Elle relève aussi un rehaussement de l’exigence des investisseurs en cette période inflationniste. Une hausse de 4,2% des crédits bancaires au secteur non financier est attendue cette année.

Concernant les taux du marché secondaire, au 14 juin, ils affichent une progression par rapport à 2021 ; particulièrement concernant la maturité à deux et cinq ans, où les taux sont passés respectivement de 1,74% à 1,98% et de 2% à 2,28%. Seule la maturité 30 ans offrait un rendement supérieur en 2021 à 3,32% contre 3,26% au 14 juin 2022.

AGR note également que les conditions de financement des banques par BAM devraient rester favorables, et ce, malgré la hausse attendue du déficit de liquidité en 2023 au-delà des 90 MMDH, du fait de l’augmentation de la circulation fiduciaire. "Nous relevons une appréciation des réserves de change atteignant de nouveaux records en 2022 à 343 MMDH, et ce, en marge de la sortie à l’international du Trésor prévue par la LF-22", conclut la société de recherche.

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